— Publié le 9 février 2023

Paris 2024 habille les Jeux en blasons

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Bouger les lignes. L’expression est désormais incontournable, dans le discours du COJO Paris 2024 et de son président Tony Estanguet, jusqu’à en devenir un tic de langage. Mais il faut reconnaître aux organisateurs parisiens l’audace de concrétiser leurs promesses par des actes.

A 500 et quelques poignées de jours de l’ouverture des Jeux, le COJO a levé le voile, mercredi 8 février, sur l’habillage du rendez-vous olympique et paralympique. Son look, mais aussi ses accessoires, les pictogrammes des sports. Pas de doute possible, ils bougent les lignes. Et même, allez, les envoient sans ménagement dans les oubliettes de l’histoire.

Les pictogrammes, d’abord. Un « marqueur des Jeux », pour reprendre une autre expression favorite du COJO. Les Japonais en sont les inventeurs, pour en avoir imaginé une première collection à l’occasion des Jeux de Tokyo en 1964. Depuis, toutes les éditions olympiques ont repris le concept, s’autorisant seulement à lui donner un trait de crayon plus personnalisé.

Pour Paris 2024, le COJO envoie valser les habitudes. Les pictogrammes n’en sont plus. A la place, le visuel de chacun des sports ou disciplines, olympiques mais aussi paralympiques, prend l’allure d’un blason. « Une révolution conceptuelle, explique Julie Matikhine, le directrice de la marque au comité d’organisation. Nous voulons faire coïncider le sport dans sa pratique avec notre volonté créative. Un blason est un étendard derrière lequel se range toute une communauté. »

Pas moins de 62 blasons ont été dessinés par les équipes du COJO (photo ci-dessus), en collaboration avec l’agence créative W. Huit d’entre eux sont communs aux Jeux olympiques et paralympiques. Le judo, notamment. Ils pourront être statiques, à la façon d’une image, ou en mouvement. Dénominateur commun : l’absence d’athlète. A la place, un code graphique et, pour la majorité d’entre eux, un objet ou les lignes d’un équipement symbole du sport.

Le résultat peut surprendre. Au premier regard, il se révèle même assez déroutant, l’identification du blason à son sport ou sa discipline exigeant parfois quelques secondes de réflexion. Mais le temps et l’habitude devraient faire leur oeuvre.

Les blasons ont été testés avec les membres de la commission des athlètes. Julie Matikhine l’a reconnu en début de semaine, en les dévoilant à quelques journalistes en amont de leur présentation officielle : « Certains athlètes ont été perturbés en les découvrant. Puis ils ont exprimé leur fierté d’y être associés. »

Le CIO ? Pareil. La surprise, d’abord, puis un feu vert enthousiaste. « Ils n’avaient pas la moindre idée que nous travaillions ainsi, explique Julie Matikhine. Mais ils ont été ravis du résultat et de notre envie de reconnecter les Jeux avec la nouvelle génération. Le dossier des pictogrammes n’avait jamais été challengé lors des éditions antérieures. »

Le look des Jeux, maintenant (photo ci-dessus). Sur ce dossier, le COJO n’a pas cherché à réinventer la roue. Il a raisonné français, voire parisien. Le résultat tient en une formule : de la couleur, mais avec du style.

Une charte graphique a été imaginée à partir d’un seul élément de base, le pavé. Utilisé sous toutes les déclinaisons possibles, avec quatre familles de couleurs (bleu, rouge, vert et violet), il habillera les sites et les villes-hôtes. Avec un look identique pour les Jeux olympiques et paralympiques.

Une bible graphique sera distribuée, à partir de la fin du mois prochain, aux collectivités, partenaires et diffuseurs des Jeux. Les villes-hôtes pourront y piocher sans retenue pour concevoir leur habillage local, avec la liberté de fusionner leurs propres éléments, les monuments notamment, avec l’habillage proposé par Paris 2024. « Avec ce pavé et ses déclinaisons, chacun pourra ainsi écrire sa propre histoire graphique », promet Julie Matikhine.

Sur les sites de compétition, le rouge sera banni, car jugé trop voyant et mal adapté à la diffusion télé. L’habillage se fera également plus discret, surtout en premier rideau, le plus proche de l’action, pour ne pas risquer de « voler la vedette aux athlètes. » Au Stade de France, la nouvelle piste d’athlétisme sera violette. Le style Paris 2024.