Il fallait oser. Ils l’ont fait. Annoncée pour le mois dernier, la liste des nouveaux sports pour les Jeux de Los Angeles 2028 a été dévoilée lundi 9 octobre depuis la Californie, par un communiqué du comité d’organisation. Contre toute attente, elle privilégie le nombre. Les Américains jouent la carte de la masse, sans faire grand cas du quota de 10.500 athlètes prévu par la Charte olympique.
Après des mois de discussions et une négociation serrée avec le CIO, Los Angeles 2028 propose cinq sports. Quatre d’entre eux se jouent en équipe. La liste dévoilée lundi 9 octobre, puis confirmée dans la foulée par un communiqué de Lausanne, comprend le flag football, le cricket, le baseball/softball, le lacrosse et le squash. Cinq sports dont quatre collectifs, une audace que n’avait pas osée le COJO Paris 2024, nettement plus modeste avec ses quatre disciplines additionnelles (escalade, skateboard, surf et breaking).
Précision : à ce stade du processus, il s’agit seulement d’une proposition. Elle doit encore être validée par la commission exécutive, en fin de semaine à Mumbai, puis adoptée définitivement par la session du CIO, réunie du 15 au 17 octobre dans la même ville indienne. Sauf immense surprise, les deux étapes seront franchies sans mettre un pied à terre.
Soyons clairs : la liste surprend. Par le nombre, d’abord. Et plus encore par son contenu. Il semblait difficile, en effet, d’imaginer les Californiens obtenir du CIO le feu vert pour proposer cinq sports, dont quatre collectifs. Depuis l’instauration des disciplines additionnelles, un seul sport d’équipe, le baseball/softball, avait pu en bénéficier, aux Jeux de Tokyo 2020.
Avec un tel ajout d’athlètes, le CIO ne semble pas avoir d’autre choix que ressortir les sports additionnels du quota des 10.500 athlètes, comme pour les Jeux de Tokyo 2020. Pour Paris 2024, il avait été demandé au COJO de rester dans les clous et de faire entrer tout le monde, dont les sports additionnels, dans la limite précisée par la Charte olympique.
Autre surprise : l’absence du breaking. La discipline disparait avant même d’avoir fait ses débuts aux Jeux de Paris 2024. A l’image du karaté, présent à Tokyo 2020, elle n’a droit qu’à un seul tour de piste. Le CIO et Thomas Bach semblaient pourtant en faire un choix naturel pour rajeunir l’audience de l’événement olympique.
L’absence du breaking profite au squash. Régulièrement candidat, toujours recalé – la dernière fois pour les Jeux de Paris 2024 – il découvrira enfin l’ambiance et le décor des Jeux dans moins de cinq ans à Los Angeles. Sa patience et ses efforts pour améliorer la visibilité de son jeu, notamment à la télévision, ont enfin payé.
Explication de Casey Wasserman, le président de LA 2028 : « Ces sports sont pertinents, innovants et communautaires, joués dans des salles intérieures ou des cours d’écoles, des centres communautaires, des stades et des parcs dans tous les Etats-Unis et dans le monde entier. Ils amèneront de nouveaux athlètes aux Jeux, impliqueront de nouveaux spectateurs et élargiront la présence des Jeux dans l’univers numérique, amplifiant encore la mission de LA 2028 de fournir une expérience sans précédent. »
Kathy Carter, la directrice générale du comité d’organisation, l’explique sans langue de bois : LA 2028 a joué la carte de l’audace. « En élaborant le programme des sports olympiques, nous étions prêts à remettre en question le statu quo et à réfléchir différemment à ce qui était possible pour les Jeux à Los Angeles, a-t-elle détaillé au moment de l’annonce. Notre proposition est audacieuse mais équilibrée. »
Pour le flag football, annoncé parmi les favoris, la décision de LA 2028 boucle une longue et dynamique campagne de lobbying et de communication, menée conjointement par la Fédération internationale de football américain (IFAF) et par la puissante NFL. Le football américain n’a jamais été sport officiel aux Jeux olympiques. Tout juste a-t-il présent, pour une démonstration entre des équipes universitaires, aux Jeux de Los Angeles en 1932.
Le baseball et le softball sont plus habitués au décor olympique. Présents dans le programme entre Barcelone 1992 et Pékin 2008, ils en ont été retirés à partir de Londres 2012. Avant de retrouver leur place, mais comme sports additionnels et pour une seule édition, aux Jeux de Tokyo 2020.
Pour le cricket, longtemps présenté comme un simple outsider avant d’être propulsé au rang de favori, la décision des Américains pourrait surtout profiter au CIO. Présent une seule fois aux Jeux olympiques, à Paris en 1900, il est proposé par LA 2028 dans sa version la plus minimaliste, le Twenty20. A en croire les estimations, son arrivée aux Jeux devrait augmenter le montant des droits de télévision en Inde d’une bonne centaine de millions de dollars.
Enfin, le lacrosse semblait condamné à rester à la porte des Jeux par sa faible universalité. Mais les Californiens ont obtenu gain de cause. Sa fédération internationale (World Lacrosse) s’en est félicitée par un communiqué publié peu après l’annonce : « Le lacrosse est joué dans le monde entier, est accessible et équitable, avec une origine unique et une pertinence moderne et jeune. Nous sommes sur la voie de l’ascension et nous serons un excellent partenaire pour LA28 et le CIO. »