— Publié le 24 mai 2017

A Lima, le mauvais film des Jeux Panaméricains 2019

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Les apparences sont trompeuses. A en croire le discours officiel, tout va bien à Lima, la capitale du Pérou, ville-hôte des Jeux Panaméricains en 2019. Carlos Neuhaus, le président du comité d’organisation, a juré une main sur le cœur la semaine dernière lors d’une interview à l’agence espagnole EFE que les retards dans la préparation des Jeux étaient désormais tout à fait raisonnables et qu’il n’existait aucune raison de s’inquiéter. « Environ 65% des sites sont terminés ou existent déjà », a-t-il confié sans faire mystère de sa confiance quant à la réussite de l’événement.

Hier encore, le comité d’organisation péruvien se montrait tout sourire à l’occasion de la présentation à la presse des quatre nouveaux ambassadeurs sportifs de la version handisport des Jeux Panaméricains, elle aussi prévue dans deux ans dans la capitale péruvienne. Pilar Jáuregui, María de Jesús Trujillo, Pedro Pablo de Vinatea et Efraín Sotacuro auront pour mission de porter la bonne parole de Lima 2019 dans leurs compétitions respectives. Cool.

Voilà pour la vitrine. A l’arrière, dans les couloirs, la réalité se révèle moins lisse. Selon nos informations, le film des Jeux Panaméricains 2019 se sert toujours de tous les ingrédients du scénario catastrophe. Les trois derniers épisodes ne s’en éloignent pas. Ils font craindre le pire.

Au plus haut sommet de l’Etat, la confusion persiste. Martin Vizcarra, le ministre des Transports et de la Communication, très impliqué dans la préparation des Jeux, a été contraint de démissionner de son poste. Une décision d’urgence motivée par la nécessité d’éviter un vote de censure du Parlement. Martin Vizcarra est également vice-président du Pérou, une fonction à laquelle il reste accroché malgré la tempête.

Autre épisode, plus directement lié à la préparation des Jeux Panaméricains 2019: la fédération péruvienne d’aviron vient de refuser le plan B proposé par le comité d’organisation des Jeux pour le site de compétition. Un nouveau bassin devait initialement être construit au Callao, une ville côtière toute proche de Lima. Une aubaine pour l’aviron péruvien, plutôt mal loti en installations de haut niveau. Seul ennui, mais de taille: le projet s’est révélé très coûteux. Surtout, sa construction n’a toujours pas débuté, un retard qui met sérieusement en péril son existence même dans le décor des Jeux Panaméricains.

Enfin, dernier en date des couacs d’une organisation bousculée par le gros temps depuis le premier jour: l’affaire Gustavo Salazar. Le nom de ce dirigeant péruvien de haut vol, membre honoraire du comité national olympique, et surtout vice-président de la Fédération internationale de badminton (BWF), a été cité à plusieurs reprises dans le scandale Odebrecht. Baptisé du nom d’un groupe brésilien de BTP, cet explosif dossier de corruption et de blanchiment d’argent secoue sur ses bases une grande partie de la classe politique sud-américaine, notamment au Brésil, en Argentine, au Mexique, au Panama et en Uruguay.

Gustavo Salazar, associé à l’organisation des Jeux Panaméricains à Lima par sa position dans le sport péruvien et par son influence à l’étranger, aurait quitté le pays pour se soustraire à une mise en détention provisoire. Il aurait trouvé refuge au Chili. Ses propriétés ont été perquisitionnées dans la journée du 17 mai 2017.

Sombre décor. Le CIO devrait en avoir un aperçu dès le mois de septembre prochain à l’occasion de sa session plénière, à Lima, où doit être attribuée l’organisation des Jeux de 2024, voire 2028. L’occasion d’en découvrir un peu plus sur la réalité de la préparation des Jeux Panaméricains 2019. A condition, toutefois, de vouloir soulever le tapis.