Candidatures

Donald Trump, un effet en trompe-l’œil pour LA 2024

— Publié le 10 novembre 2016

Existera-t-il un effet Donald Trump sur la course aux Jeux de 2024? La victoire du candidat républicain, mercredi 9 novembre, aura-t-elle un impact sur les chances de Los Angeles face à Budapest et Paris? Ces deux questions agitaient déjà le petit monde du mouvement olympique avant le scrutin américain. Depuis l’annonce du résultat, les médias du monde entier se sont emparés du sujet, parfois avant même les premiers mots du nouveau président des Etats-Unis.

Pour beaucoup, un Donald Trump à la tête du pays constitue une « mauvaise nouvelle », même un « coup dur », voire une « catastrophe » pour la candidature de Los Angeles aux Jeux de 2024. Une prédiction à coup sûr excessive. Un raisonnement sans doute trop rapide et certainement simpliste.

Quelques heures après l’officialisation des résultats du scrutin, le comité de candidature californien a publié un communiqué. Un texte court, sobre, mais non dénué d’intérêt. L’équipe de LA 2024 « félicite le président élu Donald J. Trump et apprécie son soutien de longue date au mouvement olympique aux Etats-Unis ». Elle insiste sur sa conviction que « les Jeux olympiques et LA24 transcendent les questions politiques et peuvent aider à unifier nos différentes communautés et notre monde. » L’équipe californienne rappelle également, dans son communiqué, avoir atteint un taux de soutien de la population de 88% dans les derniers sondages, et en même temps obtenu un soutien politique fort dans les deux partis, au niveau local comme à ceux de l’état de Californie ou des autorités fédérales. Enfin, Los Angeles 2024 annonce « attendre avec impatience de travailler avec Donald J. Trump et son administration » pour organiser des « Jeux nouveaux pour une nouvelle ère ».

Depuis Lausanne, Thomas Bach a lui aussi pris sa plume pour féliciter le nouveau président de Etats-Unis. Là aussi, un texte sobre et rapide. « Je lui souhaite le meilleur pour son mandat, pour les citoyens des Etats-Unis et pour ceux du monde entier », a fait savoir le président du CIO.

Derrière les mots, la réalité se présente de façon très nuancée. Certes, les propos de Donald J. Trump durant sa campagne semblent peu susceptibles de lui attirer la sympathie d’une partie des membres du CIO, en particulier les femmes, les hispaniques et les représentants du monde arabe. Mais les dirigeants de l’organisation olympique ne votent pas pour le président d’un pays, ils choisissent une ville et un projet. Surtout, ils n’ont jamais démontré dans le passé une grande préoccupation à privilégier les options les plus politiquement acceptables. N’ont-ils pas massivement voté pour Sotchi 2014, un dossier porté à bout de bras par Vladimir Poutine?

A 10 mois de l’élection, la victoire de Donald J. Trump peut apparaître au premier regard comme un scénario a priori moins favorable à LA 2024 que le succès annoncé trop vite d’Hillary Clinton. La Démocrate, fervente alliée de longue date de la cause olympique, passe pour une proche du maire de Los Angeles, Eric Garcetti, et du patron de la candidature, Casey Wasserman. Mais il n’est pas interdit de penser que le résultat de l’élection américaine pourrait finalement n’avoir aucun effet sur la course aux Jeux de 2024, ni en bien ni en mal.

Le Sud-Africain Sam Ramsamy, l’un des doyens du CIO, l’a suggéré dès mercredi 9 novembre à Associated Press: « Il (Donald Trump) a été grossier avec tout le monde. Mais je ne crois pas que cela (sa victoire) va influencer d’une façon ou d’une autre la candidature. » Même son de cloche chez René Fasel, l’un des membres suisses du CIO, président de la Fédération internationale de hockey-sur-glace. « Vous avez vu son discours aujourd’hui, il est déjà un autre homme », a-t-il confié à AP en référence au changement de ton radical entre le candidat et le président Donald Trump.

Une chose est sûre: l’équipe de Los Angeles devra faire face aux flots des questions « trumpiennes » posées par la presse internationale, la semaine prochaine à Doha, où elle sera invitée à présenter son dossier et sa vision lors de l’assemblée générale de l’Association des comités nationaux olympiques (ACNO). Elle le sait. Elle s’y prépare. A ce stade de la campagne, l’exercice n’est jamais sans bénéfice pour les épreuves à venir.