— Publié le 8 mars 2018

Au jeu de la parité, le cyclisme montre l’exemple

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Subtil timing. Mercredi 7 mars, veille de la Journée internationale des femmes, les organisateurs du Tour de Grande-Bretagne cycliste (Tour of Britain) ont annoncé avec une pointe fierté ce qui a longtemps semblé impossible: le montant des primes distribuées lors de la prochaine édition de l’épreuve féminine sera égal à celui de la course masculine. Preuve que le cyclisme, longtemps montré du doigt pour un certain penchant misogyne, prend lui aussi le chemin de la parité.

Certes, les montants restent modestes. Pour l’édition 2018, prévue du 13 au 17 juin, la course à étapes britannique proposera un « prize money » total de 90.000 euros. Pour la première fois, il sera identique à la grille de la version masculine, à l’euro près, pour toutes les récompenses. Ces dernières années, l’épreuve féminine se contentait de partager 35.000 euros entre les meilleures concurrentes.

Commentaire de Lizzie Deignan, l’ancienne championne du monde sur route, victorieuse du Tour en 2016: « Cette course est la plus connue et reconnue du cyclisme professionnel en Grande-Bretagne. Parvenir à une vraie parité des primes distribuées constitue un pas en avant décisif. Il était temps que les filles obtiennent ce qu’elles méritent. »

Hasard du calendrier: l’annonce des Britanniques intervient au moment choisi par les organisateurs de l’Evian Championship, l’un des tournois majeurs du circuit professionnel féminin de golf, disputé en Savoie, pour dévoiler eux aussi un coup de pouce sur les rémunérations. La prochaine édition, prévue au mois de septembre 2018, sera marquée par une hausse des primes de 200.000 dollars. La suivante, en juillet 2019, bénéficiera d’un nouveau bonus, annoncé à 250.000 dollars. Le montant du « prize money » atteindra alors 4,1 millions de dollars, le deuxième plus élevé des cinq étapes du Grand chelem, juste derrière l’US Open.

A ce jeu de la parité, le tennis avait pris les devants. A Roland-Garros, l’an passé, la grille des primes était identique pour les simples hommes et femmes. Dans les deux cas, un chèque de 2,1 millions d’euros pour le vainqueur du tournoi.

Selon une étude de la BBC, 35 des 44 sports où sont distribuées de primes de résultat se sont mis à la parité et assurent proposer une grille de rémunérations identique pour les deux sexes.

Le football n’en fait pas partie. En 2015, les joueuses américaines victorieuses de la Coupe du Monde se sont partagées un chèque de 2 millions de dollars. Une année plus tôt, l’équipe d’Allemagne avait empoché une enveloppe de 35 millions de dollars, accordée par le FIFA, pour leur succès en finale du Mondial au Brésil.

Dans le dernier classement Forbes des athlètes les plus riches de la planète, publié à l’automne 2017, une seule femme se glisse dans le top 100: Serena Williams, pointée en 51ème position. Ses revenus annuels restent inférieurs de 66 millions de dollars au pactole touché pour la même période par Cristiano Ronaldo, classé en tête de liste.

L’écart se révèle abyssal dans le sport professionnel nord-américain. Selon Newsweek, la mieux payée des joueuses de la WNBA, le championnat professionnel féminin de basket-ball, touche à peine un cinquième du salaire perçu par le moins fortuné des joueurs en NBA.