— Publié le 16 mars 2023

Gianni Infantino, la victoire sans combattre

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L’histoire est déjà écrite. Elle ne laissera entrer aucune mauvaise surprise. Seul candidat à la présidence de la FIFA, Gianni Infantino sera réélu pour un nouveau mandat de quatre ans – le troisième – ce jeudi 16 mars à Kigali, au Rwanda.

Le dirigeant italo-suisse avait dû batailler face à une solide opposition, en 2016, pour succéder à Sepp Blatter à la tête de l’instance internationale du football. Quatre ans plus tard, il avait prolongé son bail sans rencontrer la moindre concurrence. Son troisième mandat débutera lui aussi par une élection sans suspense.

Les délégués des 211 fédérations membres, réunis dans la capitale rwandaise pour le 73ème congrès de l’instance, n’auront pas à choisir entre deux ou plusieurs visions du football mondial. Ils n’auront pas d’autre choix que reconduire Gianni Infantino par acclamation jusqu’en 2027, ou exprimer symboliquement leur défiance en lui refusant leurs applaudissements. Dans les deux cas, la messe est dite.

Sauf improbable scénario, l’immense majorité des délégués devrait se lever à l’annonce de l’élection et offrir à Gianni Infantino un triomphe digne d’une république bananière. Redoutable politique, l’ancien juriste a su préparer le terrain.

Il s’est assuré depuis longtemps les voix de l’Afrique, dont l’instance (CAF) est désormais dirigée par l’un de ses alliés, le Sud-Africain Patrice Motsepe. Il a sécurisé un soutien solide de la part du Moyen-Orient, où il passe une grande partie de l’année. Les Amériques lui doivent d’accueillir en 2026, aux Etats-Unis, Canada et Mexique, le premier Mondial de l’histoire à 48 équipes.

Reste le cas de l’Europe, où l’UEFA a mené l’an passé la fronde contre son projet de Mondial une année sur deux. Dans leur majorité, les Européens n’aiment pas Gianni Infantino. Ils lui encore fait savoir en fin d’année passée, avant le Mondial 2022, en multipliant les déclarations et les prises de position contre la situation des travailleurs et des droits humains au Qatar.

Seul ennui : l’UEFA n’a pas réussi à trouver un candidat crédible, et assez rassembleur, pour faire opposition à Gianni Infantino.

Il n’empêche, les seule voix discordantes au congrès de la FIFA, ce jeudi à Kigali, devaient être européennes. En tête de liste, Lise Klaveness. L’ancienne joueuse internationale, actuelle présidente de la Fédération norvégienne de football, a prévenu qu’elle ne resterait pas les bras croisés à attendre que Gianni Infantino prolonge son règne sans avoir à essuyer quelques attaques. Elle s’abstiendra de voter pour sa réélection. Surtout, elle a imposé à l’ordre du jour une discussion sur la « réparation en cas de violation des droits humains » liée aux compétitions de la FIFA. Elle souhaite entendre un bilan des décès sur les chantiers du Mondial 2022 et de leur indemnisation.

En vertu des statuts de la FIFA, Gianni Infantino ne devrait normalement pas pouvoir rester sur le trône du football mondial après 2027. Il est en effet écrit dans les textes qu’un président ne peut pas enchaîner plus de trois mandats de quatre ans. La bataille pour son successeur pourrait donc, en toute logique, débuter bien avant la fin de son troisième bail.

Mais il en faudra peut-être plus pour le pousser vers la sortie. L’Italo-Suisse a ouvert lui-même la porte à un quatrième mandat, en fin d’année passée, en expliquant le plus sérieusement du monde que son premier mandat, débuté en février 2016 après l’éviction de Sepp Blatter, n’en était pas vraiment un, puisqu’il a duré seulement trois ans. « Je suis toujours dans mon premier mandat », a-t-il confié.

A 52 ans, l’avenir lui appartient. A court terme, c’est une certitude. Pour la suite, tout est possible. Son bilan financier est inattaquable, avec des revenus à la hausse de 18 % pour l’exercice 2019-2022 et la perpective d’un Mondial 2026 plus profitable que jamais. Dans le monde du football, le reste a souvent peu d’importance.