La préparation de Brisbane 2032 s’accélère. Maintenant que la carte des sites a été dévoilée, à la suite de plusieurs mois de consultations, le gouvernement du Queensland veut passer à la vitesse supérieure au niveau législatif. Pour gagner du temps et, surtout, éviter qu’on lui en fasse perdre, le gouvernement du Premier ministre David Crisafulli a introduit plusieurs amendements à la loi de 2021 sur l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques. Le but : gagner en efficacité en effaçant un certain nombre d’obstacles potentiels. Ce qui soulève certaines questions, voire des critiques.
Un cadre législatif plus souple pour remettre les Jeux sur les rails
Ces amendements actent la réduction du conseil d’administration du COJOP, de 24 à 15 membres, conformément aux recommandations de l’étude lancée à l’automne, dans le but d’ « améliorer l’efficacité de la prise de décision dans la période précédant les Jeux ». Mais surtout, ils prévoient que les projets de construction qui s’inscrivent dans le cadre des Jeux puisse être menés sans être soumis à 15 lois relatives à l’aménagement du territoire et à la planification. Une exemption qui vaut notamment pour la loi sur la protection environnementale, la loi sur la conservation de la nature, la loi sur le gouvernement local et la loi sur le patrimoine du Queensland. Le communiqué publié par le ministre du développement Jarrod Bleijie et par le ministre des Sports Tim Mander insiste sur la nécessité de ces mesures pour garantir la réussite et l’héritage des JOP en matière d’infrastructures, autant pour le sport que pour les transports.
« Nous avons le temps d’organiser les Jeux, mais nous devons nous y atteler », explique Jarrod Bleijie, en rappelant que « plus de 1.200 jours » ont déjà été « perdus » en raison du chaos laissé par l’administration précédente. « Les habitants du Queensland ont voté pour un nouveau départ afin de remettre les Jeux sur les rails et c’est ce que nous faisons. Nous nous attachons à maximiser les bénéfices en matière d’héritage et à mettre en place des infrastructures générationnelles dans tout le Queensland. Avec le plus grand investissement de l’histoire du Queensland en matière d’infrastructures, il est important que notre législation garantisse des voies claires pour leur mise en œuvre. » Le gouvernement aura donc le champ libre pour livrer les Jeux comme il l’entend, en limitant considérablement les potentiels recours juridiques. L’Autorité indépendante de coordination des Jeux (GIICA) a rappelé que « le recours à une législation spéciale pour la réalisation de grands projets n’est pas nouveau » puisque ce cas de figure s’est déjà présenté dans le passé pour « de grands projets de développement urbain et touristique ».
« Une gifle pour la démocratie »
Sous le feu des projecteurs (et des critiques), le stade de 63.000 places qui doit voir le jour dans Victoria Park. Il devrait accueillir l’athlétisme, et potentiellement les cérémonies d’ouverture et de clôture en 2032. Le Premier ministre du Queensland, David Crisafulli, avait promis de ne pas construire de nouveau stade s’il arrivait au pouvoir. Il a cependant changé d’avis et défendu ce projet en estimant qu’il était déterminant pour le sport local, puisque l’enceinte abritera ensuite les Brisbane Lions (football australiens), le Brisbane Heat et les Queensland Bulls (cricket). Les amendements déposés par le gouvernement sonnent néanmoins comme « une gifle pour la communauté et la démocratie » selon Rosemary O’Hagan, porte-parole du groupe Save Victoria Park. « Il faut se demander ce qui ne va pas dans ces projets au point de devoir supprimer tant de garanties légales pour pouvoir les mener à bien, déclare-t-elle à ABC. Quel est l’intérêt d’avoir une protection du patrimoine et de l’environnement si c’est pour passer outre ? »
L’association a déjà récolté plus de 40.000 euros de dons pour mener la bataille juridique contre ce projet. Elle a reçu le soutien de cinq anciens maires de Brisbane, Campbell Newman, Jim Soorley, Tim Quinn, Bryan Walsh, and Sallyanne Atkinson. Le Conseil de conservation du Queensland a également pointé un « précédent vraiment inquiétant ». par la voix de son porte-parole, Dave Copeman. « En règle générale, nous ne devrions pas passer outre à la protection de l’environnement », a-t-il confié à l’Australian Associated Press, en s’inquiétant aussi de la menace posée par le stade d’eau vive de Redland pour la population de koalas. Les Jeux de Brisbane 2032 sont sur les rails, mais le train est encore loin de faire le plein.