Le Comité national olympique et sportif français se choisira un nouveau président le 19 juin. La campagne bat son plein entre Amélie Oudéa-Castéra, qui a prévu plusieurs ateliers avec les présidents de fédération, et Didier Séminet, qui s’était rapidement dévoilé après que David Lappartient ait annoncé qu’il ne se présenterait pas. Le président de la Fédération française de baseball et de softball a justement choisi de mettre l’accent sur la base de la pyramide sportive depuis plusieurs semaines : les clubs.
Un lieu d’éducation et un espace d’intégration
Ses publications régulières sur le réseau LinkedIn traduisent clairement sa stratégie, et sa vision : bien avant les médailles olympiques et les résultats au plus haut niveau, le sport repose d’abord sur les associations sportives. C’est dans de cadre, enfant, qu’il a personnellement rencontré Jacques Martineau, « son premier coach, son premier repère, celui qui allait tout changer » en transmettant des valeurs de respect et de fraternité. « Des milliers de jeunes croisent, dans les clubs de France, un éducateur comme Jacques Martineau. Ces femmes et ces hommes qui forment sans le dire, qui construisent sans bruit, qui transmettent l’essentiel », appuie-t-il, en estimant que les éducateurs et les clubs sont « bien plus qu’un acteur du loisir ou de la performance », mais surtout « le bras armé des valeurs républicaines et humanistes ».
« Dans un club, on ne fait pas que du sport. On construit des vies. On se découvre. On s’élève. On existe. Le club, c’est un espace de fraternité, de solidarité, de seconde chance. Là où la société cloisonne, le club ouvre. Là où certains jugent, le club tend la main », écrit-il. Raison pour laquelle il souhaite « leur donner les moyens d’agir, d’accueillir, de continuer à être ces lieux de transformation humaine que rien d’autre ne remplace. Car plus nos clubs seront forts, plus notre société sera juste. Il est temps de regarder nos clubs non pas comme des structures d’animation, mais comme des foyers de citoyenneté, d’espoir, et d’avenir. »
« Prendre soin de ceux qui prennent soin du sport »
Au-delà des moyens, le président de la FFBS souhaite témoigner une plus grande considération aux acteurs du terrain, qui font le sport au quotidien. Que leur rôle fondamental soit véritablement reconnu et qu’ils soient beaucoup plus valorisés. Il déplore ainsi que l’on parle de plus en plus de « pratiquants », un terme qui « efface les femmes et les hommes qui s’engagent dans le sport structuré » et qui contribue « à marginaliser le rôle des fédérations » puisque les moyens publics se déplacent vers la pratique libre. « Ce glissement n’est pas neutre. Il fragilise un écosystème fondé sur l’engagement bénévole, sur l’apprentissage des règles, sur l’accompagnement éducatif. Il affaiblit les bases d’un sport qui n’est pas seulement activité physique, mais expérience humaine et citoyenne. (…) C’est dans un club qu’on apprend le respect des règles, la gestion de la défaite, la fraternité, le dépassement de soi. C’est grâce aux fédérations que des millions de jeunes trouvent un cadre, un repère, un chemin. Ce rôle-là, irremplaçable, mérite d’être reconnu, soutenu et valorisé. »
Didier Séminet appelle à « prendre soin de ceux qui prennent soin du sport ». Par des paroles, en disant « merci publiquement, collectivement », et par des actes : « alléger les contraintes, faciliter l’engagement, sécuriser les responsabilités, accompagner les jeunes bénévoles, et valoriser cet engagement dans la vie professionnelle comme dans la reconnaissance sociale ». L’enjeu est de taille puisque selon une enquête de l’Association nationale des élus du sport (Andes) publiée en 2022, 3,5 millions de personnes œuvrent bénévolement chaque année dans une des 360.000 associations sportives en France. Cependant, 43% des clubs sportifs déclarent avoir perdu des bénévoles et 66% déplorent une fréquence d’implication de plus en plus ponctuelle ainsi que des problèmes de fidélisation des bénévoles. « Le mouvement sportif ne peut pas avancer si ceux qui le portent s’essoufflent. Il faut les écouter, les épauler, les soulager. Et surtout, les remercier. Non pas une fois par an, mais chaque jour », affirme le candidat. Là où Amélie Oudéa-Castéra, par ses origines sociales et son CV professionnel, dégage plutôt une image « élitiste », Didier Séminet joue pleinement la carte du sport amateur et du plus bas niveau de l’échelle. Reste encore à convaincre le collège électoral !