
Les Championnats du monde de hockey sur glace battent leur plein depuis le 9 mai. Organisé conjointement par Stockholm et Herning, le tournoi rendra son verdict ce dimanche. Avant la dernière ligne droite, le président de la Fédération internationale (IIHF) Luc Tardif a accordé un entretien, à lire en deux parties, à Francs Jeux. Depuis son hôtel suédois, le dirigeant dresse un premier bilan de la compétition, déterminante pour la bonne santé du hockey international, particulièrement économiquement.
Comment se déroulent ces Championnats du monde ?
Dès le premier week-end, les affluences ont été conformes aux prévisions, et même un peu meilleures. On voit un bel engouement, des fan zones remplies. Le niveau de la compétition est remarquable, il y a beaucoup de grands joueurs : MacKinnon, Sidney Crosby, Pastrňák, etc. On a des vedettes, du beau hockey, du public, donc jusqu’ici c’est très bien. Tout le monde est très content de la qualité de ces Championnats du monde. Les deux organisations sont dans leur tableau de marche au niveau des affluences. Vous avez devant vous un président heureux !
Le record d’affluence avait été battu en 2024 en Tchéquie (presque 800.000 billets vendus). Combien de spectateurs attendez-vous cette année ?
On va amplement dépasser les 500.000 spectateurs. Les patinoires seront trop petites pour les quarts et les demi-finales ! Par rapport aux Championnats du monde qui avaient été organisés ici en 2013, Stockholm est déjà en avance. Ils surfent sur le succès des Championnats du monde Juniors à Göteborg. Il y a beaucoup de distraction dans les grandes villes, ça peut-être un danger, mais ils sont très contents de ce démarrage. Pareil pour Herning par rapport aux Championnats du monde 2018, qui avaient été un grand succès. Il y a beaucoup d’étudiants, de jeunes, qui viennent profiter des Championnats du monde. La ville s’est beaucoup investie dans le hockey, ils ont accueilli les Championnats du monde féminins en 2022, ils les organisent à nouveau cette année et on continue d’échanger avec eux car ils en veulent encore plus, notamment sur le hockey féminin.

Stockholm et Herning ont mis en place de très grandes fan zones. C’est important pour toucher un public plus large ?
La fan zone, c’est une tradition, ça va avec le Championnat du monde. Certains ne comprennent pas que l’on organise nos Championnats du monde au mois de mai, mais il y a une petit part touristique. Et la plupart du temps, en mai, il y a du soleil, il faut beau, donc on joint l’utile à l’agréable. La fan zone, c’est vraiment un lieu de rencontre entre les supporters des différents pays. C’est un public très familial, qui ressemble un peu à celui du rugby. Ça se fait à la bonne franquette, il n’y a pas d’animosité. Le premier vendredi, il y avait 3.000 personnes dans la fan zone. Ça fait partie du folklore. On peut voir les matchs sur les écrans géants, et puis boire de la bière, bien entendu ! Le hockey sur glace, c’est d’abord dans les pays nordiques, et ça boit de la bière !
Les organisateurs locaux ont aussi mis en avant des fan walks, comme on en voit souvent en football. Ce sport peut être une source d’inspiration pour le hockey en matière d’animation ?
On prend les bonnes idées partout. Il y a aussi l’arrivée des joueurs, c’est un autre rituel. On est assez inventif là-dessus et on prend les bonnes idées que l’on peut trouver ailleurs.
« Avec Prague, on est revenu à la normale. Stockholm et Herning s’inscrivent dans cette normalité. »
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Les objectifs économiques de ces Championnats du monde 2025 seront-ils atteints ? L’enjeu est important puisqu’une grosse partie du budget de l’IIHF repose sur cette compétition.
Notre Championnat du monde, en effet, c’est 70% de nos recettes. On a eu une période difficile puisqu’on a dû annuler l’édition 2020 à cause du Covid. On a dû déplacer l’édition 2021 à Riga au dernier moment à cause d’incidents en Biélorussie, et en plus sous bulle, sans spectateurs. Il faut absorber ces difficultés. En 2023, on devait jouer à Saint-Pétersbourg et avec la guerre, on a dû à nouveau déplacer les Championnats, à Riga et Tampere. Avec Prague, on est revenu à la normale, même s’il manque encore les Russes et les Biélorusses. Stockholm et Herning s’inscrivent dans cette normalité. On a repris notre vitesse de croisière.
Vous réfléchissez aux moyen de réduire cette dépendance financière aux Championnats du monde et de diversifier vos sources de revenus ?
Je suis fier de notre modèle puisque le contrat marketing que l’on a permet de financer toutes les activités de développement non rentables. Le haut niveau nourrit les filles, les U18, les U20 et toutes les divisions inférieures, c’est vertueux. Oui, il ne faut pas mettre ses œufs dans le même panier et quelque part, on a d’autres sources de revenus, heureusement. On a un contrat avec Hockey Canada pour les Championnats du monde Juniors, c’est une grosse partie des ressources. On vient aussi de signer un accord avec la Chine, qui veut s’impliquer de plus en plus dans l’organisation des Championnats féminins. On est déjà allé deux fois à Shenzhen (en 2023 et en 2025). On a aussi commencé à créer d’autres événements, d’autres produits : dans la continuité des deux Jeux olympiques en Asie, on a démarré un championnat asiatique avec le Kazakhstan, le Japon, la Chine, la Corée.