— Publié le 4 décembre 2017

La Russie aux Jeux d’hiver 2018, faits et conséquences

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Jour J – 1 à Lausanne. La commission exécutive du CIO doit décider mardi 5 décembre, à 66 jours de l’ouverture des Jeux de PyeongChang 2018, si elle autorise la Russie à participer à l’événement. Une décision présentée comme l’une des plus difficiles à prendre dans l’histoire récente du mouvement olympique. Dans tous les cas, elle ne fera aucun vainqueur.

Le contexte

Unique. Le CIO réunit à Lausanne sa commission exécutive à Lausanne au moment ou deux acteurs majeurs du mouvement ont déjà tranché la question russe. Jeudi 16 novembre, l’AMA a refusé à l’unanimité de lever la suspension de l’agence russe antidopage (Rusada), jugeant les progrès du pays dans la lutte antidopage encore insuffisants. Dimanche 26 novembre, l’IAAF a posé ses pas dans les mêmes empreintes, prolongeant pour une durée encore indéterminée la suspension de l’athlétisme russe.

Dans le même temps, la commission Oswald du CIO, chargée de creuser les révélations du rapport McLaren, taille à coups de serpe dans le bilan de la Russie aux Jeux de Sotchi 2014. Au dernier pointage, elle en est à 25 athlètes russes disqualifiés à posteriori des derniers Jeux d’hiver. Classée en tête au nombre de places sur le podium, la Russie a perdu 11 de ses 33 médailles. Elle a déjà chuté au 4ème rang du tableau des médailles des Jeux de Sotchi 2014.

Les options

Elles semblent réduites. Le CIO peut exclure la Russie dans sa totalité des Jeux de PyeongChang 2018, sans tolérer la moindre exception, au risque de laisser sur le bas-côté ses athlètes propres. Un scénario peu probable.

Il peut suivre l’exemple de l’IAAF en interdisant à la délégation russe de participer aux Jeux, mais en autorisant certains de ses athlètes à prendre part aux épreuves sous couvert de neutralité. Possible mais complexe, à seulement 66 jours de l’ouverture. Il faudrait en effet au CIO définir à la va-vite des critères de participation, puis étudier au cas par cas la situation individuelle des candidats à une sélection.

Enfin, la commission exécutive du CIO peut décider de laisser la Russie prendre part aux JO de PyeongChang 2018 en tant que nation, avec son drapeau et ses couleurs, mais en imposant à ses représentants un régime particulier en termes de contrôles et de suivi antidopages. L’option la plus crédible.

Les réactions

Dans tous les cas, elles seront négatives. Vladimir Poutine, le président russe, a déjà prévenu: une exclusion en bloc de la Russie ou une participation de certains de ses athlètes sous couvert de neutralité seraient considérées à Moscou comme des « humiliations ». Présent en fin de semaine passée au tirage au sort du Mondial de football 2018, l’ex ministre russe des Sports, Vitaly Mutko, a comparé les accusations actuelles contre son pays à une volonté du reste du monde de présenter la Russie comme un « axe du mal ».

A l’inverse, le CIO s’exposerait aux plus vives critiques de certaines des nations majeures de l’olympisme, dont les Etats-Unis, le Canada et l’Allemagne, en laissant la porte des Jeux grande ouverte pour les athlètes russes. Il n’exclurait pas le risque de voir certains athlètes étrangers manifester leur dégoût pendant les épreuves olympiques, notamment en cas de présence de Russes sur le podium.

Les faits

Une délégation russe a fait le voyage vers Lausanne. Elle est menée par Alexander Zhukov, membre du CIO et président du comité olympique russe. Dans ses rangs, la jeune patineuse artistique Yevgenia Medvedeva (photo ci-dessus), 18 ans, invaincue depuis 2 ans, grandissime favorite pour le titre olympique en février prochain à PyeongChang.

Selon l’agence Tass, la jeune femme prendra la parole devant les membres de la commission exécutive, mardi 5 décembre, au moment où la délégation russe sera autorisée à défendre sa cause. Un choix judicieux. Yevgenia Medvedeva était seulement âgée de 14 ans au moment des Jeux de Sotchi 2014. Son nom n’apparaît pas dans le rapport McLaren. Elle expliquera aux membres du CIO qu’une exclusion de son pays la priverait très injustement de son rêve olympique.

Les conséquences sportives

Soyons clairs: une absence de la Russie fausserait les Jeux de PyeongChang dans plusieurs disciplines. Citons, en vrac, le patinage artistique, le ski de fond, le hockey-sur-glace, voire le biathlon, le bobsleigh et le short-traack, où l’ancien Sud-Coréen Viktor Ahn, passé sous pavillon russe, est annoncé comme l’attraction des épreuves dans son pays d’origine.

Selon les prévisions de Gracenote, la Russie pourrait remporter 21 médailles aux Jeux de PyeongChang 2018, dont 6 en or. Elle se classerait dans le top 10 au bilan des médailles.