— Publié le 23 mai 2019

La boxe reste aux Jeux olympiques, l’AIBA en sort

Institutions Focus

Le CIO a tranché. Il n’a pas fait de détails. Pour la première fois de l’histoire, une fédération internationale verra l’organisation de son propre sport lui échapper aux Jeux olympiques.

Réunie mercredi 22 mai à Lausanne, la commission exécutive du CIO a pris la double décision attendue depuis plusieurs mois : elle a maintenu la présence de la boxe aux Jeux de Tokyo 2020, mais tout en suspendant la reconnaissance de sa fédération internationale, l’AIBA.

Les boxeurs verront donc les prochains Jeux. Logique et prévisible. Le quota des athlètes est maintenu à 286 places pour l’ensemble des deux tournois, masculin et féminin. Le nombre de catégories (huit chez les hommes, cinq pour les femmes) ne change pas.

En revanche, l’AIBA peut tirer un trait sur les Jeux de Tokyo. Elle n’en sera pas. La commission exécutive du CIO s’est rangée, mercredi 22 mai, à la recommandation de sa commission d’enquête, dirigée par le Serbe Nenad Lalovic, le président de la Fédération internationale de lutte. Elle a suspendu sa reconnaissance. L’AIBA ne fait donc plus officiellement partie du mouvement olympique.

Pour Nenad Lalovic, l’AIBA n’a tout simplement pas réglé ses nombreux problèmes, liés notamment à la gouvernance, l’éthique, l’arbitrage et les finances. Le Serbe a souligné, dans son rapport, que les banques suisses avaient fermé les comptes de l’AIBA. Il a également pointé le faux retrait du sulfureux Gafur Rakhimov, officiellement démissionnaire de son poste de président (et remplacé pour un intérim par le Marocain Mohamed Moustahsane), mais toujours mentionné comme président « inactif » sur le site Internet de l’AIBA.

Sur le fond, la décision du CIO apparaît logique. Depuis l’éviction de CK Wu, son ex président, l’AIBA avance en terrain miné. L’épisode Gafur Rakhimov a précipité sa chute. Mais la manière pose question. Pourquoi avoir demandé à l’AIBA de répondre à un interminable questionnaire sur ses réformes et ses engagements ? Pourquoi, surtout, avoir attendu l’avant-veille de la réunion décisive de la commission exécutive du CIO pour entendre ses représentants ?

A l’évidence, son sort était scellé depuis longtemps. Avec sa commission d’enquête, le CIO a seulement entretenu une illusion de suspense.

Exit l’AIBA, donc. Sa situation sera réexaminée après les Jeux de Tokyo 2020. Comment passera-t-elle les prochains mois ? Au bord de la faillite, l’organisation internationale pourrait voir sa dette atteindre la somme de 29 millions de dollars à l’échéance 2021. Sa suspension du mouvement olympique ne fera qu’empirer les choses, en la privant des subventions versées par le CIO au titre de la redistribution des recettes de marketing et des droits de télévision.

Reste l’essentiel, la présence de la boxe aux Jeux de Tokyo. Un groupe de travail sera très rapidement constitué pour superviser la préparation et l’organisation des tournois olympiques. Il sera présidé par le Japonais Morinari Watanabe, le président de la Fédération internationale de gymnastique. Selon Thomas Bach, il a été choisi par la commission exécutive pour sa connaissance « des questions d’arbitrage et de notation », mais aussi pour ses bonnes relations avec l’équipe de Tokyo 2020.

Sa tâche s’annonce lourde et complexe. Morinari Watanabe devra élaborer le système de qualification, avec des épreuves de sélection entre janvier et mai 2020, mais aussi définir les catégories de poids, établir les quotas, puis préparer les tournois olympiques. Le Japonais n’aura pas le loisir de prendre le temps de la réflexion. Thomas Bach lui a demandé de se pointer à la prochaine session du CIO, à la fin du mois de juin, avec un dossier déjà bien fourni en idées et en propositions.