— Publié le 5 décembre 2018

Pour le marketing, le CIO ne connaît pas la crise

Institutions Focus

Les faits le confirment sans l’ombre d’un doute : la perception des Jeux olympiques se révèle très différente, voire opposée, selon l’angle de vision choisi. Les candidatures se raréfient, jusqu’au risque de pénurie, preuve de la défiance du public et des pouvoirs politiques à l’égard de l’événement. Mais, dans le même temps, les anneaux continuent à faire saliver d’envie les plus grandes entreprises de la planète.

Mardi 4 décembre, le CIO a annoncé via un communiqué le prolongement de son contrat de partenariat avec Samsung, le géant sud-coréen de l’électronique. L’accord entre les deux parties arrivait à son terme après les Jeux de Tokyo en 2020. Il a été étendu d’un nouveau bail de 8 ans.

Samsung restera membre du programme TOP du CIO pour les Jeux de Pékin 2022, Paris 2024, Milan/Cortina ou Stockholm 2026, Los Angeles 2028. Le groupe coréen sera également associé à toutes les éditions des Jeux de la Jeunesse jusqu’en 2028. Il reste aussi partenaire mondial du Comité international paralympique (IPC), prolongeant ainsi une relation débutée en 2006.

Bonne nouvelle pour les futurs sélectionnés olympiques : Samsung poursuivra son programme de téléphonie, en distribuant aux athlètes des éditions limitées de son Galaxy à chaque édition des Jeux olympiques et paralympiques, hiver comme été.

L’annonce a eu lieu à Séoul, à l’occasion d’une cérémonie à laquelle ont participé Thomas Bach et le vice-président de Samsung Electronics, Jay Y. Lee, mais aussi le Japonais Tsunekazu Takeda, le président de la commission marketing du CIO.

Selon plusieurs médias coréens, l’accord aurait pu ne jamais être concrétisé. Les dirigeants de Samsung rechignaient à prolonger un partenariat de plus en plus coûteux. Les Jeux de PyeongChang bouclés, ils auraient volontiers tourné la page de l’olympisme après Tokyo 2020.

Mais la pression aurait été politique. Selon l’agence Yonhap, citant un « observateur » du mouvement olympique, le gouvernement de Séoul aurait cherché à inverser la position des dirigeants du groupe, mettant en avant la probable candidature conjointe des deux Corée aux Jeux d’été en 2032.

« Il aurait coûté à Samsung Electronics de suspendre son parrainage, alors que les hommes politiques et la société demandent que l’entreprise contribue à la paix sur la péninsule coréenne par le biais de l’organisation conjointe des Jeux olympiques d’été de 2032″, suggère cet observateur.

Selon plusieurs sources, Samsung envisagerait déjà de prolonger de quatre nouvelles années son contrat avec le CIO, dans l’éventualité où les deux Corée se verraient attribuer l’organisation des Jeux en 2032. Le groupe électronique a mis pour la première fois le pied sur le terrain olympique en 1988, en devenant sponsor national des Jeux de Séoul. Il a rejoint le programme TOP du CIO en 1998.

Avec ce nouveau contrat, le CIO peut observer avec confiance la ligne de l’horizon. Son carnet de commandes affiche complet. Ses caisses sont menacées d’explosion. Trois membres du programme TOP sont engagés jusqu’en 2028 : le Chinois Alibaba, l’Allemand Allianz, un nouveau venu, et le Sud-Coréen Samsung. Deux autres voient encore plus loin, avec des contrats signés jusqu’en 2032 : le Suisse Omega et l’Américain Visa.

En parallèle, le groupe américain NBCUniversal a prolongé en 2014 son contrat avec le CIO pour l’exclusivité aux Etats-Unis des droits de diffusion des Jeux. Il porte lui aussi jusqu’à l’édition 2032. Montant : 7,65 milliards de dollars pour la période 2021-2032, plus une prime à la signature d’une centaine de millions de dollars.

La course aux Jeux d’hiver en 2026, passée en quelques mois de sept à seulement deux candidats, le démontre : le CIO et l’olympisme traversent une période de gros temps. Mais les affaires, elles, continuent comme avant. Elles se portent même mieux que jamais.