— Publié le 23 novembre 2022

Pour Paris 2024, tout repart à la hausse

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La nouvelle semblait inéluctable. Elle a été dévoilée aux médias mardi 22 novembre au terme d’un bureau exécutif, à trois semaines du prochain conseil d’administration : le budget du COJO Paris 2024 est en hausse. Il va gonfler d’environ 10 % dans sa prochaine version, présentée le 12 décembre.

Un dixième, donc. Rien de très alarmant pour un événement d’une telle ampleur, censé « casser les codes » et changer durablement la société française. Mais les organisateurs ne peuvent plus le contester : les Jeux coûtent déjà plus cher que prévu, à un peu plus de 600 jours de l’ouverture. Et, sauf prouesse ou inversion du sens des vents, la courbe devrait encore grimper.

Les chiffres, d’abord. Face aux médias, mardi 22 novembre, les représentants du COJO ont répété que les calculs n’étaient pas encore finalisés, les trois semaines avant le conseil d’administration du 12 décembre devant permettre de gommer les dernières zones d’ombre. Mais leur « ordre de grandeur » se situe à 400 millions d’euros supplémentaires dans la colonne des dépenses.

En 2019, la première version du budget du COJO affichait la somme de 3,8 milliards d’euros. Puis le chiffre a grimpé une marche, une seule, lors de la dernière révision budgétaire, pour passer à 3,9 milliards d’euros. L’an passé, il s’approchait de très près des 4 milliards. Le mois prochain, il en sera à 4,4 milliards d’euros.

La raison ? Elle est double. La première est « contextuelle » : l’inflation. Fabrice Lacroix, le directeur administratif et financier du COJO, l’a expliqué : la moitié de la hausse des dépenses est due à l’inflation. Tous les secteurs de l’économie sont touchés, en France comme dans le reste du monde. Les Jeux de Paris 2024 ne pouvaient pas être épargnés.

L’autre moitié, soit environ 200 millions d’euros, provient de plusieurs autres aspects de la préparation des Jeux, dont les coûts ont parfois été sous-estimés ou peu anticipés. Sans rentrer dans le détail des chiffres, les organisateurs parisiens évoquent la cérémonie d’ouverture sur la Seine, la cybersécurité, « quelques sujets en termes d’énergie », ou encore les congés de reclassement des salariés du COJO.

Inquiétant ? A en croire Tony Estanguet et son équipe, pas tant que cela. Certes, les dépenses grimpent, mais le COJO l’assure avec une main sur le coeur : les recettes vont suivre la même courbe. Résultat : un budget « maitrisé« , selon l’expression du président du COJO.

Michaël Aloïsio, son directeur de cabinet, a expliqué que l’objectif de 80 % de recettes de partenariat en fin d’année 2022, pour une ambition finale de 1,1 milliard d’euros, avait déjà été atteint. Champagne. Les dernières semaines de l’année pourraient permettre de grignoter encore quelques paliers, pour dépasser la barre des 90 %.

L’arrivée d’un nouveau partenaire de premier rang, dit premium, se fait pourtant toujours attendre, le nom du groupe LVMH restant du domaine de la rumeur. Mais Michaël Aloïsio l’a précisé : « La sécurisation des contrats précède parfois leur annonce« . En clair, le COJO aurait déjà dans sa besace quelques sponsors en plus, mais leur identité est gardée secrète.

La billetterie devrait, elle aussi, permettre de donner des couleurs à la colonne des recettes. Depuis la finalisation du programme des compétitions, session par session, le COJO a entrepris avec le CIO un patient de travail de décompte des places à vendre au grand public. Tout a été revu, dont les tribunes de presse et les espaces réservés aux diffuseurs.

Le résultat ne sera pas du goût de tout le monde. Les médias, notamment, ont été informés par le CIO lors du World Press Briefing le mois dernier que les sessions à billets, où la seule accréditation n’est pas suffisante pour accéder à la zone presse, seront plus nombreuses que lors des Jeux précédents.

Le COJO l’annonce déjà comme un fait acquis : il y aura des « recettes additionnelles de billetterie« . A ce stade, elles sont pourtant encore hypothétiques, la vente des places ne devant pas débuter avant l’année prochaine.

En attendant, les organisateurs se sont lancés dans une patiente et fastidieuse « chasse au gaspi« . Elle touche tous les postes budgétaires. « Nous soulevons toutes les pierres, les grosses comme les petites« , explique Etienne Thobois.

Parmi les pistes d’économies, la mise à disposition parfois plus tardive des sites d’entraînement ; mais aussi la date d’entrée au centre des médias audiovisuels des premières équipes d’OBS, la filiale du CIO en charge de la production des images, passée de 13 à 10 mois avant le début des Jeux ; ou encore le nombre de torches nécessaires sur le relais de la flamme. Le dossier transport a lui aussi été optimisé, avec une flotte de véhicules dédiés réduite de 40% par rapport aux Jeux de Londres en 2012.

Suffisant ? Pas sûr. Le COJO ne s’en cache pas : le moment sera bientôt venu de commencer à puiser dans la « réserve pour aléas« , un pactole de 315 millions d’euros placé en lieu sûr pour les mois difficiles. « Mais il n’est pas question de la siphonner à 18 ou 20 mois des Jeux, explique Michaël Aloïsio. L’objectif reste de la maintenir à un niveau significatif pour la dernière année. »