— Publié le 27 octobre 2023

« Il y aura deux stars à Paris 2024 : les joueurs et le parcours »

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Sa jeunesse dans le décor en fait encore une curiosité. Après Rio 2016, puis Tokyo 2020, le golf vivra l’an prochain à Paris sa troisième expérience olympique depuis son retour dans le programme. Mais la première sur un parcours à la réputation établie sur le circuit professionnel, le Golf National à Saint-Quentin-en-Yvelines.

Aux manettes de la compétition, Paul Armitage (photo ci-dessus). Anglais de naissance, installé en France depuis plus de 30 ans, il peut se vanter d’un parcours unique et d’une parfaite connaissance du parcours. FrancsJeux poursuit avec lui sa série d’interviews des managers sport du COJO Paris 2024.

FrancsJeux : Votre vie avant le COJO Paris 2024 ?

Paul Armitage : Je possède aujourd’hui la double nationalité franco-britannique, mais je suis né et j’ai grandi en Angleterre. En 1989, je suis venu poursuivre mes études en France, à l’Université de Dijon, dans le cadre du programme Erasmus. Au terme de mon cursus, l’université m’a demandé d’y revenir pour travailler comme lecteur. J’y suis resté deux ans. En 1993, j’ai été sollicité pour rejoindre un petit golf local, Dijon Quétigny, comme animateur sportif. Il appartenait à un groupe, où je suis resté de nombreuses années, évoluant d’un poste à l’autre, pour occuper notamment une direction régionale. En 2006, j’ai quitté le groupe pour en rejoindre un autre, où j’ai développé un programme indépendant, le Club Golf. J’ai ensuite été appelé, en 2013, pour devenir directeur du Golf National à Saint-Quentin-en-Yvelines. J’étais en charge de son modèle sportif et de son fonctionnement, mais aussi de la préparation de la Ryder Cup en 2018. Enfin, j’ai rejoint le COJO Paris 2024 en février dernier, après avoir été sollicité par la Fédération internationale de golf (IGF) pour m’occuper de la livraison sportive. Le management du golf est géré par le comité d’organisation, mais la partie sportive, athlètes et parcours, est sous-traitée à un consortium dirigé par l’IGF, avec notamment le PGA Tour, la LPGA, le DP World Tour et la fédération française.

Votre expérience passée des Jeux olympiques ?

Je n’en ai pas. Les Jeux de Paris 2024 seront mes premiers.

Un souvenir marquant des Jeux ?

Le golf occupe depuis longtemps une immense partie de ma vie. J’en ai fait mon métier, mais je suis aussi un fan. J’ai suivi de près le retour de la discipline dans le programme olympique, aux Jeux de Rio 2016, où j’ai assisté au départ de nos joueurs. La médaille d’or a été remportée par l’un de mes compatriotes, Justin Rose. Un grand moment pour moi, car même avec ma double nationalité, je reste un Anglais.

Le dossier en tête de la pile sur votre bureau ?

Ma position est assez particulière, car je me retrouve entre une instance internationale, l’IGF, à la tête d’un consortium, et le COJO Paris 2024, où je fais partie des équipes. J’ai ainsi la possibilité et la tâche d’expliquer, fédérer et trouver des expertises pour satisfaire les aspiration des uns et coller aux possibilités de livraison des autres. Une grande partie de mon rôle consiste à servir d’interface. Mais j’en ai l’habitude, car j’étais un peu dans la même position pour la Ryder Cup 2018 en France. Après mon arrivée en début d’année, je me suis beaucoup attaché à m’entourer des bonnes personnes et des expertises nécessaires. C’est aujourd’hui terminé. Et très réussi. Désormais, nous entrons dans une phase plus opérationnelle.

Le site du golf  : ses atouts, les défis dans la perspective des Jeux ?

Le Golf National était un choix évident, sur le plan sportif mais aussi logistique. Sportivement, il est reconnu par les athlètes dans le monde entier. Les joueurs veulent venir. Le parcours a fait ses preuves avec l’Open de France, il a été utilisé pour la Ryder Cup. Les golfeurs en parlent de manière très positive. Aux Jeux, il n’y aura pas de hasard. Le meilleur et la meilleure l’emporteront. Il y aura deux stars : les joueurs et le parcours. Sur le plan logistique, son éloignement de Paris rend son accès moins facile que certains autres sites de compétition. Mais le Golf National est « plug and play », c’est à dire qu’il est déjà doté de tous les espaces pour installer tout ce qui est nécessaire. Les spectateurs auront une vision parfaite du golf.

Paris 2024 sera une réussite pour le golf si

A titre personnel, je dirais qu’une médaille d’or française pourrait être un déclencheur pour faire encore évoluer le golf en France. Le sport se porte très bien, avec 450.000 licenciés à la FFG et une hausse annuelle des joueurs. Mais les Jeux de Paris 2024 peuvent contribuer à rajeunir et féminiser un peu plus la population du golf. La France possède avec Céline Boutier une chance très sérieuse de victoire. Les Jeux vont faire venir au Golf National des non golfeurs. C’est assez rare.