— Publié le 30 juin 2023

France 2023, Paris 2024, l’héritage en commun

Événements Focus

Les planètes s’alignent. France 2023 et Paris 2024 en sont encore à regarder vers l’avant en comptant les jours. J – 71 pour la Coupe du Monde de rugby, J – 392 pour les Jeux olympiques et paralympiques. La feuille de route, et les échéances, des deux comités d’organisation révèlent peu de points communs. Mais en cette fin de semaine, les deux événements se saisissent d’un même sujet : l’héritage. Signe des temps, il est conjugué au présent.

L’occasion : l’assemblée générale annuelle de Territoires d’événements sportifs (TES), l’association des villes-hôtes de la Coupe du Monde de rugby 2023 en France et des Jeux de Paris 2024. Elle a débuté jeudi 29 juin à Nice. Elle se poursuit ce vendredi, dans la même ville, impliquée comme une poignée d’autres par les deux rendez-vous planétaires.

L’héritage, donc. Un fil rouge de la réunion, l’une des priorités de la « nouvelle norme » des grands événements sportifs, pour reprendre une expression utilisée par le CIO depuis les Jeux de Rio 2016. Hier encore, il venait après, une fois le rideau tombé. Aujourd’hui, il se construit avant même le match ou la cérémonie d’ouverture.

Paris 2024, d’abord. A l’initiative de TES, un atelier de travail a été organisé jeudi 29 juin à l’Allianz Arena de Nice. Autour de la table, les représentants des villes-hôtes des Jeux, du CIO, du CNOSF et de Paris 2024. Au menu des échanges, l’héritage des marques olympiques. Autrement formulé, la façon dont les villes concernées directement par les compétitions olympiques et paralympiques pourront faire vivre la mémoire de l’événement dans les années et les décennies à venir.

Antoine Chinès, le délégué général de TES, l’explique : « La palette est très large, puisqu’elle comprend les anneaux, les agitos paralympiques, les plaques commémoratives, les symboles, mais aussi les noms de lieu au service d’un narratif. L’héritage peut être matériel ou immatériel. Il peut s’agir d’une exposition, du balisage d’un parcours ayant servi à une compétition, d’une oeuvre d’art, mais aussi d’un nom. » La ville de Châteauroux, où se dérouleront les épreuves de tir, pourrait par exemple renommer son complexe national d’entraînement et de compétition pour lui accoler le qualificatif d’olympique.

« Toutes villes sont intéressées, en priorité Paris et les communes concernées de la Seine-Saint-Denis, poursuit Antoine Chinès. Les possibilités de conserver en mémoire la présence de l’événement sont nombreuses, mais elles sont réglementées. Il est, par exemple, strictement interdit d’accoler à cet héritage une dimension commerciale ou publicitaire. La demande doit avoir du sens, à la fois pour la collectivité et pour le CIO, décisionnaire et propriétaire de ses marques. »

En clair, les villes proposent, le CIO et l’IPC disposent. Il reviendra à TES la tâche de rédiger un formulaire type à destination des villes-hôtes, au cours du second semestre de l’année, puis de mettre en place une plateforme où seront rassemblées les propositions. Le département héritage du CIO étudiera ensuite les dossiers au cas par cas, avant de donner sa réponse.

France 2023, maintenant. La Coupe du Monde approche à grands pas. Pour les dix villes-hôtes du tournoi, l’héritage est déjà concret. Il est même intégré au budget.

En vertu d’un accord conclu avec le comité d’organisation, 30 % des bénéfices attendus de la compétition iront aux collectivités, dont la moitié aux villes ayant accueilli des rencontres, toutes membres de TES (le reste – 70 % – sera versé à la famille du rugby). Selon les estimations, un pactole allant jusqu’à 7 millions d’euros pourrait revenir aux villes-hôtes, soit 700.000 euros pour chacune d’entre elles.

Nouveauté : une partie de l’argent peut être versé en avance. L’héritage avant l’heure, en somme. Huit des dix villes-hôtes du Mondial 2023 vont dès maintenant recevoir une partie de leur part des bénéfices attendus, soit un premier versement de 224.000 euros.

L’argent doit être utilisé pour le financement de projets de rénovation de terrains et d’équipements de rugby. Pour l’essentiel, les travaux ont commencé. Objectif : une inauguration à la rentrée, en septembre ou octobre, pendant la Coupe du Monde 2023. L’héritage au coeur de l’action, en pleine actualité.

Moins directement concernées, et surtout moins visibles, les villes accueillant le camp de base d’une équipe ou un site d’entraînement ne sont pas oubliées. A l’initiative de TES, une enveloppe d’un million d’euros leur a été allouée pour mettre leurs équipements – terrains, salle et matériel de musculation – aux normes de l’événement et répondre aux attentes des équipements. Là aussi, une forme d’héritage pour la pratique amateure.