— Publié le 23 juin 2025

Thomas Bach, deux mandats qui ont dessiné l’avenir du Mouvement olympique

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Cette fois, ça y est : après douze années à la tête du Comité international olympique, Thomas Bach passe officiellement le témoin à Kirsty Coventry ce lundi. L’Allemand quitte Lausanne avec le sentiment du devoir accompli et la fierté d’avoir accompagné des Jeux historiques à Paris. Les hommages, unanimes, se succèdent depuis plusieurs jours, au sujet de sa vision et de son héritage. Retour sur deux mandats qui ont durablement marqué le Mouvement olympique.

Changer ou être changé

Dès sa première année aux responsabilités, Thomas Bach a planché sur l’élaboration de l’Agenda 2020, la feuille de route stratégique pour l’avenir du Mouvement olympique, adoptée en décembre 2014. Le mot d’ordre : changer, ou être changé. Développement durable, égalité des genres, bonne gouvernance… La vision du président du CIO a fini par se concrétiser lors des Jeux de Paris 2024, dont la cérémonie de clôture reste d’ailleurs le meilleur moment de ses douze ans à la tête du CIO. « La boucle était bouclée. Nous avons adopté l’Agenda olympique en 2014 et là, nous avons vu les Jeux que nous avions imaginés. (…) Les Jeux d’une nouvelle ère, les plus jeunes, les plus urbains, les plus inclusifs et les plus durables de l’histoire. »

« On a réussi à rassembler les athlètes de 206 territoires, avec une équipe de réfugiés. À ce moment, je me suis senti comme après avoir gagné la médaille d’or », confiait l’Olympien en début d’année. Rassembler restera justement l’un des mots clefs de son passage à la tête du CIO. « Lorsque la République de Corée a accueilli les Jeux olympiques d’hiver de PyeongChang 2018, le président Thomas Bach a invité à Genève les représentants des délégations du Sud et du Nord, afin de pouvoir les mettre autour d’une table, rappelle Ban Ki-moon, Président de la commission d’éthique du CIO. Ils ont finalement accepté de créer une équipe unifiée, réunissant les deux Corées, et de défiler ensemble lors de la cérémonie d’ouverture, sous le drapeau de la péninsule coréenne. » Un moment d’histoire, symbolique de la puissance du Mouvement olympique et de la portée que Bach voulait lui donner.

Un Olympien au service des Olympiens

Parmi les hommages qui lui ont été rendus, celui de Jessica Fox, membre du CIO et triple championne olympique, est particulièrement significatif. « Il y a 11 ans, j’ai eu l’honneur d’être parmi les 10 olympiens à me rendre à Lausanne pour participer avec vous au processus de consultation pour l’Agenda olympique 2020. Vous accordiez de l’importance à notre opinion et à la diversité de nos expériences. Ce fut un moment décisif qui m’a incitée à assumer des fonctions de représentation des athlètes dans mon sport et dans mon pays. En tant que concurrente à Rio, Tokyo et Paris, j’ai ressenti directement l’impact transformateur des réformes de l’Agenda olympique 2020. Les Jeux de Paris ont été, à cet égard, remarquables. J’ai eu le sentiment de Jeux nettement réussis, placés sous le signe du progrès. Mais plus encore, on sentait partout que l’esprit olympique se répandait et prospérait. On sentait le monde entier se rassembler grâce à nous. » Dans ce sens, l’équipe olympique des réfugiés, apparue pour la première fois à Rio 2016, restera justement un marqueur fort de la présidence Bach, qui a permis d’offrir davantage d’opportunités aux athlètes.

Malgré les difficultés posées par le scandale du dopage russe, le Covid-19 et la guerre en Ukraine, le président laisse la maison avec des certitudes. « L’intérêt dans l’accueil des Jeux olympiques n’a jamais été aussi élevé. C’est un signal clair du succès de nos réformes », insiste-t-il en référence au nouveau processus d’attribution des Jeux, basé sur le dialogue, avec un cahier des charges simplifié pour réduire les coûts et rendre les Jeux plus durables. Les feux sont aussi au vert sur le plan économique puisque 7,5 milliards de dollars sont assurés pour la période 2025-2028, et déjà 6,9 milliards pour 2029-2032, grâce aux droits de retransmissions et aux partenaires olympiques. Il ne sera plus aux manettes lors de la première édition des Jeux olympiques de l’eSport, en 2027, mais l’événement, primordial pour le Mouvement olympique en termes de lien avec la jeune génération, sera une autre ligne à mettre à son crédit. « J’envisage l’avenir du Mouvement olympique avec confiance, affirme-t-il, car je sais qu’il est entre de bonnes mains. » Et aussi parce qu’il l’a été au cours des douze dernières années.