La première échéance approche à grands pas. La seconde a basculé fin juillet dans sa dernière année de préparation. A moins de dix jours de la Coupe du Monde de rugby, et 330 jours de l’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, les entreprises françaises du secteur du sport ne masquent pas leur impatience. L’opportunité est historique.
En tête de cortège, un Groupement d’intérêt économique (GIE), France Sport Expertise. Créé en novembre 2019, il accompagne les entreprises françaises dans leurs efforts pour décrocher des marchés. En France, mais aussi au niveau planétaire. Son nouveau directeur général, Paul Guiraud, a répondu aux questions de FrancsJeux.
FrancsJeux : Avec la Coupe du Monde de rugby cette année, puis les Jeux olympiques et paralympiques en 2024, les entreprises de la filière française de l’économie du sport se voient-elles offrir une opportunité unique dans l’histoire ?
Paul Guiraud : Ces deux événements vont leur offrir une opportunité qui ne s’est encore jamais présentée. Ils vont constituer une vitrine du savoir-faire à la française. C’est une chance unique de démontrer notre expertise, dans le respect de nos valeurs de responsabilité sociale et de durabilité. La Coupe du Monde de rugby, comme les Jeux, ne concernent pas seulement Paris et sa région. Les deux événements rayonnent sur l’ensemble du territoire. Les entreprises du GIE France Sport expertise ont intégré ces défis. Leur force est de proposer une grande diversité en termes de taille et d’activité, puisqu’elles couvrent une large palette de secteurs, de la billetterie aux structures modulables, en passant par le digital, les pelouses synthétiques et l’organisation d’événements. Aux Jeux de Paris 2024, les organisateurs des grands événements sportifs internationaux – les GESI – de la prochaine décennie seront tous présents d’une façon ou d’une autre.
La Coupe du Monde de rugby peut-elle être comparée aux Jeux olympiques en termes d’opportunité pour des entreprises de la filière ?
Elle concerne un seul sport, mais elle aura une vraie résonance. Les expertises déployées sur le tournoi sont applicables à la plupart des grands événements sportifs internationaux. France 2023 va représenter une occasion exceptionnelle pour nos entreprises de rencontrer des décideurs étrangers, de potentiels partenaires. L’événement dure presque deux mois, il concerne neuf stades et des centaines de milliers de spectateurs.
Aux Jeux de Paris 2024, quelle sera la cible privilégiée des entreprises françaises ?
Le défi majeur est de présenter une vitrine réussie de nos savoir-faire, privés et publics. Le marché américain est l’une de nos cibles. Les Etats-Unis vont connaître, après la France et avant l’Australie, une série assez exceptionnelle d’événements sportifs internationaux, avec le Mondial de football en 2026, puis les Jeux de Los Angeles en 2028, et enfin la Coupe du Monde de rugby masculine en 2031 et féminine en 2033. Certes, les entreprises américaines sont nombreuses sur le marché et solidement implantées. Mais nous avons également des atouts pour renforcer notre position, au premier rang desquels l’expérience acquise à la Coupe du Monde de rugby et aux Jeux olympiques. Aux Jeux de Paris 2024, nous allons chercher à servir de pont entre les entreprises françaises et les potentiels clients américains. Notre ambition est d’être un interlocuteur pour les premières discussions. Paris 2024 sera une rampe de lancement sur le marché américain, où certaines de nos entreprises sont déjà présentes. L’objectif est de renforcer notre présence.
Comment profiter à fond d’un grand événement – Mondial de rugby ou Jeux olympiques – pour décrocher des marchés ?
La priorité est d’être visible. La concurrence est très forte sur le marché des GESI, y compris en Europe, où elle est notamment britannique et néerlandaise. Mais ces événements seront l’occasion de nombreuses visites de délégations étrangères, et donc de rencontres. Dans un deuxième temps, nous nous déplacerons avec nos entreprises pour rencontrer chez eux les acteurs étrangers. Les entreprises de la filière sport possèdent des compétences multiples – techniques, de responsabilité, de communication -, elles maîtrisent les enjeux du sport et peuvent proposer des offres enrichies. En rassemblant toutes ces expertises, notre réseau est une force.
Comment s’y prendre ?
La visibilité passe par le relationnel. Il est indispensable de bien connaître les acteurs du milieu. Les dirigeants, bien sûr, mais aussi les hommes de terrain, les opérationnels. Il faut également être identifié comme une organisation experte. En France, c’est déjà le cas. A l’international, cela demande plus de travail. Nous devons mettre en place une stratégie médiatique, pour être mieux connu, y compris des cercles d’affaires. Nous souhaitons aussi développer nos relations avec les fédérations internationales et aussi, bien sûr, avec le CIO.
Vous avez évoqué les Etats-Unis, mais avez-vous ciblé d’autres marchés à explorer ?
Nous sommes vigilants sur tout. Mais nous suivons de près, pour servir les intérêts de nos entreprises, l’Australie, l’Asie du Sud-Est, l’Afrique sub-saharienne et la péninsule arabique.
La France a annoncé récemment une candidature aux Jeux d’hiver en 2030. Un tel événement pourrait-il également profiter aux entreprises françaises de la filière sport ?
Bien sûr. Beaucoup d’expertises sont transposables aux Jeux d’hiver. Les entreprises françaises seraient parfaitement concernées par un tel événement. Il est toujours plus confortable de jouer à domicile. Peu importe où l’événement se passe, nous pouvons y aller. En Europe ou ailleurs. Mais rester proche de ses bases, en France ou dans le reste de l’Europe, permettrait aussi de réduire l’impact carbone. Dans le mouvement sportif international, cet objectif est devenu déterminant.
