— Publié le 13 mai 2016

Rousseff s’en va, mais les Jeux continuent

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Cette fois, la messe est dite. Dilma Rousseff, présidente du Brésil depuis 2010, a quitté son bureau, rendu les clefs du pouvoir et fermé la porte derrière elle. Le Sénat brésilien a voté, jeudi 12 mai, sa destitution. Accusée d’avoir maquillé des comptes publics, elle sera jugée par la justice de son pays. Dans l’intervalle, un président par intérim a été invité à prendre place au sommet de l’Etat. Michel Temer a été officiellement intronisé, jeudi, pour une période initiale de 180 jours. Un intérim qui pourrait se prolonger jusqu’aux élections fédérales en 2018 si Dilma Rousseff était reconnue coupage à l’issue de son procès.

Quelles conséquences pour les Jeux de Rio 2016? Sur un plan purement protocolaire, une certitude: l’ancienne présidente du Brésil ne déclarera pas les Jeux ouverts, vendredi 5 août 2016, pendant la cérémonie d’ouverture. Michel Temer s’en chargera à sa place. Mais, les organisateurs l’ont confirmé dès l’annonce de la destitution de Dilma Rousseff, le président par intérim ne prononcera pas de discours. Selon le protocole du CIO, il reviendra seulement à Thomas Bach et à Carlos Nuzman, le président du comité d’organisation des Jeux de 2016, de s’installer au pupitre pour délivrer un speech.

Pour le reste, le discours officiel se veut rassurant, mais tellement convenu qu’il en devient monotone. Carlos Nuzman a tenu une conférence de presse, jeudi 12 mai, où il a répété comme un refrain que les bouleversements politiques à la tête de l’Etat n’aurait aucun impact négatif sur la préparation finale des JO. « Le comité d’organisation est une entité non politique, a-t-il rappelé. Nous connaissons tous l’importance des Jeux olympiques et paralympiques pour le Brésil. Nous allons continuer à travailler pour les préparer et les organiser, en étroite collaboration avec les autorités en place. » Carlos Nuzman a également précisé qu’il rencontrerait le nouveau pouvoir au « meilleur moment », sans chercher à précipiter les choses ou anticiper une nécessaire rencontre.

Depuis Lausanne, Thomas Bach s’est servi à peu près des mêmes mots pour commenter le changement de président à la tête du Brésil. « Nous avons hâte de travailler avec le nouveau gouvernement pour offrir cet été à Rio des Jeux couronnés de succès », a déclaré le dirigeant allemand dans un communiqué de presse.

Au Brésil, certains analystes suggèrent déjà que le départ de Dilma Rousseff pourrait constituer une bonne nouvelle pour les Jeux. Sergio Praca, un expert en sciences politiques de la Fondation Getulio Vargas, relève que l’une des premières décisions de Michel Temer a été la nomination de Leonardo Picciani au poste de ministre des Sports. « Les organisateurs des Jeux auront au moins, maintenant, un interlocuteur à qui parler au sein du gouvernement », a expliqué Sergio Praca à Associated Press. Sans doute. Mais il n’est pas certain que le nouveau ministre puisse s’y retrouver dans les dossiers laissés par ses nombreux prédécesseurs. Il est le deuxième ministre des Sports nommé au cours des deux derniers mois, le quatrième en deux ans.

En attendant, les travaux continuent tant bien que mal sur les sites olympiques. « Nous serons prêts », avance Carlos Nuzman. A coup sûr. Mais la vente des billets reste très ralentie parmi le public brésilien. Un désintérêt pour les Jeux que le changement de président à la tête du pays risque peu de réveiller. Quant aux caisses, elles restent vides. Les autorités brésiliennes viennent d’annoncer que le contingent de policiers d’élite prévu à Rio pendant les Jeux, initialement composé de 9000 personnes, serait finalement réduit à 4500 agents. Par souci d’économies.