— Publié le 25 mars 2024

Les Jeux du Commonwealth, un monument en grand péril

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Le coup est rude. Il pourrait même être fatal. A deux ans de l’échéance, les Jeux du Commonwealth ont tiré un trait définitif sur une nouvelle option de remplacement au Victoria australien, hôte initial de l’événement multisport en 2026. Un moment tentée par l’aventure, la Malaisie a renoncé. Elle s’est retirée de la course.

Réuni en fin de semaine passée à Kuala Lumpur, le Cabinet du Premier ministre a ouvert le dossier, étudié le calendrier, analysé les coûts et estimé les risques. Pour finalement boucler le sujet par un non ferme et définitif. La Malaisie ne jouera pas les pompiers d’un événement dont plus personne ne semble vouloir dans les pays de l’ancien Empire britannique. Au moins à court terme.

Sur le papier, l’opportunité semblait pourtant attirante. A court de solution depuis le retrait du Victoria, la Fédération des Jeux du Commonwealth (CGF) avait offert à la Malaisie un chèque de 100 millions de livres (116 millions d’euros au cours actuel) pour accueillir à Kuala Lumpur l’édition 2026. Le pays d’Asie du sud-est aurait pu réduire la taille du programme sportif, mettre profil bas sur les cérémonies, se passer d’un village des athlètes en logeant les délégations à l’hôtel. Il avait carte blanche, au presque.

Mais le tableau n’a pas été jugé assez complet pour accepter le risque de se retrouver aux mains d’une organisation très incertaine, avec deux ans pour boucler l’affaire. Le porte-parole du gouvernement, Fahmi Fadzil, l’a expliqué : « Avec un délai plus long, nous le ferions sans aucun doute. Mais avec seulement deux ans devant nous, ça n’est pas possible. Lorsque nous avons évalué la viabilité d’un tel projet, nous avons estimé que le temps n’était pas suffisant, et les coûts vraiment prohibitifs. »

La veille de la réunion du Cabinet, la ministre des Sports, Hannah Yeoh, avait préparé le terrain au refus de la Malaisie en expliquant que l’aide de 100 millions de livres offerte par la CGF ne permettrait pas de financer l’organisation des Jeux, et qu’il n’était pas envisageable d’utiliser l’argent des contribuables pour un tel projet.

La décision annoncée, Hannah Yeoh a enfoncé le clou. « En outre, l’impact économique n’a pas pu être analysé de façon précise dans un délai aussi court », a-t-elle ajouté.

Officiellement, la course aux Jeux du Commonwealth 2026 reste ouverte. Dans une courte déclaration, le porte-parole de la CGF a assuré que « le processus confidentiel de désignation d’un hôte se poursuit avec les autres associations de Jeux du Commonwealth intéressées. » Mais l’absence de noms de potentiels candidats, et la proximité de l’événement, suggèrent que la page pourrait en réalité être blanche.

A ce stade, deux options se dégagent. La plus crédible : un report d’une année de l’édition 2026. Avec un délai plus long, les postulants pourraient se laisser tenter. Mais, même avec 12 mois de plus, il n’est pas certain que les mains se lèvent pour tenter l’aventure.

La seconde option, évoquée depuis plusieurs mois comme un possible plan B, consisterait à découper l’événement en une succession de championnats du Commonwealth dans certains sports du programme. Pas gagné d’avance.

Pour rappel, les Jeux du Commonwealth ont été annulés à seulement deux reprises depuis leur création, en 1942 et 1946. Dans les deux cas, pour la même raison : la Seconde Guerre mondiale.

Mauvais hasard du calendrier : le renoncement de la Malaisie est intervenu au moment où une étude du bureau d’audit de l’Etat du Victoria révèle que l’abandon des Jeux du Commonwealth 2026 aurait coûté 589 millions de dollars australiens (355 millions d’euros) en frais d’organisation et compensation financière. Une ardoise épongée en totalité par les pouvoirs publics.

Le rapport suggère également que le business plan du projet Victoria 2026 était en réalité bancal, avec des dépenses sous-évaluées et un impact économique très exagéré.