— Publié le 10 avril 2024

Aux Jeux de Paris 2024, la victoire vaudra vraiment de l’or

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Sebastian Coe peut bomber le torse et présenter son meilleur profil à la postérité : l’athlétisme vient d’ouvrir une nouvelle brèche dans l’histoire du mouvement olympique. World Athletics a annoncé mercredi 10 avril, à un peu plus de 100 jours de l’ouverture des Jeux de Paris 2024, sa décision de distribuer des primes en dollars aux médaillés d’or des prochains Jeux d’été dans la capitale française. Tous les médaillés d’or, hommes et femmes, dans toutes les disciplines du programme, relais compris.

Au Stade France, l’été prochain, les 48 nouveaux champions olympiques recevront de l’instance internationale un chèque de 50.000 dollars. Dans les relais, la prime sera partagée entre les membres de l’équipe. Une première dans l’histoire des Jeux olympiques, tous sports confondus.

Pour un athlète américain médaillé d’or l’été prochain, par exemple, et ils devraient être nombreux, la victoire au Stade de France s’annonce comme une très bonne affaire : 50.000 dollars versés par World Athletics, plus 37.500 par le comité national olympique et paralympique (USOPC).

Dans le détail, le prize money promis par la fédération internationale proviendra d’une cagnotte de 2,4 millions de dollars constituée par World Athletics en puisant dans la subvention du CIO au titre de la redistribution des recettes commerciales des Jeux.

Sebastian Coe l’a expliqué : la décision de l’instance n’a pas discutée avec le CIO, mais World Athletics a prévenu Lausanne quelques jours avant de l’annoncer.

L’instance olympique n’a pas apposé son veto à une avancée historique. Elle n’en avait pas vraiment l’autorité. A la place, le CIO a expliqué qu’il redistribuait 90 % de ses revenus, pour l’essentiel aux fédérations internationales et aux comités nationaux olympiques. « Chaque jour, l’équivalent de 4,2 millions de dollars est consacré à l’aide aux athlètes et aux organisations sportives, à tous les niveaux, dans le monde entier », a insisté l’instance, comme pour rappeler qu’elle n’avait jamais été étrangère au principe de récompenser financièrement les athlètes.

Commentaire de Sebastian Coe : « Bien qu’il soit impossible d’attribuer une valeur marchande à une médaille olympique ou à l’engagement et à la concentration nécessaires pour représenter son pays aux Jeux olympiques, il est important de s’assurer qu’une partie des revenus générés par nos athlètes soit directement reversée à ceux qui font des Jeux un spectacle mondial. La planète est complètement différente de l’époque où je faisais de la compétition. Je veux que les jeunes athlètes regardent notre sport et pensent qu’il est financièrement viable pour eux. Pour beaucoup, et depuis trop longtemps, ce n’est pas le cas et c’est ce à quoi je m’attaque maintenant. »

Aux Jeux de Paris 2024, le prize money distribué par World Athletics sera réservé aux seuls vainqueurs. Mais l’instance explique avoir déjà pris l’engagement d’aller encore un peu plus loin dans quatre ans. A Los Angeles 2028, les médaillés d’argent et de bronze repartiront également avec un chèque dans leur poche de veston.

Réaction du Norvégien Karsten Warholm, le champion olympique du 400 m haies, interrogé par Reuters : « Je pense que c’est une bonne chose et je tiens à les en féliciter. Mais cela ne change en rien ma motivation à gagner, car je ne suis pas aux Jeux olympiques pour l’argent. La médaille d’or a beaucoup plus de valeur pour moi. »

Question : les autres fédérations internationales suivront-elles le mouvement ? Pour les Jeux de Paris 2024, le temps pourrait leur manquer. Mais l’annonce surprise de World Athletics, et la publicité faite autour d’une décision qui restera à jamais historique, pourraient bien en inciter certaines à casser à leur tour leur tirelire.