— Publié le 19 octobre 2018

« Les Jeux Européens, la Grèce y pensera plus tard »

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L’actualité du mouvement olympique ne se réduit pas seulement aux Jeux olympiques de la Jeunesse à Buenos Aires et à la campagne pour les Jeux d’hiver en 2026. L’organisation Peace and Sport a planté jeudi 18 octobre, sur l’île grecque de Rhodes, le décor de son forum régional 2018. L’occasion de débattre de la place du sport comme outil de paix et d’intégration dans le bassin méditerranéen, une zone géographique très affectée par la crise des réfugiés.

Parmi les intervenants invités par Peace and Sport, le président du comité olympique grec, Spyros Capralos (photo ci-dessus). L’ancien joueur de water-polo, considéré comme l’un des dirigeants les plus influents du mouvement olympique européen, a répondu aux questions de FrancsJeux.

FrancsJeux : En votre qualité de citoyen grec et de président d’un comité national olympique, que vous inspire le concept de paix par le sport ?

Spyros Capralos : Les Jeux olympiques sont nés en Grèce. Le pays reste le berceau de la flamme. Il incarne l’idée de trêve olympique. Je me sens donc très proche du concept de paix par le sport. Et j’en soutiens pleinement toutes les initiatives. Nous avons eu maintes fois l’occasion de démontrer, au cours des dernières années, notre engagement dans cette cause. Avant les Jeux de Rio, au printemps 2016, nous avions souhaité que la flamme olympique traverse un camp de réfugiés près d’Athènes, avant de s’envoler vers le Brésil. J’en conserve un souvenir extrêmement fort. Nous avons contribué à la formation d’équipes de basket et de football dans ce camp. A mes yeux, il ne fait aucun doute que le sport peut constituer un élément déterminant dans le processus d’intégration des migrants.

La Grèce a été particulièrement concernée par la crise des réfugiés, notamment l’an passé. Quel rôle avez-vous joué, avec le comité national olympique, pour imaginer des solutions ?

Nous avons travaillé main dans la main avec le CIO et la Solidarité olympique sur l’île de Lesbos, où le camp de Moria a hébergé l’an passé plus de 6.000 réfugiés. Avec le soutien financier de ces deux partenaires, nous avons pu construire un terrain de football. Depuis, les équipes locales et celles constituées de migrants s’y retrouvent régulièrement pour disputer des rencontres.

Le comité olympique grec a traversé une période difficile en 2017. Dans quel état est-il aujourd’hui ?

Une élection présidentielle a été organisée. J’ai été réélu sans opposition pour un nouveau mandat. Aujourd’hui, la priorité est d’assurer l’avenir du sport grec. Les signaux actuels sont très encourageants. Nos athlètes ont remporté trois médailles d’or aux Jeux de la Jeunesse 2018 à Buenos Aires, les trois premières de la Grèce dans cette compétition. Aujourd’hui, nous nous projetons vers les Jeux de Tokyo 2020, avec l’ambition d’envoyer une délégation d’au moins 100 athlètes.

Près de 15 ans ont passé depuis les Jeux d’Athènes 2004. La Grèce est-elle prête à postuler à nouveau à des événements majeurs du calendrier international ?

Non. Il est encore trop tôt pour y penser. Après la crise financière que nous avons vécue, les gens ne comprendraient pas que nous envisagions de postuler à des événements sportifs majeurs. Nous allons organiser l’an prochain les Jeux méditerranéens de plage. Nous verrons comment les choses se passent.

Vous présidez la commission de coordination des Jeux Européens 2019 à Minsk. Un tel événement pourrait-il intéresser la Grèce dans un avenir proche ?

Non. Je le répète, nous ne sommes pas prêts. Nous pourrons réfléchir à une candidature aux Jeux Européens à moyen terme, mais aujourd’hui un tel projet n’est pas d’actualité. Il faut savoir que le gouvernement grec a cessé en 2010 de subventionner notre comité national olympique. Depuis, nous ne recevons pas un sou d’argent public. Pour compenser, nous avons mis en place plusieurs programmes d’aide aux sportifs de haut niveau. L’un d’eux, baptisé « Adoptez un athlète », a été lancé avant les Jeux de Rio 2016. Nous l’avons renouvelé pour Tokyo 2020. Il a donné des résultats très visibles : aux Jeux de Rio 2016, les six médaillés grecs en avaient tous bénéficié.