— Publié le 7 août 2023

« Paris 2024 fera la fierté du mouvement olympique »

Tribune Focus

L’événement s’annonce comme une étape décisive dans l’histoire olympique : les Jeux de Paris 2024 seront les premiers où la parité hommes-femmes sera respectée tant au niveau de la participation que des médailles distribuées. La Marocaine Nawal El Moutawakel, membre de la commission exécutive du CIO première femme arabe et africaine à avoir remporté une médaille d’or olympique, sur 400 m haies à Los Angeles en 1984, l’explique dans cette tribune pour FrancsJeux : le chemin a été long. Mais il n’est pas terminé.

 

« Les Jeux Olympiques d’été de 1984 à Los Angeles ont marqué un tournant dans ma vie, puisque c’est à cette occasion que je suis devenue la première femme arabe et africaine championne olympique. Cette victoire a été une source de fierté non seulement pour moi, mais aussi pour de nombreuses jeunes filles et femmes à travers le monde, qui se sont senties galvanisées et motivées par ce succès.

Pourtant, c’est avec fébrilité que j’ai abordé cette course car la veille au soir, tous les regards étaient braqués sur moi. J’étais la seule athlète féminine de toute la délégation marocaine et j’étais en finale du 400 m haies… Une épreuve qui faisait son entrée au programme olympique chez les femmes lors de cette même édition des Jeux.

Quarante ans plus tard, c’est en tant que membre du Comité International Olympique (CIO) que j’assisterai aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Pour la première fois de l’histoire, je serai le témoin privilégié de la parité qui sera de mise à ces Jeux, lesquels accueilleront très exactement le même nombre de concurrents et de concurrentes.

Qu’il fut long le chemin que nous avons dû parcourir ! En 1924, seuls 5 % des athlètes en lice étaient des femmes. À Los Angeles, nous représentions 23 % des athlètes en compétition. Cela étant, grâce à l’engagement grandissant du CIO, ces chiffres n’ont cessé d’augmenter pour parvenir à près de 49 % de femmes sur les quelque 11 000 athlètes présents aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020. À Paris, nous atteindrons la parité tant désirée : 50 % de femmes et 50 % d’hommes.

Qui plus est, en modifiant ses règles, le CIO a placé l’égalité des genres sous les feux des projecteurs lors de la cérémonie d’ouverture, non seulement en autorisant, mais aussi en encourageant vivement chaque délégation à avoir deux porte-drapeaux défilant côte à côte – une femme et un homme.

Les Jeux Olympiques font partie de ces rares occasions où les athlètes féminines peuvent faire la une de l’actualité au même titre que leurs homologues masculins. Nous savons qu’à chaque édition des Jeux Olympiques, il y a des heures de diffusion privilégiées. Aussi avons-nous adapté le calendrier sportif afin qu’un nombre égal d’épreuves féminines et masculines (avec remise de médailles) et d’heures de compétition aient lieu pendant ces créneaux horaires.

Paris fera la fierté du Mouvement olympique – Paris sera l’aboutissement du travail acharné fourni par le CIO, les Fédérations Internationales de sport, les Comités Nationaux Olympiques, les organisateurs et, bien évidemment, les athlètes. Ces Jeux représenteront l’apogée de notre engagement stratégique en faveur de l’égalité des genres. Mais la ligne d’arrivée est encore loin.

Forts de cette avancée extraordinaire, nous encourageons maintenant nos parties prenantes à s’intéresser à ce qu’il se passe en dehors de l’aire de compétition, où la situation des entraîneurs nécessite bien plus d’attention. Au cours des dix dernières années, seuls 10 % des entraîneurs aux Jeux Olympiques étaient des femmes. Et ce chiffre n’a pratiquement pas augmenté.

Or les entraîneurs sont des décideurs en vue et influents. Il faut que les femmes et les jeunes filles voient des entraîneures afin de comprendre qu’elles aussi peuvent occuper des postes à responsabilités. Nous avons besoin de femmes entraîneures pour les mêmes raisons que les entreprises ont besoin de femmes au plus haut niveau décisionnel. C’est sur le terrain que nous devons nous attaquer à ce défi. Cela prendra du temps car les entraîneurs doivent généralement officier entre 10 et 12 ans à l’échelon national avant de passer au niveau olympique. Il faut plus de temps pour devenir entraîneur qu’athlète d’élite.

Bien que le CIO ne soit pas directement impliqué dans le choix des entraîneurs aux Jeux Olympiques, il s’est engagé à relever ce défi et à aider ses parties prenantes à offrir à davantage de femmes la possibilité d’accéder au plus haut niveau de l’encadrement sportif. Le programme WISH (Women in Sport High-Performance Pathway) est un élément clé de la réponse apportée par le Mouvement olympique ; grâce à ce programme qui ne cesse de prendre de l’ampleur, plus de 100 femmes, originaires de plus de 50 pays et représentant 17 sports, ont été formées à la fonction d’entraîneur de haut niveau.

Certes, de nombreux autres défis nous attendent. Comme pour les athlètes dont nous défendons les intérêts, le succès n’est pas toujours immédiat. Cela exige du temps, des efforts, du courage et de la ténacité. Nous devons maintenant nous assurer que ces avancées en faveur de la parité aux Jeux de Paris 2024 se traduisent par un changement durable. »