Candidatures

Pour le Mondial 2026, l’Amérique avance en reculant

— Publié le 16 mars 2018

Après le CIO, la FIFA. Après les Jeux, le Mondial de football. La crainte des dérapages budgétaires ne touche plus seulement le mouvement olympique. Le monde du ballon rond est frappé à son tour. Surprise: le phénomène affecte l’Amérique du Nord, où les grands événements sportifs sont pourtant l’affaire du secteur privé.

Ce vendredi 16 mars, les deux dossiers de candidature à la Coupe du Monde de football en 2026 doivent être envoyés à la FIFA. Le Maroc a devancé l’appel d’une journée. Moulay Hafid Elalamy, le président du comité de candidature, l’a annoncé jeudi sur son compte Twitter: « Envoi du bid book à la Fifa ». Une conférence de presse est prévue samedi 17 mars à Casablanca. Elle doit dévoiler tous les détails du projet marocain.

Le trio américain suivra ce vendredi. Etats-Unis, Canada et Mexique ont levé un coin du voile, hier, en révélant la liste des 23 villes retenues dans le projet. Sans surprise, l’équilibre géographique du dossier penche nettement vers les Etats-Unis. Pas moins de 17 villes américaines ont été sélectionnées: Arlington (Texas), Atlanta, Baltimore, Cincinnati, Denver, East Rutherford (New Jersey), Foxborough (Massachusetts), Houston, Inglewood ou Pasadena (Californie), Kansas City (Missouri), Landover (Maryland), Miami, Nashville (Tennessee), Orlando, Philadelphie, Santa Clara (Californie), et enfin Seattle.

Côté canadien, trois villes figurent dans la liste: Edmonton dans l’Alberta, Montréal et Toronto. Enfin, le dossier est complété par trois villes mexicaines: Guadalajara, Mexico et Monterrey.

Précision: seulement deux des villes choisies par le projet commun des trois pays avaient accueilli des rencontres au Mondial 1994 aux Etats-Unis: Pasadena (Rose Bowl) et Orlando (Citrus Bowl).

Jusque-là, le projet semble solide. Les Américains annoncent une capacité moyenne de 68.000 spectateurs dans les stades retenus, avec trois enceintes à 87.000 places ou plus. Dans le camp opposé, le stade marocain le plus vaste, à Casablanca, affiche une capacité de 67.000 places. Mais la FIFA exige au moins 80.000 sièges pour le match d’ouverture et la finale.

Selon les estimations, la FIFA obtiendrait environ 300 millions de dollars de plus en droits de télévision en Amérique du Nord qu’au Maroc. A l’inverse, il est acquis que le fuseau horaire marocain serait nettement plus favorable aux diffuseurs en Europe et en Asie.

Mais, surprise, les derniers jours ont révélé que les villes nord-américaines ne se bousculaient pas pour prendre part à l’aventure. Aux Etats-Unis, Chicago et Minneapolis se sont désistées. Les deux métropoles ont expliqué ne pas avoir obtenu de la FIFA les garanties nécessaires quant à l’engagement budgétaire des autorités locales. En clair, elles ne veulent pas risquer de faire peser sur leurs contribuables la moindre pression fiscale. Parmi ces deux retraits, celui de Chicago se révèle le plus emblématique, la capitale de l’Illinois abritant le siège de la Fédération américaine de football (US Soccer).

Même tendance au Canada. En Colombie Britannique, le gouvernement a annoncé en milieu de semaine se retirer de la course. Vancouver ne participera donc pas au projet. La ville avait pourtant accueilli la finale de la Coupe du Monde féminine de football en 2015.

Plus étonnant: le cas Edmonton. La ville de l’Alberta figure officiellement dans la liste présentée jeudi par les porteurs du projet américain. Mais quelques heures seulement après la révélation des sites retenus, le gouvernement de l’Alberta a annoncé qu’il ne soutiendrait pas financièrement le projet. Ricardo Miranda, le ministre de la Culture et du Tourisme, a fait savoir via un communiqué que les informations dont il disposait étaient « encore insuffisantes » pour être certain que l’événement ne laisserait pas une ardoise à effacer par les contribuables. Edmonton pourrait donc prochainement disparaître de la liste, laissant seulement Montréal et Toronto représenter le volet canadien.

A moins de trois mois du vote de la FIFA, prévu le 13 juin à Moscou, les deux dossiers n’ont sans doute jamais été aussi proches. Le projet américain semblait multiplier les atouts. Il révèle actuellement ses faiblesses.