— Publié le 28 juillet 2023

« Avec ces Jeux, nous marquons notre présence »

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Enfin. Deux ans après leur date initiale, les Jeux de la Francophonie 2023 débutent ce vendredi 28 juillet à Kinshasa. Le coup d’envoi de l’événement sportif et culturel de l’espace francophone sera donné en fin de journée, au stade des Martyrs de la capitale de la RDC, par une cérémonie d’ouverture où sont attendus 80.000 spectateurs.

Rien n’a été simple pour les organisateurs congolais depuis 2019, lorsqu’ils ont accepté de reprendre une compétition initialement attribuée à Moncton et Dieppe, dans la province canadienne du Nouveau-Brunswick. Crise sanitaire, retards dans les travaux, renoncements complets ou partiels de certaines délégations… La liste est longue. Mais la RDC a tenu.

A quelques heures du plus important rendez-vous international jamais organisé dans le pays, le directeur du comité d’organisation, Isidore Kwandja, a répondu aux questions de FrancsJeux.

FrancsJeux : Etes-vous prêts ?

Isidore Kwandja : Oui. Tout est prêt. La dernière semaine a été consacrée aux ultimes réglages, pour l’essentiel des finitions extérieures. Nous avons effectué une visite des chambres des délégations avec les ambassadeurs de la francophonie. A l’intérieur, tout était terminé.

Jusqu’au dernier moment, certains doutes ont pourtant été exprimés sur quelques sites, dont le gymnase de tennis de table…

C’est vrai. Nous avions du retard. Mais un plan B a été toujours été dans les tuyaux. Le tennis de table pouvait se tenir dans l’un des gymnases du stade Tata Raphaël. Nous en avons construit deux pour le basket-ball et réhabilité un troisième. Mais le retard a finalement été rattrapé.

Où en est la participation ? 

Elle est légèrement en dessous des estimations initiales, car certaines délégations ont réduit la taille de leur délégation, voire renoncé à venir, comme le Québec. Mais avec la confirmation au dernier moment de la Guinée, nous dépassons les 2.300 athlètes ou artistes. Ca n’est pas mal.

Le Québec a renoncé, la France et la Wallonie-Bruxelles ont réduit leur participation. Comment expliquez-vous ces décisions ?

Je ne les comprends pas. Et elles me déçoivent. Le Québec, je n’ai pas compris. En janvier, une délégation du Québec et du Canada est venue à Kinshasa. Ils sont revenus au mois de mai, accompagnés par des envoyés du Nouveau-Brunswick. Les Québécois ont été les seuls à rencontrer à deux reprises le conseiller spécial du président de la République pour la sécurité. Nous avons échangé sur tous les sujets. Nous avons été transparents. Nous leur avons même proposé qu’ils fassent appel à un expert de la sécurité. Toutes les garanties ont été apportées. Nous leur avons clairement dit que nous étions disposés à tout partager avec eux. A la suite de cela, le Canada a confirmé une participation de 77 personnes. Le Nouveau-Brunswick a annoncé en envoyer 27. Mais le Québec a renoncé. Je ne comprends pas, surtout de la part d’une province qui se bat autant pour la langue française.

Le Québec a justifié sa décision par les risques pour la sécurité de ses athlètes…

Les problèmes de sécurité ne sont pas nouveaux en RDC, mais ils ne sont pas de taille à empêcher les autres pays de venir aux Jeux de la Francophonie. Le gouvernement a consenti des efforts considérables pour la sécurité. La garde républicaine est mise à la disposition. Avec ces Jeux, nous offrons la possibilité aux jeunes francophones de participer à une grande compétition, parfois leur première au niveau international. Mais si un pays ne veut pas saisir cette chance, nous ne pouvons pas le forcer.

Plusieurs pays, dont la France, vous avaient assuré d’une aide à la préparation et l’organisation des Jeux. Les promesses ont-elles été concrétisées ?

Nous avons été très aidés par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Son aide a été précieuse. Concernant la France, elle est venue former avec l’aide de l’OIF des policiers et des médecins. Mais nous avons payé pour cela, ça n’était pas gratuit. Une aide sanitaire était également prévue. Je l’attends toujours. Ces Jeux de la Francophonie sont placés sous le signe de la solidarité, mais je n’ai pas souvent vu cette solidarité. Nous nous sommes débrouillés avec nos propres moyens. Nous avons consenti des ressources énormes. La piste d’athlétisme, par exemple. A la demande de la France et de la Wallonie-Bruxelles, nous avons fait venir en avion un nouveau revêtement. Il nous en a coûté 2,3 millions de dollars. Tout cela pour apprendre finalement que la France et la Wallonie-Bruxelles n’enverraient pas d’athlètes…

Aujourd’hui, qu’attendez-vous de ces Jeux de la Francophonie 2023 ?

La RDC est le plus grand pays francophone. Ces Jeux peuvent répondre à la volonté du président de la République de fédérer les pays francophones et nous remettre sur la scène internationale. Nous avons organisé en 2012 le Sommet de la Francophonie. Aujourd’hui, les Jeux. Avec ce deuxième événement, nous marquons notre présence. Nous allons en hériter des équipements et des infrastructures. Nous allons aussi gagner en expérience. Mais nous attendons maintenant un retour de la part des autres nations. Une reconnaissance. Ces Jeux ne sont pas ceux de la RDC. Ils sont d’abord ceux de tout l’espace francophone.