— Publié le 9 mai 2022

En Chine, le sport reste bloqué aux frontières

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La série est spectaculaire. Elle rappelle les heures les plus sombres de l’année 2020. En l’espace de quelques heures, en fin de semaine passée, la Chine a rayé de son calendrier une généreuse poignée d’événements sportifs majeurs prévus sur son sol au cours des mois à venir.

Elle l’a fait sans ménagement, annonçant sans vraiment le dire que, les Jeux d’hiver de Pékin 2022 appartenant désormais au passé, elle pouvait disparaître jusqu’à nouvel ordre du paysage sportif international.

L’annonce la plus attendue n’a surprise personne. Elle concerne le rendez-vous majeur prévu cette année en Chine, après les Jeux d’hiver : les Jeux asiatiques. La télévision publique, CCTV, a rapporté sur son compte Weibo qu’ils ne pourraient pas se tenir en septembre prochain à Hangzhou, à moins de 200 km au sud-ouest de Shanghai.

« Le Conseil olympique d’Asie (OCA) a annoncé que les 19ème Jeux asiatiques, qui devaient initialement se tenir du 10 au 25 septembre 2022, sont reportés, a indiqué CCTV sur le réseau social chinois. Les nouvelles dates seront annoncées à une date ultérieure« .

L’OCA a confirmé l’information dans un communiqué, justifiant la décision par « la situation sanitaire » en Chine. Dans un premier temps, les organisateurs chinois avaient pourtant assuré que les Jeux asiatiques pourraient se dérouler normalement malgré la poussée des cas de COVID-19. Ils expliquaient prévoir de mettre en place une bulle hermétique semblable à celle des Jeux d’hiver de Pékin.

Mais les autorités chinoises ne semblent plus aussi prêtes à consentir pour le rendez-vous asiatique, et pour les autres compétitions de moindre envergure, les efforts et les moyens déployés pour les derniers Jeux olympiques d’hiver.

Pour preuve l’autre annonce de l’OCA : l’annulation pure et simple des Jeux asiatiques de la Jeunesse. Reportés une première fois, ils devaient se dérouler en décembre prochain dans la ville chinoise de Shantou.

Autre report, tout aussi attendu : les Jeux mondiaux universitaires d’été. Ils étaient prévus du 26 juin au 7 juillet à Chengdu. L’instance en charge du sport universitaire, la FISU, a annoncé qu’ils étaient reportés à l’année 2023.

« La décision de reprogrammer Chengdu 2021 n’a pas été prise facilement, mais c’est la bonne décision pour les athlètes universitaires, a expliqué la FISU dans un communiqué. L’incertitude persistante sur les conditions a fait du report le choix le plus judicieux. »

Le reste est à l’avenant. Arc-boutée sur sa stratégie du zéro COVID, la Chine se ferme au mouvement sportif international. Elle ne tolère plus la moindre exception. Aux fédérations internationales de s’adapter à ses règles sanitaires, par des reports ou en dénichant un plan B.

Exemple : World Athletics. L’instance mondiale de l’athlétisme a annoncé un nouveau calendrier de la Ligue de Diamant, son premier circuit des meetings d’un jour. Parrainé depuis l’édition 2020 par le conglomérat chinois Wanda, pour une période de dix ans, il comptait dans son programme initial deux étapes en Chine : Shanghai le 30 juillet, puis Shenzhen le 6 août. Elles sont toutes les deux annulées.

La première disparaît du calendrier pour l’année 2022. La seconde est conservée, mais en changeant radicalement de lieu. A défaut de découvrir Shenzhen, les athlètes poseront leurs sacs à Chorzow, en Pologne. Le Kamila Skolimowska Memorial, une réunion inscrite à l’origine au calendrier Gold Continental Tour, grimpe d’un rang et accède à la Ligue de Diamant. Elle se déroulera le 6 août.

World Triathlon n’a pas eu les mêmes ressources. L’instance mondiale du triathlon a annoncé au cours du weekend l’annulation pure et simple des deux étapes chinoises du circuit mondial : les Championship Series de Chengdu et la World Triathlon Cup de Weihai. Elles devaient avoir lieu en septembre et octobre 2022.

La suite s’annonce de la même veine. La Chine s’efface, au moins jusqu’à l’automne prochain. Elle laisse un grand vide.