— Publié le 19 avril 2024

« Sur la sécurité, nous faisons confiance à l’expertise française »

ÉvénementsInstitutions Focus

Semaine riche en célébrations pour le mouvement olympique. Mardi 16 juillet, le CIO et le COJO Paris 2024 se sont retrouvés à Olympie pour l’allumage de la flamme. Le lendemain, l’équipe parisienne a compté 100 jours pile avant l’ouverture des Jeux. Ce vendredi 19 avril, l’Agence mondiale antidopage fête la 10ème édition de sa journée Franc Jeu. Une première décennie qui coïncide, parfait timing, avec le 25ème anniversaire de l’AMA.

Pour l’occasion, FrancsJeux a interrogé un acteur majeur de la lutte contre le dopage, Ryan Pini (photo ci-dessus, portant le drapeau). L’ancien athlète de Papouasie-Nouvelle-Guinée, quatre fois olympien, premier nageur de son pays finaliste olympique (100 m papillon aux Jeux de Pékin 2008), préside le Conseil des sportifs de l’AMA.

Ryan Pini est également le chef de mission de la délégation papouasienne aux Jeux de Paris 2024. Il apporte un éclairage parfois inattendu sur la préparation et les attentes d’un des petits pays du mouvement olympique au prochain rendez-vous olympique.

FrancsJeux : A quoi ressemblera la délégation de la Papouasie-Nouvelle-Guinée aux Jeux de Paris 2024 ?

Ryan Pini : Nous sommes encore en phase de qualification pour plusieurs sports, dont le rugby à 7. Dans le meilleur des cas, elle comptera un maximum de 46 athlètes. Mais en étant réaliste, je m’attends plutôt à une participation de 8 à 10 athlètes, comme lors des éditions précédentes, soit une délégation d’une vingtaine de personnes. Nous devrions être présents en haltérophilie, taekwondo, natation, athlétisme, breaking, boxe, et peut-être rugby à 7.

Comment une petite délégation comme le vôtre effectuera-t-elle sa préparation terminale ? Aurez-vous un camp de base avant de rejoindre le village des athlètes ?

Non. Les athlètes ne peuvent pas se libérer assez longtemps pour participer aux Jeux et se préparer à l’avance loin du pays. Même chose pour les entraîneurs et les officiels, tous bénévoles. Il leur est impossible de rester éloignés très longtemps de leur famille et de leurs obligations professionnelles. Les athlètes arriveront à Paris une semaine avant la cérémonie d’ouverture, ou avant leur épreuve, directement au village olympique. Nous serons une petite équipe, qui ne voyagera pas ensemble, mais selon le calendrier des épreuves. Mais mon expérience personnelle m’a convaincu qu’il était préférable de ne pas arriver trop tôt. J’ai toujours préféré, lorsque j’étais nageur, rester m’entrainer le plus longtemps possible dans mon lieu de préparation habituel.

Après Tokyo 2020 et le contexte pesant de la pandémie, qu’attendez-vous des Jeux de Paris 2024 ?

Les Jeux de Tokyo ont été une expérience difficile, surtout pour les nouveaux olympiens. Pour Paris 2024, l’enthousiasme est à son maximum. Les athlètes sont très impatients de découvrir Paris et cette partie tellement iconique du monde. Les plus jeunes, surtout, qui vivront leurs premiers Jeux. A titre personnel, je vais tenir pour la première fois le rôle de chef de mission. L’expérience sera vraiment très spéciale pour moi, car mon grand-père a été chef de mission de la Papouasie-Nouvelle-Guinée dans les années 70. Je vais tout faire pour créer le meilleur environnement possible pour nos athlètes. Avec les autres délégations d’Océanie, les Fidji, Vanuatu, les Salomon, nous formons une famille. Nous partageons nos idées, nos initiatives. Nous nous sommes retrouvés aux Fidji, il y a deux semaines, pour un atelier de travail en préparation des Jeux de Paris 2024.

Que pensez-vous la préparation des Jeux de Paris 2024, à moins de 100 jours de l’ouverture ?

Le comité d’organisation a eu pas mal de challenges à relever. C’est certain. J’ai pu m’en rendre compte l’an passé à l’occasion de la réunion des chefs de mission. Mais l’équipe a relevé le défi. Aujourd’hui, tout semble aller dans la bonne direction. Les sites sont prêts ou vont bientôt l’être. Le village des athlètes s’annonce extraordinaire.

La sécurité reste un sujet de préoccupation, notamment pour la cérémonie d’ouverture. Cela vous inquiète ?

Je ne dirais pas que nous ne sommes pas concernés. Mais je fais confiance à l’expertise française pour organiser des Jeux sûrs pour tout le monde, des Jeux qui reflètent les valeurs de l’olympisme, à commencer par l’universalité. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, nous avons nos propres problèmes avec la criminalité et l’insécurité. Nous ne sommes pas étrangers à ces questions. A Paris, nous suivrons les directives qui nous seront transmises par l’équipe d’organisation.

Que pensez-vous, comme chef de mission et ancien athlète, de la cérémonie d’ouverture organisée hors du stade, sur la Seine ?

J’ai participé à deux cérémonies d’ouverture comme athlète. Je n’ai jamais oublié le moment de l’entrée dans le stade, à l’annonce du nom de mon pays. L’émotion est incroyable. J’ai adoré. Cette fois, l’expérience sera très différente. Les athlètes ne vont pas réellement défiler. Je me demande comment seront annoncés les pays. Pour les athlètes, certains aspects de la cérémonie vont manquer, c’est certain. Mais l’expérience s’annonce unique. Nous verrons.

Une question pour le président du Conseil des sportifs de l’AMA que vous êtes : les Jeux de Paris 2024 seront-ils des Jeux propres ?

Je crois, oui. L’AMA, l’ITA et le CIO travaillent dur pour atteindre cet objectif. Les athlètes présents aux Jeux auront été testés en amont de l’événement, le passeport biologique fonctionne. Tout est fait aujourd’hui pour que les athlètes puissent évoluer dans un environnement propre et intègre.