— Publié le 5 février 2021

Dakar 2026, reculer pour mieux sauter

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Le temps s’est mis en pause pour le mouvement olympique africain. Le continent devait accueillir l’an prochain les premiers Jeux de son histoire. Les Jeux d’été de la Jeunesse, attribués par le CIO à la capitale du Sénégal, Dakar. Mais la crise sanitaire a fait voler en éclats le calendrier, et avec lui les rêves d’une génération de jeunes athlètes africains. L’événement a été repoussé de quatre ans. Dakar 2022 est devenu Dakar 2026.

Quelles conséquences pour les organisateurs ? Quels changements dans la préparation ? Invité de la Global Sports Week, Ibrahima Wade, le coordinateur général des Jeux de la Jeunesse à Dakar, a répondu depuis le Sénégal aux questions de FrancsJeux.

FrancsJeux : Comment allez-vous utiliser les quatre années supplémentaires dont vous disposez pour organiser les Jeux de la Jeunesse ?

Ibrahima Wade : Nous allons les mettre à profit pour nous concentrer plus encore sur l’héritage. Avec les Jeux en 2022, tous nos efforts auraient été consacrés à la préparation de l’événement. Nous aurions dû en permanence surveiller le compte-à-rebours. Avec quatre années de plus, nous allons encore plus impliquer la jeunesse sénégalaise. L’âge moyen du personnel du comité d’organisation sera très bas, seulement 25 ou 26 ans. Nous allons aussi insister plus nettement sur la durabilité de l’événement. Enfin, nous avons plusieurs initiatives en tête, dont une caravane des Jeux, qui sillonnerait les régions du Sénégal et pourrait même visiter certaines capitales africaines.

Le report des Jeux à l’année  2026 a-t-il ralenti, voire mis en pause, le processus de recrutement au sein du comité d’organisation ?

Le comité d’organisation a été officiellement créé le 28 février 2020. A l’origine, il avait été décidé avec le CIO que nous serions une quarantaine de permanents au 1er avril, pour cette première année. Mais après la décision du report de quatre ans, prise en juillet dernier, nous avons revu notre stratégie de recrutement. Aujourd’hui, le comité d’organisation emploie 15 personnes. Cela peut paraître très peu, mais nous avons fait le choix d’un fonctionnement original, en nous appuyant sur des services et des compétences extérieurs, notamment au niveau de l’Etat. Par ailleurs, le projet de Dakar 2022 a été construit sur des infrastructures déjà existantes. Nous avons seulement quelques équipements à réhabiliter. Pour cela, nous avons conclu un accord de coopération avec l’Agence française de développement (AFD). Mais nous allons profiler à nouveau notre feuille de route, sur la question des effectifs, à partir de 2024.

Quel est l’impact de ces quatre années supplémentaires sur votre budget ?

Après la décision du report, nous avons revu tout notre budget. Mais il ne va pas augmenter. Aujourd’hui, nous restons sur la même structure budgétaire. Les dépenses pourraient même baisser, car nous avons plus de temps pour étudier des moyens de financement différents. Nous allons notamment essayer de faire prendre en charge par certaines institutions des tâches et des dépenses qui auraient dû nous revenir. L’Union européenne, par exemple, pourrait nous accompagner pour le recrutement et la formation des volontaires. La Banque africaine de développement, également, peut nous aider. Ses dirigeants ont pris conscience de l’importance du sport comme outil de développement.

L’histoire a démontré que les pays africains avaient souvent du mal à livrer à temps leurs événements. Aurez-vous les mêmes problèmes ?

Nous avions prévu, à l’origine, de livrer les équipements au plus tard cinq mois avant les Jeux de la Jeunesse, soit en juillet 2022. Nous aurions eu du mal, mais nous aurions été prêts. Avec quatre ans en plus, nous le serons d’autant plus.

Le report des Jeux à l’année 2026 va priver toute une génération de jeunes athlètes sénégalais de l’opportunité de disputer à domicile leurs premiers Jeux olympiques. Est-ce une grande déception ?

Bien sûr. Une déception également pour moi, car je suis aussi vice-président du comité olympique sénégalais. Les fédérations sportives nationales avaient commencé à travailler. Le coup a été rude. Mais nous les encourageons à continuer. Les Jeux Africains ont été confirmés en 2022, ils se tiendront à Addis-Abeba. La génération qui aurait dû disputer les JOJ de Dakar 2022 ne sera pas perdue, nous allons la préparer pour les Jeux olympiques de Paris 2024 et Los Angeles 2028. Surtout, nous allons encore mieux pouvoir préparer nos jeunes athlètes pour Dakar 2026. Un programme d’immersion, destiné également aux cadres techniques, est en discussion avec l’INSEP à Paris. Il pourrait se dérouler entre le Sénégal et la capitale française. Et nous allons pouvoir lancer un vaste de programme de détection des jeunes talents pour Dakar 2026.