— Publié le 5 novembre 2019

Pour Paris 2024, la France lorgne déjà sur l’héritage

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La date sera vite oubliée. Elle est seulement symbolique. Mais l’événement est d’importance. Lundi 4 novembre, sous un ciel sans soleil, le Premier ministre français, Edouard Philippe, a donné le coup d’envoi des travaux de construction du village des athlètes des Jeux de Paris 2024.

Il l’a fait dans les temps. A la date exacte et à l’heure dite, précise la SOLIDEO, la société de livraison des ouvrages olympiques. Les retards, s’il doit y en avoir, viendront plus tard.

Preuve de la symbolique du geste, Edouard Philippe a fait le court voyage vers la Seine-Saint-Denis accompagné ou suivi par un imposant bataillon de ministres, d’élus et de personnalités du mouvement sportif. Citons, sans souci d’un ordre protocolaire, la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, son collègue chargé de la Ville et du Logement, Julien Denormandie, la secrétaire d‘État chargée des Personnes handicapées, Sophie Cluzel, la maire de Paris, Anne Hidalgo, le délégué spécial de la région Île-de-France chargé des Jeux, Vincent Roger, le président du CNOSF, Denis Masseglia.

Nicolas Ferrand, le directeur général de la SOLIDEO, a joint le geste à la parole pour détailler le pourquoi et le comment d’un village des athlètes destiné à devenir à partir de 2025 un nouveau quartier de 3.000 logements. Tony Estanguet, le président du COJO Paris 2024, a observé la scène sans quitter un sourire de circonstance.

Comme attendu, Edouard Philippe a parlé héritage. A moins de 5 ans des Jeux, l’après Paris 2024 est déjà érigé en priorité. Le CIO appréciera. « Si on veut que les Jeux soient réussis, il faut que toute cette organisation, ces financements, cette mobilisation, ne disparaissent pas au moment où la flamme olympique va s’éteindre, a suggéré le Premier ministre. Il faut que tout ça dure. Il faut qu’il reste quelque chose. Ce quelque chose sera matériel: les équipements publics et ce village de 51 hectares. Mais c’est aussi des pratiques, des politiques publiques et notamment le fait de redévelopper la pratique sportive chez nos concitoyens. »

L’héritage, donc. Matériel et immatériel. En béton et en muscles. Comment ? La réponse a été apportée ce même lundi 4 novembre, résolument très olympique, au terme d’un conseil interministériel dédié à l’héritage des Jeux de Paris 2024.

Dans la matinée, Edouard Philippe a dégainé une impressionnante collection de 170 mesures en lien avec les Jeux. Elles sont destinées à transformer à jamais la société française, ses champions et ses anonymes, en machines à gagner pour les premiers, en adeptes de l’effort physique pour tous les autres.

La palette est large. Parmi les mesures déjà connues, la création d’une cellule à Pôle Emploi dédiée aux postes liés aux Jeux de Paris 2024 ; un plan « aisance aquatique » (élégante formule) destiné à lutter contre les noyades ; un plan vélo ; un système de défiscalisation pour faciliter le sport en entreprises et les inciter en échange d’une exemption de charges à se doter d’équipements sportifs, de douches et de vestiaires.

Au rayon des nouveautés, le panier présenté par Edouard Philippe pèse d’un bon poids. L’école figure en bonne place, avec la hausse annoncée (et chiffrée) du nombre de sport-études (plus de 1000 nouvelles sections à échéance 2024), mais aussi la mise en place de nouveaux rythmes scolaires où l’après-midi serait consacré à la pratique sportive. Cent cinquante classes se sont déjà portées volontaires pour une première phase d’expérimentation.

Moins classique, la décision du gouvernement de déclarer septembre 2020 « mois de l’activité physique et sportive. » Les Français seront invités à se bouger, histoire d’atteindre l’objectif national d’une réduction de 20% du nombre des adultes passant plus de 3 heures par jour devant leur écran en dehors du travail.

Pour le haut niveau, une enveloppe de 20 millions d’euros sera allouée à un programme de recherche sur la haute performance sportive. Il est destiné à accroître les chances de médailles françaises aux Jeux de 2024. Toujours bon à prendre, même si le chantier de la recherche sportive, à la différence des travaux du village des athlètes, semble accuser un certain retard.