— Publié le 3 juillet 2020

Pour Paris 2024, la prudence d’hier est devenue réalisme

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Thomas Bach se rendra à Paris, en milieu de semaine prochaine. Le président du CIO doit rester deux jours dans la capitale française, mercredi 8 et jeudi 9 juillet. Son programme détaillé reste enveloppé d’une zone d’ombre, mais le dirigeant allemand devrait être reçu à l’Elysée par Emmanuel Macron.

Selon le COJO Paris 2024, la visite de Thomas Bach n’était pas prévue de longue date. Hasard ou pas, elle intervient moins de deux semaines après la victoire d’Anne Hidalgo aux élections municipales dans la capitale. Le président du CIO en profitera peut-être pour lui répéter de vive voix ses félicitations, envoyées par écrit au lendemain du scrutin.

Pour le reste, Thomas Bach va découvrir à Paris un COJO plongé dans les chiffres. Pandémie oblige, les organisateurs des Jeux de Paris se livrent depuis plusieurs semaines à un patient travail de révision du projet. « Mais sans en perdre l’identité », assure l’un des cadres de la maison.

Héritage, célébration, durabilité, services aux athlètes… Tony Estanguet reste fidèle à la vision de la candidature. Il aurait dû le répéter une nouvelle fois jeudi 2 juillet devant le bureau exécutif. Mais la réunion a été reportée en raison des changements dans l’équipe municipale. La réunion du conseil d’administration de Paris 2024, prévue jeudi 9 juillet, a elle aussi été décalée dans le temps.

A Paris, la semaine prochaine, Thomas Bach ne va pas seulement serrer les mains d’organisateurs pressés de réaliser des économies, estimées selon un proche du dossier cité par l’AFP à « environ 10 % du budget », soit 3 à 400 millions d’euros.

Le président du CIO va également constater que la liste des partenaires privés du COJO n’a pas beaucoup bougé depuis l’an passé. Elle compte deux sponsors dits premium, la BPCE et EDF, plus deux partenaires officiels, Le Coq Sportif et la FDJ. Etrangement, le dernier de la liste, la FDJ, ne figure pas sur le site Internet officiel de Paris 2024, à la différence des trois autres.

Au COJO, le discours se veut rassurant. « On avance plutôt bien, assurait jeudi 2 juillet un membre de la direction. La crise sanitaire n’a pas gelé les discussions (avec les potentiels partenaires). Nous espérons avoir finalisé des contrats avant la fin de l’année et pouvoir alors annoncer des bonnes nouvelles. » Le prochain partenaire devrait être Orange. L’annonce pourrait intervenir avant la fin de l’été.

Le COJO n’a pas modifié son plan marketing. Il compte toujours trois rangs : partenaires premium, partenaires officiels et supporteurs officiels. Le ticket d’entrée, estimé à un minimum de 100 millions d’euros pour la catégorie la plus haut placée, serait lui aussi inchangé. « Mais le calendrier et la stratégie d’approche ne sont plus tout à fait les mêmes », explique-t-on à la direction du COJO.

A l’origine, les organisateurs espéraient avoir finalisé l’essentiel, sinon la totalité, des contrats premium pour les Jeux de Tokyo 2020. La pandémie de COVID-19 et le report de l’événement olympique ont ralenti la manœuvre.

Inquiétant ? A ce stade, pas encore. Mais les organisateurs ne s’en cachent pas : la crise économique va les contraindre à revoir leurs ambitions. En début de course, le COJO s’était fixé l’objectif d’atteindre 1,08 milliard d’euros en partenariat privé. Le chiffre semblait raisonnable, voire prudent. Les Japonais de Tokyo 2020 en sont actuellement à trois fois plus. Aujourd’hui, pourtant, il apparaît comme une cible nettement moins accessible. Un membre de la direction en convient : « Ce qui était prudent avant la crise sanitaire devient désormais réaliste, voire ambitieux. »