— Publié le 18 janvier 2017

Rencontre historique et entente cordiale

Institutions Focus

L’événement est qualifié d’historique. Rien de moins. Mardi 17 janvier 2017, deux présidents se sont serrés la main en échangeant un long sourire sans grelotter malgré le froid. A gauche, le Chinois Xi Jinping, chef de l’état le plus peuplé sur la planète. L’infiniment grand. A droite, Thomas Bach, patron d’une communauté d’une petite centaine de membres. L’infiniment petit. En fond de décor, le siège du CIO à Lausanne.

Historique, donc. Pour la première fois depuis la création de l’institution olympique, un président chinois découvre les installations du CIO sur les bords du lac de Lausanne. Xi Jinping effectue depuis dimanche une visite officielle en Suisse. Il a prononcé un discours au Forum économique mondial de Davos. Puis il est monté dans un train en direction de Lausanne. Selon un communiqué du CIO, il est arrivée à la gare de Lutry où était « également présent pour l’accueillir, le président du Conseil d’État vaudois, Pierre-Yves Maillard. »

Toujours selon le CIO, la première étape de la visite a surtout été gastronomique. Un dîner très officiel organisé mardi soir à Lausanne. « Signe de l’étroite coopération qui prévaut entre la Chine et le CIO, le menu était composé de plats chinois et européens », précise l’organisation olympique.

La suite s’annonce un rien moins festive. Xi Jinping doit se soumettre, ce mercredi 18 janvier, à la traditionnelle visite du Musée olympique, avec Thomas Bach en guide des lieux. Classique. Puis les deux hommes passeront aux choses sérieuses: une réunion de travail qui devrait, selon les médias chinois, être consacrée dans sa quasi-totalité au seul sujet susceptible d’intéresser vraiment le président chinois: les Jeux d’hiver de Pékin en 2022.

Sauf improbable scénario, elle sera paisible, cordiale et riche en perspectives. Certes, les Chinois ont décroché la timbale, lors de la session du CIO en 2015, sans avoir eu à affronter une trop forte concurrence. Ils étaient seuls en course face à Almaty, au Kazakhstan, une ville dont certains membres de l’organisation olympique ignoraient au début de la campagne qu’elle pouvait accueillir des compétitions de sports d’hiver. Mais, les Jeux acquis, les autorités chinoises entendent en profiter pour changer à jamais la culture sportive du pays.

Premier objectif: la masse. Les Chinois n’en ont jamais fait mystère, ils ont même martelé l’argument jusqu’à le rendre décisif: avec les Jeux d’hiver en 2022, le nombre de pratiquants des sports d’hiver pourrait atteindre 300 millions de personnes au moment de la quinzaine olympiques. Trois cents millions de Chinois lancés sur les pentes, les industriels du ski en tremblent déjà d’émotion et d’impatience.

La route reste longue, mais les chiffres se révèlent prometteurs. Pour la seule région de Zhangjiakou, dans la province d’Hebei, où se déroulera la majorité des épreuves de ski, le nombre de touristes enregistrés pendant la période hivernale est passé de 1,01 millions en 2012-13 à 1,78 millions en 2015-16.

Selon les estimations, la construction de la ligne de train à grande vitesse entre Pékin et Zhangjiakou, prévue pour l’année 2019, devrait donner un coup d’accélérateur à la pratique des sports d’hiver. Elle réduira le temps de trajet de 4 à 1 heure entre les deux villes olympiques.

Dans le même temps, les autorités chinoises ont lancé un vaste programme d’initiation du ski et du patinage au niveau scolaire. L’an passé, la première équipe professionnelle de hockey-sur-glace, la Kunlun Red Star de Pékin, a fait ses débuts en Ligue continentale de hockey, un championnat disputé en Eurasie.

Deuxième cible: les victoires. Malgré son statut de géant du sport mondial, la Chine n’a jamais brillé aux Jeux d’hiver. En dix participations, elle n’a pas remporté plus de 12 médailles d’or (contre 227 aux Jeux d’été). Ses objectifs restent encore secrets pour les JO de Pékin en 2022, mais le pays ne fait pas mystère de sa volonté de profiter de l’événement pour combler son retard.

Xi Jinping et Thomas Bach évoqueront tout cela, ce mercredi 18 janvier, au cours de leurs « discussions bilatérales » au siège du CIO à Lausanne. Le président chinois en profitera sans doute également pour rappeler au dirigeant allemand que le budget des Jeux de Pékin en 2022 ne devrait pas dépasser le montant annoncé de 3,07 milliards de dollars. Très raisonnable. Et très apprécié.