— Publié le 26 juin 2023

Entre Moscou et Lausanne, le temps diffère

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« Nous avons le temps ». A la question de la participation de la Russie et la Biélorussie aux Jeux de Paris 2024, Thomas Bach se sert en toutes circonstances de la même réponse. Il invoque le calendrier. Il écarte toute envie de précipitation. Formulé autrement, le président du CIO joue la montre.

Dimanche 25 juin, Moscou a utilisé à peu près les mêmes mots pour résumer le sujet. Le temps. La patience. Mais Stanislav Pozdnyakov, le président du Comité olympique russe (ROC), leur a donné une toute autre signification. Selon l’ancien escrimeur, le CIO a effectivement le temps avant de prendre une décision. Mais il serait bien inspiré de l’utiliser pour revoir les conditions imposées aux athlètes russes pour participer aux Jeux de Paris 2024.

« Aussitôt que le CIO aura pris position sur la participation des athlètes russes et biélorusses, nous étudierons à nouveau la question, a-t-il expliqué, cité par l’agence TASS. A ce jour, personne ne nous a invités. Il est donc trop tôt, je crois, pour en discuter en détail. »

Jusque-là, rien de très nouveau. Stanislav Pozdnyakov a seulement rappelé une évidence : le CIO n’en est pas encore, à un peu moins de 400 jours de l’ouverture des Jeux de Paris 2024, à lancer officiellement les invitations aux comités nationaux olympiques. Il lui reste encore plusieurs mois pour faire le tri dans les dossiers les plus chauds. La Russie et la Biélorussie, en tête de la pile, mais aussi l’Afghanistan, le Guatemala, et même l’Inde.

Mais le président du ROC s’est montré plus offensif dans ses propos en suggérant que le CIO devrait profiter des mois à venir pour revoir les conditions imposées aux athlètes russes pour obtenir le statut de neutralité. « Les conditions humiliantes fixées dans les recommandations du CIO présentées le 28 mars dernier seront inacceptables pour une grande partie de la communauté sportive russe, a poursuivi Stanislav Pozdnyakov. Nous avons encore du temps avant les Jeux de Paris 2024. Nos collègues de Lausanne devraient s’en servir pour réfléchir à la manière de corriger cette situation. »

Le message est clair : la Russie n’envisagera pas une participation aux Jeux de Paris 2024 dans les conditions actuelles recommandées par le CIO aux fédérations internationales. Elle pourrait accepter une présence sous statut neutre, comme pour les Jeux de Tokyo 2020, mais certainement pas s’il faut aux athlètes russes en passer par un examen approfondi de leurs réseaux sociaux pour y détecter des prises de position en faveur du Kremlin et de la guerre en Ukraine.

Même officiellement invitée par le CIO, la Russie pourrait alors choisir de renoncer pour ne pas se plier à un diktat qu’elle juge « humiliant » et contraire aux valeurs olympiques.

Autre preuve que le retour de la Russie sur la scène olympique reste encore très lointain : la décision de la Confédération européenne d’escrime (EFC) de faire marche arrière toute sur la question russe et biélorusse.

Réuni samedi 24 juin, son congrès a approuvé la proposition de la Fédération ukrainienne d’escrime d’exclure les athlètes, entraîneurs et officiels possédant un passeport russe ou biélorusse de ses compétitions. En prime, l’instance continentale s’est prononcée en faveur de la suspension des fédérations russe et biélorusse.

Plus tôt au mois de juin, la Russie avait pourtant été autorisée par l’EFC à participer aux championnats d’Europe individuels, organisés à Plovdiv. Elle s’était présentée en Bulgarie avec une délégation squelettique, composée pour l’essentiel de jeunes athlètes, sans un seul médaillé aux Jeux de Tokyo 2020. La porte lui avait été ouverte. Elle vient de se refermer.