Candidatures

Lausanne 2020, une pointe d’accent français

— Publié le 31 juillet 2015

Le favori l’a emporté, vendredi à Kuala Lumpur, dans la course à l’organisation des Jeux olympiques de la Jeunesse d’hiver en 2020. Un favori logique, parti en tête, pointé en première position à tous les temps intermédiaires, déclaré largement vainqueur sur la ligne d’arrivée. En concurrence avec la ville roumaine de Brasov, Lausanne a écrasé la compétition. Le résultat se passerait presque de commentaires: 71 voix pour la candidature suisse, 10 bulletins pour le projet de Brasov.

Son succès, l’équipe de Lausanne l’a construit avec un impressionnant savoir-faire. Un projet sérieux et imaginatif, où le sport n’a pas occulté le pendant culturel. Une équipe fiable et professionnelle, menée par Patrick Baumann, membre du CIO et secrétaire général de la FIBA. Un concept attrayant, bâti dans le respect du désormais sacro-saint Agenda 2020 du CIO. Enfin, un budget raisonnable, établi à 40,4 millions d’euros, dont les deux tiers seront assurés par des subventions publiques. Une formule gagnante que Patrick Baumann résume ainsi: « L’héritage olympique de Lausanne, l’expertise suisse et le sens de l’innovation. »

A la différence de Brasov, Lausanne a su retenir l’une des recommandations de l’Agenda 2020: la possibilité offerte aux villes candidates de s’appuyer pour certaines épreuves sur un pays voisin. Dans le dossier suisse, les compétitions de saut à ski, de biathlon et de combiné nordique sont prévues dans le Jura français, à Prémanon. « Un choix logique, naturel et économique », a toujours soutenu Patrick Baumann. A Kuala Lumpur, vendredi 31 juillet, cette pointe d’accent français a empêché Guy Drut et Tony Estanguet, les deux membres français du CIO, de participer au vote. Un détail, rien de plus, au regard de l’écart entre les deux villes candidates.

Avec une telle avance, Lausanne 2020 aurait même pu flancher dans la dernière épreuve, la délicate présentation devant les membres du CIO. Mais les Suisses ont, là aussi, surclassé les Roumains. Patrick Baumann a donné le ton en parlant de son attachement à la ville, malgré une enfance passée en Italie. Jörg Schild, le président du comité olympique suisse (membre de l’AFCNO), a fait le choix de s’exprimer en français. Le patineur Stéphane Lambiel et la skieuse freestyle Virginie Faivre ont donné à l’exercice une touche de fraîcheur. Par vidéo interposée, Roger Federer et Stan Wawrinka ont apporté un vernis de prestige. « Une présentation très émouvante », a confié plus tard, en conférence de presse, un Thomas Bach visiblement conquis.

L’équipe de Lausanne 2020 a un peu moins de cinq ans devant elle pour préparer un événement dont la réussite ne semblait faire aucun doute, ce vendredi 31 juillet, dans l’esprit des membres du CIO. Mais les Suisses voient déjà plus loin. A la question d’une possible candidature aux Jeux d’hiver, Jörg Schild a répondu sans langue de bois: « A ce jour, six groupes dans notre pays sont intéressés par les Jeux en 2026 ou 2030. Nous travaillons déjà à la suite. » Ueli Maurer, le ministre suisse des Sports et de la… Défense, s’est montré encore plus catégorique: « Nous sommes prêts pour quelque chose de plus grand. La victoire, aujourd’hui, était un premier pas. L’Agenda 2020 ouvre la porte à des projets très différents. Nous voulons plus. » Les Suisses sont de retour.