— Publié le 6 février 2022

A Pékin, l’isolement n’aurait plus rien d’humain

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Le feuilleton est connu, mais il n’en reste pas moins très suivi. A Pékin, les organisateurs des Jeux d’hiver 2022 en sont encore à compter sur leurs dix doigts le nombre d’épreuves disputées jusqu’au bout. Mais, après seulement quelques jours de compétition, ils essuient les critiques de plusieurs délégations étrangères quant aux conditions d’isolement des athlètes contrôlés positifs au COVID-19. L’été dernier, les Japonais de Tokyo 2020 sont passés par là. Ils s’en sont remis.

L’une des salves les plus violentes a été envoyée par l’équipe allemande. Le chef de mission aux Jeux de Pékin, Dirk Schimmelpfennig, n’a pas mâché ses mots pour évoquer le cas de l’une des figures de la délégation, Eric Frenzel, le triple champion olympique de combiné nordique. Testé positif au COVID-19, il a été placé en isolement en dehors du village des athlètes, comme le prévoient les règles sanitaires prévues par le Chinois au sein de la bulle olympique.

A en croire Dirk Schimmelpfennig, les conditions de séjour imposées à Eric Frenzel seraient « inacceptables« . La chambre d’hôtel, notamment, serait trop petite, la connexion wifi de mauvaise qualité et la nourriture servie au skieur allemand tout juste passable.

« Nous sommes en pourparlers intensifs avec le CIO et le BOCOG (le comité d’organisation), tant au niveau opérationnel que politique, pour obtenir des améliorations« , a confié le chef de mission allemand.

Visiblement embarrassé, le CIO a répondu aux critiques par la voix de Christophe Dubi, le directeur exécutif des Jeux olympiques. Le Suisse a reconnu que les conditions d’isolement n’étaient pas « assez bonnes« . Mais, diplomate, il a relevé que les organisateurs chinois avaient déjà apporté « beaucoup d’améliorations« .

« Nous avons entendu et discuté avec le comité olympique allemand, a assuré Christophe Dubi. Entre-temps, la situation a été réglée. Mais nous allons nous assurer que cela ne se produise pas. Il est très malheureux que cela ait affecté un athlète. Soyons très minutieux à l’avenir pour nous assurer que les conditions d’accès à Internet, la nourriture et la taille des chambres soient parfaits, tout comme l’équipement pour l’entraînement. Les athlètes souffrent déjà assez dans ces conditions. »

La délégation du Comité olympique de la Russie (ROC) s’est joint elle aussi au débat. L’une des engagées en skeleton, Valeria Vasnetsova, placée en isolement après avoir été testée positive, n’a pas vraiment fait dans la nuance pour critiquer la nourriture servie à sa porte. « J’ai mal au ventre, je suis très pâle et j’ai d’énormes cercles noirs autour des yeux, a-t-elle posté sur son compte Instagram. Je pleure tous les jours. Je suis très fatiguée« .

Autre volée de critiques : la Finlande. En cause, les conditions de quarantaine imposées à l’un des joueurs de l’équipe de hockey, Marko Anttila. Le coach de la sélection olympique n’a pas retenu ses mots pour assurer que la Chine ne respectait pas les droits humains du malheureux joueur. Marko Anttila a été testé positif plus de deux semaines avant son arrivée à Pékin. Il a ensuite présenté plusieurs tests négatifs avant son départ pour la Chine. Mais le Finlandais s’est révélé infecté par le virus à son arrivée dans le capitale chinoise.

« Marko a été avec notre équipe pendant environ une semaine avant notre arrivée à Pékin, où il était négatif, a expliqué Jukka Jalonen, l’entraîneur finlandais. Il était avec les autres joueurs et le groupe de coachs. Personne n’a été infecté. Nous savons qu’il est en pleine santé et prêt à nous rejoindre. Nous pensons que la Chine, pour une quelconque raison, ne respecte pas ses droits humain. »

Même incompréhension du côté du médecin de l’équipe finlandaise. « D’un point de vue médical, nous savons qu’une personne comme lui ne présente plus de danger pour l’équipe, insiste Maarit Valtonen. Ces décisions d’isolement ne sont pas basées sur la médecine ou la science, elles sont culturelles et politiques. »