— Publié le 15 mars 2024

La climatisation au village des athlètes, en avoir ou pas

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Le propos peut surprendre. Et il n’est pas certain d’être vraiment audible. Aux athlètes qui s’inquiéteraient de souffrir de la chaleur dans leurs chambres du village olympique, l’été prochain aux Jeux de Paris 2024, la maire de la capitale suggère de… « faire confiance à la science. »

Interrogée cette semaine par Reuters sur la décision du comité d’organisation de ne pas équiper les bâtiments d’un système de climatisation, Anne Hidalgo a défendu l’idée d’un village résolument vert, en phase avec les ambitions de Paris 2024 et du CIO de réduire fortement l’empreinte carbone de l’événement.

« Il faut faire confiance à la science sur deux choses, a plaidé l’élue socialiste. La première est ce que les scientifiques nous disent sur le fait que nous sommes au bord du précipice. Chacun doit en prendre conscience, y compris les athlètes. Deuxièmement, il faut faire confiance aux scientifiques lorsqu’ils nous aident à construire de façon sobre des bâtiments qui permettent de nous passer de la climatisation. »

Pas de doute, pour Anne Hidalgo : les 82 immeubles du village olympique appartiennent à cette catégorie. « Ce village a été conçu pour éviter d’avoir besoin de la clim’, même à des températures très, très élevées, et maintenir des températures de confort, insiste-t-elle. Ce qui m’importe, c’est que ces immeubles, ces appartements vont devenir un quartier où vivront des habitants de l’Ile-Saint-Denis, de Saint-Ouen et de Saint-Denis. Ils n’auront pas besoin de climatisation. Nous travaillons sur le long terme. »

Sur le papier, la promesse d’un village durable et vertueux, où la « science » permettrait de rester au frais en toutes circonstances, n’est évidemment pas contestable. Les équipes de la SOLIDEO, l’établissement public en charge de la constructions des ouvrages pérennes, l’ont encore martelé récemment lors de la remise des clefs du village au comité d’organisation : les températures ne grimperont pas à l’intérieur des chambres.

« Nous avons fait un gros travail avec Météo-France, a expliqué Julia Watson, la directrice adjointe du village des athlètes à la SOLIDEO. Nous avons travaillé à l’horizon 2050 pour un confort thermique optimal. Durant 90 % du temps, il fera 28 degrés maximum dans les logements ».

Le COJO Paris 2024, de son côté, cite une étude sur l’impact d’épisodes caniculaires sur le village des athlètes. Elle assure que l’objectif cible de 23-26° au moment le plus chaud de la journée sera atteint dans 95 % des 3.200 chambres. Une performance rendue possible par l’utilisation de la géothermie, l’orientation des bâtiments et des fenêtres, plus quelques autres trouvailles, dont des planchers réversibles et des toitures végétalisées.

Cool. Mais, problème, le COJO a fait savoir qu’il serait malgré tout possible pour les délégations qui en feraient la demande de louer des climatiseurs portables pour les installer dans les chambres des athlètes. A leurs frais.

Les comités nationaux olympiques le feront-ils ? L’Australie a déjà répondu par l’affirmative. Sa délégation pour les Jeux de Paris 2024, annoncée comme l’une des plus importantes de l’histoire, prévoit de louer au moins une centaine de climatiseurs. Ils pourraient être mis en route en pleine journée, au moment le plus chaud, pour faciliter la récupération par une sieste.

Même projet côté norvégien. Le comité national olympique l’a expliqué à Reuters : « Notre souhait clair est qu’il y ait de la climatisation dans toutes les salles. » Le Brésil, une autre délégation aux effectifs massifs, prévoit également d’investir dans la location de climatiseurs. Le Canada envisage lui aussi de piocher dans son budget Paris 2024 pour « compléter les mesures mises en place par le comité d’organisation (…) dans certaines salles des athlètes en cas de chaleur extrême. »

L’Allemagne, en revanche, semble déterminée à écouter Anne Hidalgo et faire confiance à la science pour se protéger d’éventuelles périodes de canicule. « Nous estimons que le système de refroidissement intelligent installé au sol et au plafond est suffisant », a confié à Reuters le comité national olympique. Son porte-parole a précisé que la question d’un apport de climatiseurs portables avait été posée aux fédérations. La grande majorité d’entre elles a écarté cette idée, l’estimant inutile.