— Publié le 4 avril 2023

Aleksander Ceferin, vainqueur avant le coup d’envoi

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Les deux hommes s’affrontent souvent et ne se connaissent aucune sympathie l’un pour l’autre, mais leur destinée de dirigeant les rapproche. Comme Gianni Infantino le mois dernier, Aleksander Ceferin sera réélu sans une angoisse, cette semaine, pour un nouveau mandat à la présidence de l’UEFA.

A Kigali, début mars, l’Italo-Suisse au crâne rasé a prolongé son règne à la tête de la FIFA sans même avoir à compter les bulletins de vote. Il était seul candidat. A Lisbonne, ces deux prochains jours, le Slovène est lui aussi assuré d’une victoire avant même l’ouverture du scrutin. Il n’a pas un seul rival.

A 55 ans, Aleksander Ceferin sera réélu mercredi, lors du congrès de l’UEFA, pour un troisième mandat consécutif de quatre ans. Arrivé à la tête de l’instance en 2016, après le retrait forcé de Michel Platini, leader nettement plus charismatique, l’ancien juriste a rempilé une première fois en 2019.

Sa première élection l’avait obligé à batailler contre un rival, le Néerlandais Michel van Praag. Il l’avait emporté avec une confortable majorité (42 voix contre 13). La deuxième, trois ans plus tard, n’avait pas été contestée. La troisième, cette semaine, s’annonce au moins aussi confortable.

Son deuxième mandat a été dominé par un affrontement souvent frontal avec Gianni Infantino, cristallisé pendant de longs mois sur le projet de la FIFA, aujourd’hui abandonné, d’une Coupe du Monde tous les deux ans. Le prochain bail de quatre ans du Slovène à la tête de l’UEFA s’annonce, sur le papier, nettement moins conflictuel. Aleksander Ceferin pourra poursuivre la réforme du fair-play financier, et surtout mettre en musique le nouveau format de la Ligue des Champions, avec 36 équipes à partir de la saison 2024/2025 et une première phase organisée sous forme de mini-championnat.

Faute d’une élection à suspense, l’UEFA se penchera cette semaine à Lisbonne sur un sujet à l’issue plus incertaine : l’attribution de l’Euro féminin en 2025. A la différence de la FIFA, le choix de l’hôte ne revient pas aux délégués des fédérations nationales, mais aux membres du comité exécutif.

Le succès populaire et médiatique de la dernière édition du tournoi continental, organisée l’an passé en Angleterre (près de 575.000 spectateurs pour l’ensemble du tournoi, soit une moyenne supérieure à 18.500 personnes par match), explique en partie le nombre de candidatures. Quatre dossiers ont été déposés dans les temps : un quatuor de pays nordiques (Danemark, Finlande, Norvège, Suède), la France, la Pologne et la Suisse.

Sauf retournement de tendance, la victoire devrait revenir aux quatre pays nordiques. Leur projet est annoncé favori. Il s’annonce solide sur tous les aspects, sauf celui de la logistique. Un Euro dans quatre pays, l’UEFA n’en a encore jamais connu pour le football féminin. Les Scandinaves assurent que les liaisons seront rapides et faciles, en train pour l’essentiel, entre les stades des quatre nations. Crédible.

Premier outsider : la Suisse. Son dossier promet un tournoi resserré, avec l’assurance d’un impact carbone très présentable. Grand pays de gouvernance sportive, mais pas encore d’événements, la Suisse n’a jamais organisé l’Euro féminin, à la différence des pays scandinaves. Elle peut créer la surprise.

Les deux autres postulants ? Le choix de la Pologne serait risqué sur le plan géopolitique, dit-on, par sa proximité avec l’Ukraine et la Biélorussie. La France, hôte du Mondial féminin en 2019, aurait été une candidate plus que sérieuse jusqu’au printemps dernier. Mais le fiasco de la finale de la Ligue des Champions en mai 2022 au Stade de France, puis la crise de gouvernance à la Fédération française de football, où le président Noël Le Graët a été poussé vers la sortie, a fait lourdement chuter sa cote de popularité à l’UEFA.

Enfin, dernier dossier sur la table des membres du comité exécutif, ce mardi 4 avril à Lisbonne : la Biélorussie. A la différence de la Russie, elle n’est pas suspendue des compétitions européennes, malgré son soutien actif dans l’invasion militaire russe en Ukraine. Une forme d’exception, voire d’incohérence, dans un mouvement sportif international où les deux pays belligérants ont toujours été associés sur le tableau des sanctions.

Le comité exécutif devrait, en toute logique, remettre les choses en bon ordre en suspendant la Biélorussie.