— Publié le 19 décembre 2022

Pour la FIFA, vivement l’Amérique

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Le rideau est tombé, dimanche 18 décembre 2022 à Doha, sur la 22ème édition de la Coupe du Monde masculine de football. Ouverte dans une cacophonie de polémiques et d’appels au boycott, elle a été refermée par une finale au scénario ébouriffant.

La FIFA a fait ses comptes : le tournoi a attiré 3,27 millions de spectateurs dans les stades du Qatar. Dans le même temps, le Fan Festival installé au parc Al Bidda de Doha a totalisé plus de 1,8 million d’entrées (photo ci-dessus).

Avant même de connaître le nom du pays vainqueur, Gianni Infantino a ouvert sa mallette de superlatifs. La « meilleure Coupe du Monde de tous les temps », a suggéré le président de la FIFA, mettant notamment en avant la présence d’équipes de tous les continents en huitièmes de finale et l’arbitrage de Stéphanie Frappart, première femme à officier lors d’une rencontre du Mondial.

Jamais en retard d’une audace verbale, Gianni Infantino a même assuré que la période de la compétition, novembre et décembre, longtemps présentée comme une hérésie, aurait eu « un impact sur la qualité des matchs. »

La FIFA peut donc refermer le dossier Qatar 2022 sans craindre un retour de bâton. Et en ouvrir déjà un autre, présumé moins explosif et encore plus rentable. Le Mondial 2026, attribué pour la première fois à trois pays différents – Etats-Unis, Mexique et Canada – s’annonce comme un historique jackpot pour l’instance internationale.

Avec 48 équipes en phase finale – contre 32 pour l’édition 2022, mais seulement 16 jusqu’en 1978 et 24 jusqu’en 1994 -, le prochain Mondial rassemblera près d’un quart des 211 nations membres de la FIFA. Potentiellement, il pourrait proposer plus d’une centaine de rencontres.

L’augmentation du nombre d’équipes qualifiées, souhaitée par Gianni Infantino dès son arrivée à la tête de la FIFA, favorisera notamment l’Afrique (neuf places au lieu de cinq) et l’Asie (huit contre 4,5). L’Océanie sera assurée d’une place. L’Europe en gagnera trois (16 contre 13). L’Amérique du Sud progressera un peu moins (6 au lieu de 4,5). L’Amérique du Nord aura six représentants, dont les trois pays hôtes (contre 3,5 aujourd’hui). Enfin, deux billets additionnels seront attribués via les barrages.

Reste une inconnue : la formule de la phase préliminaire. Gianni Infantino l’a annoncé en fin de semaine passée depuis Doha : la projet initial de 16 groupes de trois équipes, avec deux qualifiés par poule puis des seizièmes de finale, pourrait être revu « dans les prochaines semaines« . La FIFA pourrait lui préférer une option de 12 groupes de quatre équipes. Elle ferait grimper le nombre de rencontres à plus d’une centaine sur l’ensemble du tournoi. Et, avec elles, les recettes de la compétition.

Dans tous les cas, le Mondial 2026 s’annonce comme l’anti-thèse de l’édition 2022, avec des déplacements dans trois pays, entre Vancouver et Toronto au Canada, Mexico et Guadalajara au Mexique plus une poignée de métropoles américaines, dont Los Angeles, New York, Miami et Dallas. Pas vraiment le dispositif le plus vertueux en termes de développement durable et d »empreinte carbone. Mais il semble peu probable qu’il déclenche les mêmes polémiques que la climatisation des stades du Qatar.

Autre certitude : l’argent va couler à flots. La FIFA a déjà sorti la calculette : le Mondial 2026 à 48 équipes devrait permettre d’atteindre un nouveau record de 11 milliards de dollars de budget pour l’exercice quadriennal 2023-2026. Le cycle actuel – 2019-2022 – a généré pour l’instance un chiffre d’affaires de 7,5 milliards de dollars. L’instance estime que le tournoi pourrait attirer en 2026 plus de 5 millions de spectateurs, avec un plus grande nombre de matchs, des billets plus chers et des stades plus vastes (70 à 90.000 places).

« Nous sommes convaincus d’une croissance continue« , martèle Gianni Infantino. Les chiffres lui donnent raison. Sa réélection en mars prochain à Kigali, au Rwanda, est déjà acquise, l’ancien avocat italo-suisse n’ayant aucun rival pour la présidence. Elle s’annonce triomphale.