— Publié le 11 mai 2021

Pour Thomas Bach, un report bien malvenu

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Sombre début de semaine pour les organisateurs des Jeux de Tokyo. A moins de 80 jours de la cérémonie d’ouverture, les nuages continuent de noircir l’horizon. Avec une succession d’événements, en une poignée d’heures, peu rassurants pour la suite du feuilleton.

Première annonce, dévoilée dès la fin de la semaine passée par Seiko Hashimoto, la présidente du comité d’organisation des Jeux : Thomas Bach ne se rendra plus au Japon la semaine prochaine. Le président du CIO devait se poser à Hiroshima, lundi 17 mai, pour assister au passage de la flamme olympique. Il devait ensuite rallier Tokyo pour une série de rencontres très officielles, avec notamment le Premier ministre, Yoshihide Suga, et la gouverneure de la capitale, Yuriko Koike.

Les organisateurs des Jeux l’ont annoncé lundi 10 mai : la visite de Thomas Bach est repoussée. En cause, la prolongation de l’état d’urgence, à Tokyo et dans plusieurs autres préfectures, jusqu’au 31 mai. Il aurait dû prendre fin ce mardi 11 mai.

Selon le communiqué du comité d’organisation, le séjour du président du CIO sera reprogrammé « dès que possible ». Mais pas avant le mois de juin, semble-t-il.

En soi, le report de la visite de Thomas Bach n’a rien de déterminant dans la préparation des Jeux. Mais il envoie un signal inquiétant. Difficile, en effet, d’imaginer l’entrée dans le pays de dizaines de milliers d’athlètes, entraîneurs, officiels, partenaires et médias venus du monde entier, dès la mi-juillet, alors que la venue deux mois plus tôt du président du CIO est jugée trop risquée.

Autre mauvaise nouvelle pour les organisateurs : le débat sur la tenue des Jeux glisse vers le terrain politique. Toujours périlleux.

Yukio Edano, le leader du principal parti d’opposition japonais, a interpellé le Premier ministre, lundi 10 mai, pour suggérer qu’il ne serait pas possible d’organiser les Jeux en toute sécurité.

« Malheureusement, nous sommes obligés de dire aujourd’hui qu’il est impossible de protéger la vie, la santé et les moyens de subsistance du peuple japonais tout en organisant les Jeux olympiques et paralympiques, a lancé le chef du Parti démocratique constitutionnel, lors d’une session parlementaire. Il serait inacceptable que la tenue des Jeux avec des mesures sanitaires insuffisantes permette l’introduction de nouvelles variantes du coronavirus depuis l’étranger. »

La veille, Yukio Edanoa avait profité d’une émission de télévision en ligne pour ouvrir les hostilités, suggérant que l’arrivée au Japon d’athlètes et de membres de l’encadrement venus du monde entier ressemblerait à une « exposition » des variants hautement contagieux découverts en Grande-Bretagne, en Afrique du Sud et en Inde. Le dirigeant politique avait estimé que ces visiteurs ne devraient pas être exemptés d’une période de quarantaine à leur entrée au Japon.

Dans le même temps, un autre membre du Parti démocratique constitutionnel, Kazunori Yamanoi, s’en est pris lui aussi directement au Premier ministre, l’accusant d’avoir mis la tenue des Jeux au premier plan de ses préoccupations, au détriment de la lutte contre le COVID-19.

Yoshihide Suga s’en est défendu. Il a par ailleurs répété que tous les étrangers présents à Tokyo pour les Jeux seraient tenus de suivre les directives strictes imposées par le comité d’organisation, à la demande du gouvernement, sous peine d’être sévèrement sanctionnés.

« Il est de ma responsabilité de mettre en œuvre ces mesures pour préserver la vie et la santé du peuple japonais et de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que les Jeux se déroulent en toute sécurité », a déclaré le Premier ministre. Le refrain est connu. Mais il peine à rassurer.