— Publié le 7 février 2018

Le CIO taille dans les coûts, Tokyo gonfle ses recettes

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Paradoxe. Mardi 6 février, le CIO a présenté non sans fierté, par la voix de l’Australien John Coates, un vaste plan de reformes destiné à tailler à coups de serpe dans les budgets des prochains Jeux olympiques. La tendance au low-cost, désormais élevée au rang de priorité. Le lendemain, le même dirigeant australien a présenté les derniers chiffres du programme de marketing des Jeux de Tokyo 2020. Ils battent tous les records du genre. Preuve que l’événement olympique peut encore faire tourner à fond la machine à billets.

Les économies, d’abord. Elles s’annoncent spectaculaires. La dernière invention du CIO, résultat du travail patient et minutieux d’un groupe de pilotage dirigé par John Coates, prend le nom de « Nouvelle norme ». Elle consiste en une liste de 118 réformes, issues pour l’essentiel des résolutions de l’Agenda 2020.

Les experts de la maison olympique ont consacré des mois à ausculter les sites, l’énergie, les transports, la diffusion, l’hébergement, la technologie, les Jeux paralympiques. Pour chacun de ces postes, ils ont déniché les moyens de réduire les coûts. « Mais sans mettre en péril l’expérience olympique, prévient le CIO. Le projet invite à revoir à la baisse la taille des sites, repenser les options de transport, optimiser l’infrastructure existante et utiliser les aires de compétition pour plusieurs sports. »

Au final, le résultat laisse sans voix. Selon John Coates, la « Nouvelle norme » pourrait faire gagner aux organisateurs des Jeux d’été la somme d’un milliard de dollars. Pour les Jeux d’hiver, l’économie pourrait atteindre 500 millions de dollars.

Commentaire enjoué de Thomas Bach, le président du CIO: « Ce sont les plus grosses économies jamais réalisées dans l’histoire des Jeux olympiques. Une refonte totale de l’organisation des prochaines éditions qui aboutira à une nouvelle norme allant de la phase de candidature à l’héritage, en passant par la livraison des Jeux. »

L’intention du CIO est limpide: réduire le coût des Jeux, et plus encore la perception que le grand public peut s’en faire, afin de convaincre les villes européennes, voire africaines, de se lancer dans l’aventure.

John Coates, encore lui, est remonté à la tribune ce mercredi matin, au deuxième et dernier jour de la session du CIO, pour évoquer le cas Tokyo 2020. L’Australien a étalé ses chiffres. Ils ont laissé l’assistance sans voix.

A plus de deux ans des Jeux d’été, Tokyo 2020 compte 43 partenaires ou supporteurs officiels. Son programme de marketing national pèse 2,9 milliards de dollars, soit 2,35 milliards d’euros. Un nouveau record olympique. La performance est d’autant plus respectable que trois des plus grandes entreprises nationales, Toyota, Panasonic et Bridgestone, n’ont pas rejoint la liste, étant déjà impliquées dans le mouvement olympique via le programme TOP du CIO.

« Un résultat extraordinaire », a jugé John Coates, estimant que le budget d’organisation des Jeux de Tokyo serait bouclé sans un sou d’argent public. Au Japon, pas besoin de « Nouvelle norme ».