— Publié le 28 juillet 2017

L’héritage olympique, un miroir à deux faces

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Contraste en Asie. A la question de l’héritage des Jeux olympiques, le Japon s’interroge alors que la Chine se frotte les mains. A Tokyo, l’après Jeux 2020 reste très incertain. A Pékin, les autorités comptent déjà par millions les retombées des JO d’hiver 2022 en termes de recettes.

Tokyo, d’abord. A trois ans de l’événement, une voix supposée crédible est venue refroidir l’optimisme ambiant. Présent dans la capitale japonaise pour une conférence au Club des correspondants de la presse étrangère, l’économiste américain Andrew Zimbalist, professeur au Smith College dans le  Massachusetts, a exprimé son point de vue sur l’impact des Jeux de Tokyo une fois bouclé l’événement olympique.

Auteur d’un livre consacré aux Jeux, « Circus Maximus », Andrew Zimbalist a expliqué, en substance, que le Japon aurait très certainement peu à attendre du fameux « héritage » des Jeux. Il aurait même plutôt à craindre de ne jamais vraiment rentrer dans ses frais, avec un budget actuel estimé à 12,6 milliards de dollars, soit plus du double du coût avancé dans le dossier de candidature (5,6 milliards de dollars).

S’appuyant sur une étude de l’Université d’Oxford, l’économiste américain a confié que le budget final des Jeux, depuis 1980, se révélait en moyenne 3,5 fois supérieur aux prévisions de départ. Rio 2016 n’a pas fait exception. Tokyo 2020 ne devrait pas inverser la tendance.

« Le dernier exemple d’un héritage olympique réussi remonte à Barcelone 1992, assure Andrew Zimbalist. A Barcelone, le plan de développement de la ville a été conçu avant d’avoir les Jeux. Les Jeux sont seulement venus s’y glisser, comme une pièce du puzzle. Je serais très surpris que Tokyo profite réellement des Jeux de 2020 sur le long terme. Les ingrédients ne me semblent pas réunis. »

Le tourisme? L’Américain n’y croit pas. « Barcelone n’était pas connue avant les Jeux de 1992, dit-il. Mais les gens ne vont pas découvrir Tokyo en 2020, pas plus qu’ils ne découvriront Paris ou Los Angeles. Pendant les Jeux, les touristes olympiques remplacent les touristes normaux. Mais en rentrant chez eux, ils ne parlent pas à leurs proches de l’attrait touristique de la ville ou de la région, ils racontent leurs souvenirs des épreuves de natation ou d’athlétisme. » Pas faux.

En Chine, à l’inverse, les indicateurs sont déjà tous au vert. A cinq ans des Jeux d’hiver de 2022, les autorités chinoises peuvent évoquer l’héritage olympique sans avoir recours au conditionnel. Il est déjà réel et tangible. Surtout, il se révèle à l’image du pays, démesuré et sans égal sur la planète.

Selon une enquête de China Daily, la Chine recense actuellement 646 stations de ski dans 27 provinces. Elle en comptait 568 à la fin de l’année 2015. Le pays en construira 800 autres, plus 650 patinoires, d’ici les Jeux de Pékin en 2022. En 2015, 12,5 millions de Chinois ont dévalé les pentes enneigées. L’an passé, le nombre de pratiquants des disciplines du ski est passé à 15,1 millions, soit une hausse de 21%. La Chine estime à 30 millions le nombre de personnes qui pratiquent actuellement au moins une activité liée aux sports d’hiver, disciplines de neige ou de glace.

Dans le district de Chongli, où se déroulera la majorité des compétitions de ski des Jeux d’hiver en 2022, la fréquentation des stations a augmenté de 26% au cours de la dernière saison hivernale. La hausse avait déjà atteint 31% pendant l’hiver précédent. A Chongli, le tourisme hivernal n’existait pourtant pas avant l’année 1996.

Pékin, la capitale, a dénombré au cours de l’hiver 2015-16 le total de 1,69 millions de visiteurs dans ses 22 infrastructures de ski, en indoor ou en extérieur, la fréquentation la plus élevée de l’ensemble du pays. L’héritage olympique, avant même le début des Jeux. Inégalable.