— Publié le 23 juillet 2025

« Evoluer pour prospérer », le défi de World Triathlon

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« Plus qu’un rapport, c’est un guide pour se transformer. » Le président de World Triathlon, Antonio Fernández Arimany, s’est montré clair : le rapport « Future of World Triathlon », récemment présenté à Hambourg, est une étape majeure pour l’avenir de la FI. Dans un monde toujours plus concurrentiel, le triathlon doit jouer des coudes pour se faire une place au soleil. Et ses dirigeants sont prêts à engager de profondes réformes pour lui permettre de se développer.

Devenir plus agile

Le rapport, élaboré en partenariat avec Deloitte, identifie plusieurs points faibles. « Le paysage mondial du triathlon est très fragmenté, ce qui rend particulièrement difficile la présentation d’un récit cohérent aux sponsors ou aux supporters du monde entier. En l’absence de priorités partagées ou de coordination claire, le système peine à rivaliser avec la clarté et l’ampleur observées dans des sports commercialement plus matures », souligne-t-il, citant aussi une présence numérique limitée ainsi qu’une sous-exploitation des événements de masse comme axes d’amélioration.

Le rapport préconise entre autres d’améliorer l’expérience événementielle avec des formats de type festival et d’investir dans la participation de masse et les formats émergents pour « construire une durabilité à long terme ». Il évoque aussi l’intérêt de créer « un écosystème commercial unifié, avec une nouvelle entité pour gérer les partenariats, les revenus et l’innovation ». La Fédération internationale de volley-ball est directement prise pour exemple puisqu’elle a adapté sa structure avec Volleyball World en tant qu’entité commerciale et la Fondation de la FIVB, chargée du développement du sport chez les jeunes et les amateurs.

Bernard Sinnaeve, directeur chez Deloitte Sports, estime ainsi : « Le triathlon est un sport d’importance mondiale et de grande valeur culturelle. Mais pour répondre aux attentes des athlètes, des fans et des partenaires d’aujourd’hui, il doit devenir plus agile, plus collaboratif et plus intelligent sur le plan commercial. Ce rapport jette les bases pour y parvenir. » Le président de World Triathlon, Antonio Fernández Arimany, appuie : «Le triathlon doit évoluer pour prospérer. Nous aborderons l’avenir avec détermination, clarté et une ambition renouvelée pour rendre notre sport plus fort, plus visible et plus inclusif. »

Le format T100 comme accélérateur ?

Fédérations nationales, organisateurs d’événements privés, diffuseurs, athlètes et sponsors ont échangé à Hambourg sur des pistes comme l’intégration éventuelle du format T100 aux Jeux olympiques. Ce modèle longue distance combine 2 km de natation, 80 km de vélo et 18 km à pied – là où, aux JO, les triathlètes doivent nager 1,5 km, pédaler 40 km et courir 10 km. Les organisateurs des PTO T100 Triathlon Series mettent en avant des performances impressionnantes sur les plateformes numériques (500 millions de vidéos vues en 2024, un nombre d’abonnés multiplié par cinq sur YouTube depuis 2021), forcément alléchantes quand il s’agit de libérer le potentiel commercial du sport.

« L’inclusion potentielle de la distance T100 dans le programme olympique pourrait considérablement renforcer l’attrait mondial du sport, en offrant un format plus accessible et plus adapté aux spectateurs, estime Sam Renouf, directeur général de l’Organisation professionnelle des triathlètes (PTO). Nous sommes impatients de voir comment nous pouvons travailler avec World Triathlon pour que cela devienne une réalité. » Oliver Schiek, directeur des événements de la Fédération allemande de triathlon (DTU), s’est lui aussi montré favorable à l’innovation et à de nouveaux formats « pour créer des événements qui trouvent un écho auprès des athlètes et des fans, en veillant à offrir un produit à la fois passionnant et accessible ». Le rapport évoque également l’intégration de formats comme le Run-Swim-Run et les compétitions indoor. Le comité exécutif du World Triathlon se réunira cette semaine à Budapest pour travailler sur le nouveau plan stratégique 2026-2029, qui prendra en compte les principales conclusions de cette étude.