— Publié le 19 mars 2024

Pour les Jeux en 2032, Brisbane se passera d’un nouveau stade

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La notion du temps peut parfois s’avérer très floue dans l’univers olympique. En décrochant l’organisation des Jeux d’été en 2032 à Brisbane dès le mois de juillet 2021, soit onze ans à l’avance, les Australiens se croyaient à l’abri de tout risque de course contre la montre. A l’évidence, ils avaient tort.

Presque deux années ont passé, mais le dossier le plus épais du dispositif olympique et paralympique – le stade principal – n’est toujours pas bouclé. Il reste surmonté d’un immense point d’interrogation.

Le premier ministre du Queensland, Steven Miles, l’a annoncé lundi 18 mars : le projet de démolir et reconstruire le Gabba Stadium (photo ci-dessus), l’emblématique stade de cricket de Brisbane, est bel et bien enterré. En cause, un coût des travaux qui a presque triplé entre les études initiales et la dernière évaluation, pour atteindre 2,7 milliards de dollars australiens.

Retour en arrière. En janvier dernier, Steven Miles a commandé à un comité indépendant une nouvelle étude sur la carte des sites des Jeux de Brisbane 2032. Elle a été confiée à l’ancien maire de la capitale du Queensland, Graham Quirk. Après deux mois de travaux, un rapport a été présenté lundi 18 mars au gouvernement de l’Etat. Il formule une trentaine de recommandations.

En tête de liste, l’abandon du projet de reconstruction du Gabba Stadium. C’était attendu. Mais, plus surprenant, le rapport préconise de construire un nouveau stade de 55.000 places, à Victoria Park. Coût annoncé : 3,4 milliards de dollars australiens (2,23 milliards de dollars américains). Une fortune. Interrogé par la chaîne ABC, Graham Quirk a expliqué qu’une nouvelle enceinte ultramoderne coûterait à peine plus cher que la reconstruction du Gabba Stadium, mais pour un résultat nettement plus avantageux.

A la lecture des conclusions du rapport, Steven Miles a cru s’étrangler. En commandant une nouvelle étude, le Premier ministre espérait renvoyer le dossier Gabba Stadium dans les oubliettes de l’histoire, mais sans imaginer se retrouver avec la proposition d’un nouveau stade au budget pharaonique.

Il l’a expliqué lundi 18 mars en conférence de presse : « Je sais que j’ai dit que je ferais ce que l’étude Quirk recommanderait, mais je ne peux pas soutenir l’option choisie. J’ai demandé cette étude car les habitants du Queensland m’ont signifié que 2,7 milliards de dollars australiens pour le Gabba, c’était trop. Je sais donc que, pour eux, 3,4 milliards de dollars pour le Victoria Park, c’est encore beaucoup trop. Alors, bien sûr, je dois écarter cette option. »

A un peu plus de huit ans des Jeux, les Australiens ne sont pas pressés par le temps. Pas encore. Mais ils devront trancher sans trop tarder la question du stade principal, destiné à recevoir les cérémonies, voire les épreuves d’athlétisme.

L’option Gabba stadium écartée, celle d’une nouvelle enceinte également très compromise, Brisbane 2023 pourrait se tourner vers un dispositif plus modeste. Steven Miles, en première ligne depuis le départ de l’ancienne Premier ministre Annastacia Palaszczuk, milite pour la modernisation du Suncorp Stadium (52.000 places), situé à distance de marche de plusieurs gares et du centre-ville de Brisbane. Il accueillerait les cérémonies.

Dans un tel scénario, l’athlétisme serait logé dans une autre enceinte déjà existante, le Queensland Sport and Athletics Center (QSAC), au sud de la ville. Déjà utilisée pour les Jeux du Commonwealth en 1982, elle serait modernisée pour les besoins des Jeux de 2032. Sa capacité serait portée à 40.000 spectateurs, mais la jauge serait rabaissée à 14.000 places après les Jeux.

Le Gabba Stadium, de son côté, serait conservé dans sa configuration actuelle. Il pourrait recevoir les épreuves de cricket, dans l’hypothèse très probable où la discipline soit conservée au programme après ses débuts comme sport additionnel aux Jeux de Los Angeles 2028.

Coût total estimé de la rénovation du SunCorp Stadium et du QSAC : 1 milliard de dollars australiens. La solution du compromis, moins ambitieuse, mais nettement plus abordable. Très « nouvelle norme ».