Candidatures

Pour les Jeux d’hiver 2030, la France démarre en trombe

— Publié le 20 juillet 2023

Pas de temps à perdre. Dernière à s’élancer dans une course au casting et au parcours encore très incertains, la candidature française pour les Jeux d’hiver 2030 semble déterminée à démarrer en trombe. Soyons clairs : elle n’a pas vraiment d’autre choix.

Au lendemain de l’annonce surprise du projet commun des régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur, les premières pièces du puzzle ont déjà été assemblées. L’urgence ne trompe personne : la France se dit qu’elle peut rafler la mise, sous réserve de se donner des allures de commando.

Mercredi 19 juillet, un déjeuner a réuni à l’Elysée, autour d’Emmanuel Macron, David Lappartient et Marie-Amélie Le Fur, respectivement président du comité national olympique (CNOSF) et du comité national paralympique (CPSF), Amélie Oudéa-Castéra, la ministre des Sports, les deux présidents des régions concernées, Laurent Wauquiez pour Auvergne-Rhône-Alpes et Renaud Muselier pour Provence-Alpes-Cote-d’Azur, et enfin le maire de Nice, Christian Estrosi.

A l’évidence, le déjeuner a débouché sur une envie commune de tenter le coup. David Lappartient l’a confié à l’Equipe : « Le président de la République a immédiatement confirmé à Thomas Bach l’accord de principe de l’État ». Cool.

Sans prendre le temps de laisser retomber le soufflet, David Lappartient s’est empressé d’envoyer au président du CIO un courrier très officiel confirmant et formalisant le projet français pour les Jeux d’hiver en 2030.

Dès la semaine prochaine, le président du CNOSF, par ailleurs membre du CIO et à la tête de l’Union cycliste internationale (UCI), réunira les présidents des fédérations françaises des sports d’hiver.

David Lappartient le répète : la candidature française n’a rien de symbolique. Elle est taillée et voulue pour la gagne.

Crédible ? Jean-Claude Killy le croit. Le triple champion olympique à Grenoble en 1968, co-organisateur avec Michel Barnier des Jeux d’Albertville 1992 et membre honoraire du CIO, l’a expliqué au quotidien Le Dauphiné : « A partir du moment où ce n’est pas une candidature politique et qu’on ne fait pas plaisir à ses amis, à partir du moment où on se choisit un chef et un seul, à partir du moment où on met le sport et l’environnement au cœur du projet dans un dispositif compact et intelligent, la France a des chances ! »

Mais Jean-Claude Killy insiste, le dossier devra être très solidement monté. « Il faut établir un package financier avec le contribuable, détaille-t-il. Il faudra aussi respecter quelques règles et points de passage avec le CIO. Pour les épreuves, on doit répartir la glace en ville et la neige en montagne. Quand je dis compact, je pense à des liaisons efficaces comme celles entre Milan et Cortina pour les Jeux de 2026. Je le répète, la France a des chances à partir du moment où on respecte quelques conditions. »

Le soutien populaire ? Il reste très aléatoire, surtout en période inflationniste. Mais la région Auvergne-Rhône-Alpes avait commandé un sondage d’opinion, l’an passé, alors qu’elle envisageait de se lancer seule dans la bataille. Il suggère une première tendance.

L’enquête avait notamment mesuré l’intérêt de la population pour les Jeux d’hiver, au sens large du terme, sans préciser une édition ni même suggérer une candidature de la région. Seulement 48 % des personnes interrogées s’étaient déclarées intéressées (30 %) ou très intéressées (18 %). Dans le camp opposé, 51 % des sondés avaient exprimé leur désintérêt pour l’événement.

A la même question, mais cette fois posée aux seuls habitants de la Haute-Savoie, la Savoie et l’Isère, soit les trois départements les plus concernés par les sports d’hiver, la consultation avait apporté une réponse très différente. Plus de la moitié des personnes interrogées – 60 % – avaient déclaré un intérêt pour les Jeux d’hiver (37 % intéressées, 23 % très intéressées).

A une année de la décision, annoncée par le CIO pour la session de Paris en juillet 2024, la France ne part certainement pas battue d’avance. Mais Jean-Claude Killy le résume bien : elle devra respecter certaines conditions.