Plus le moindre doute : l’Arabie saoudite veut s’imposer sans tarder, idéalement tout de suite, comme l’un des acteurs majeurs du sport mondial. Un nouveau Qatar, avec une ambition comparable à son voisin du Golfe – le sport comme un outil de soft power -, et des moyens au moins équivalents.
Dernière illustration : la création d’une société d’investissement dédiée au sport. Son nom : SRJ Sports Investments. Sa naissance a été officialisée dimanche 6 août par un long communiqué, où sont détaillés ses objectifs et son terrain d’action.
Selon le discours officiel, SRJ Sports Investments vise à « accélérer la croissance du secteur sportif en Arabie saoudite et dans la région. » La pratique, donc, de la base jusqu’à l’élite, mais aussi les grands événements. La région en question, insiste le communiqué, ne se réduit pas au seul Golfe persique, elle s’étend jusqu’à l’Afrique du nord.
Toujours selon la version officielle, SRJ Sports Investments investira dans « l’acquisition et la création de nouveaux droits de propriété intellectuelle pour des événements, dans les droits commerciaux de compétitions populaires de premier plan et dans l’accueil de grands événements mondiaux en Arabie saoudite. » Tout y est. Difficile de faire plus vaste.
Sa création est destinée à « renforcer la position de l’Arabie saoudite en tant que l’une des principales destinations mondiales pour le sport et le divertissement. » Le message est clair : Riyad veut marcher dans les pas de Doha. Le géant saoudien a déjà commencé, notamment dans le football en faisant voler en éclats le dernier mercato, mais aussi dans la Formule 1 et le golf.
Avec sa nouvelle société, censée chapeauter et surtout financer sa stratégie sportive, l’Arabie saoudite avance un nouveau pion. Précision tout sauf anecdotique : SRJ Sports Investments est détenue par le Fonds d’investissement public (PIF), l’un des fonds souverains les plus riches au monde, dont la création remonte à 1971. Selon son rapport annuel, publié dimanche 6 août, ses actifs s’élevaient en 2022 à plus de 540 milliards d’euros.
Autre précision, elle aussi d’importance pour comprendre la puissance de feu de la nouvelle création sportive de Riyad : le PIF, et par extension SRJ Sports Investments, est contrôlé par Mohammed bin Salman Al Saud, devenu prince héritier du royaume en 2017, dirigeant de facto du pays. En 2018, il a été classé au huitième rang des personnalités les plus puissantes au monde par le magazine Forbes.
Le communiqué l’explique : « SRJ Sports Investments viendra compléter d’autres investissements du PIF dans le secteur du sport », l’une des priorités saoudiennes dans le cadre de la stratégie de développement « Vision 2030″.
Avec son nouveau bras armé, l’Arabie saoudite peut viser grand. Surtout, elle peut voir à long terme. Jusqu’à maintenant, le royaume a fait ses emplettes sur le marché asiatique. Il a décroché l’organisation des Jeux asiatiques d’été en 2034, un événement encore jamais organisé à Ryiad ou dans le reste du pays. Il a également décroché – provoquant la polémique et les commentaires souvent mal informés du monde occidental – la version hivernale des Jeux asiatiques. Elle se tiendra en 2029 à Trojena, au coeur du projet futuriste NEOM.
Pas mal. Mais l’Arabie saoudite ne s’arrêtera pas à ces premiers succès. Le royaume en veut plus. Son nom avait été cité dans le cadre d’une possible candidature à trois têtes, avec l’Egypte et la Grèce, pour le Mondial de football en 2030. Le projet a été abandonné. L’Arabie saoudite se concentrerait désormais sur l’édition 2034.
Les Jeux olympiques ? Ils sont également dans le viseur de Riyad. Au plus tôt en 2036, plus probablement quatre ou huit ans plus tard. Le pays ne manque ni de patience ni de moyens.