Candidatures

Pour les Jeux d’hiver 2030, la Suisse affiche un soutien de poids

— Publié le 24 juillet 2023

La bataille pour les Jeux d’hiver 2030 s’agite. Enfin. A moins de sept ans de l’événement, et une année de la décision présumée du CIO lors de la session des Jeux de Paris 2024, il était temps.

Après l’annonce surprise de l’entrée en scène d’un projet français porté par deux régions – Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côté d’Azur -, la Suisse accélère à son tour l’allure.

Depuis l’annonce de sa volonté de se joindre à la « phase de dialogue » avec le CIO, à la fin du mois de mars dernier, rien n’avait filtré de l’état d’avancement du dossier. A l’évidence, il avance. Selon les médias nationaux, il prend même une direction assez inédite.

Une lettre interne du comité national olympique (Swiss Olympic), consultée par le quotidien alémanique Tages Anzeiger, révèle que le projet 2030 bénéficierait d’un soutien de poids, peu fréquent pour une candidature olympique suisse : la conseillère fédérale et ministre des Sports, Viola Amherd.

Très discrète depuis l’annonce de la volonté suisse de se mêler à la bataille, la vice-présidente centriste de la Confédération aurait décidé non seulement de soutenir le projet, mais aussi de le faire savoir.

Son porte-parole, Renato Kalbermatten, l’a confirmé : « La conseillère fédérale Amherd a une attitude fondamentalement positive à l’égard des efforts visant à organiser des Jeux durables et de grande envergure adaptés à la Suisse. Elle est convaincue que les événements internationaux peuvent déclencher des changements durables dans la société et l’économie. »

Jusque-là, rien de très spectaculaire. Mais le soutien du sommet de l’Etat à une candidature olympique est chose rare en Suisse. Surtout, il apparaît comme un feu vert donné à Swiss Olympic pour continuer à travailler son dossier. L’instance planche actuellement sur une étude de faisabilité. Elle sera présentée au mois de septembre à son assemblée générale.

En coulisses, Swiss Olympic multiplie les échanges avec les principaux acteurs, dont les fédérations sportives concernées par les Jeux d’hiver.

Selon le Tages Anzeiger, leurs élus auraient pris la décision de former un front commun pour accompagner le projet. En tête de cortège, le président de Swiss Ski, l’ancien champion du monde de descente Urs Lehmann.

La lettre interne de Swiss Olympic le pointe du doigt : « L’implication des fédérations olympiques de sports d’hiver dès le début n’a jamais eu lieu auparavant. »

Autre nouveauté : le projet suisse ne serait plus porté par un canton. Il serait national et pourrait concerner l’ensemble du pays. Le dispositif pourrait réunir des sites aussi emblématiques que la station de Saint-Moritz, la piste de descente du Lauberhorn, la station de Crans-Montana.

Refrain plus connu : le dossier s’appuierait sur des équipements déjà existants. Il serait peu coûteux et durable.

Reste une case à remplir : un leader pour porter le projet. A ce stade, les noms cités sont plutôt issus de la sphère politique. Le quotidien suisse évoque notamment le conseiller aux États lucernois du Parti radical-démocratique (PRD), Damian Müller, président de l’Association des sports équestres, et l’ancienne conseillère d’Etat argovienne du Parti socialiste, Pascale Bruderer. L’un et l’autre sont parfois présentés comme des options crédibles pour succéder à Jürg Stahl, l’actuel président de Swiss Olympic.

Jouable ? A coup sûr. Après huit échecs souvent très douloureux dans la course aux Jeux d’hiver, au cours des quatre dernières décennies, la Suisse y croit encore. A l’image de la Suède et de la France, son projet n’était pas prévu. Mais, comme leurs deux rivaux européens, les Suisses ont compris que la « fenêtre de tir » n’avait sans doute jamais été aussi grande ouverte.