— Publié le 8 avril 2013

WBC contre AIBA : le match

Institutions Focus

Le torchon brûle entre deux des organisations de la boxe internationale, la WBC (World Boxing Council) et l’AIBA (Fédération Internationale de Boxe). En cause, la volonté de la seconde de marcher sur les plates-bandes de la première, à savoir la boxe professionnelle. Une envie que la première voit très mauvais œil. Le conflit ne fait que commencer, mais il pourrait bien s’amplifier.

Longtemps, les choses ont semblé assez simples. A l’AIBA la boxe amateur, ses boxeurs et ses compétitions, dont la plus médiatique, les Jeux olympiques. A la WBC, et à ses nombreuses rivales (WBA, IBF…), le monde professionnel, ses millions et ses combats retentissants. Mais l’arrivée en 2006 à la tête de l’AIBA d’un nouveau président, le Taïwanais Dr. Ching-Kuo Wu, a progressivement bouleversé la donne. Sous son impulsion, la Fédération Internationale de Boxe a avancé un premier pion sur l’échiquier de la boxe pro en créant, en 2010, les World Series of Boxing (WSB), un circuit autorisant aux boxeurs de combattre professionnellement tout en conservant leur éligibilité aux Jeux olympiques.

Deuxième avancée, encore à venir mais déjà sur les rails : le lancement en octobre 2013 de l’APB, sorte de fédération jumelle de l’AIBA, mais dédiée à la boxe professionnelle. Ching-Kuo Wu l’a expliqué en exclusivité pour FrancsJeux, plus tôt cette année : « L’APB offrira la possibilité aux athlètes de passer professionnel sans quitter leur fédération nationale, au sein d’une organisation fiable et très structurée (…) Je peux déjà vous annoncer que de nombreux sélectionnés des Jeux de Londres en feront partie. »

Le projet est ambitieux. Il apparait même séduisant. Mais il ne fait pas les affaires des organisations déjà existantes dans le monde pro. En tête de liste, la WBC. Son président, le Mexicain José Sulaiman, s’est fendu d’un communiqué très officiel, et très éloquent, pour critiquer sans nuance la volonté expansionniste de l’AIBA. En substance, la WBC et son président expriment leur « objection » à la volonté de la Fédération Internationale de se mêler de boxe professionnelle. Ils parlent de « concurrence déloyale » à propos de l’opportunité donnée aux boxeurs de la future APB de conserver intactes leurs chances de participer aux Jeux olympiques, tout en faisant carrière dans leur sport.

A en croire José Sulaiman, la WBC aurait déjà alerté Jacques Rogge, le président du CIO. Elle l’aurait fait à trois reprises. Sans réponse pour l’instant. De son côté, l’AIBA refuse pour l’instant la polémique. « Nous ne cherchons pas à entrer en concurrence avec les organisations professionnelles, insiste Ching-Kuo Wu, son président, par ailleurs membre du CIO. Elles ont leur propre calendrier, nous avons le nôtre. » Affaire à suivre.