Candidatures

Deux gagnants , mais pas encore de vainqueur

— Publié le 11 juillet 2017

A chaque examen de passage, son décor et ses règles. Pour leur premier grand oral, en novembre dernier à Doha, Los Angeles et Paris avaient eu droit à vingt minutes de présentation, 5 à 8 intervenants, mais pas le moindre échange avec l’assistance.

Pour le deuxième, au mois d’avril à Aarhus, l’exercice avait été réduit à 10 minutes, sans une seule vidéo, plus 5 minutes de questions/réponses. Dans les deux cas, les médias étaient les bienvenus.

A Lausanne, ce mardi 11 juillet, les journalistes sont restés à la porte de l’auditorium du SwissTech. Les deux présentations, organisées en début et fin de matinée, n’ont pas été diffusés en streaming. Une première depuis le début de la campagne de candidature aux Jeux d’été en 2024. Par souci de transparence, le CIO en a proposé une version en vidéo, plus tard dans la journée. Dans les rangs des journalistes, la manœuvre en a froissé certains.

Cette fois, le format a laissé aux deux dernières villes en lice le temps et l’espace pour faire durer le plaisir. Une présentation formelle de 45 minutes, suivie d’une séance de 30 minutes de questions/réponses. Avec, dans la foulée, un passage en zone mixte, avant de boucler l’affaire en conférence de presse. Copieux.

A qui revient la palme? Laquelle des deux équipes a-t-elle le mieux appréhendé l’exercice? A ce stade de l’histoire, la question n’a plus d’importance. Los Angeles et Paris auront les Jeux, chacune à leur tour. Il n’est donc plus question pour le CIO de choisir un vainqueur, mais désormais seulement de ne faire aucun déçu.

Il n’empêche, les deux candidatures ont joué le jeu à fond. Et même, avouons-le, mieux que cela. Les membres du CIO et les présidents des fédérations internationales peuvent se frotter les mains: avec ces deux poids lourds, le mouvement olympique a touché le gros lot. Le rapport de la commission d’évaluation disait vrai.

Prévisible: cette troisième et avant-dernière présentation a révélé, une nouvelle fois, deux approches différentes de la vision des Jeux.

Les Américains, d’abord. Ils ont ouvert la matinée. Une habitude. Le résultat d’un tirage au sort effectué par le CIO en ouverture de la campagne. Ils débuteront donc une dernière fois les présentations le 13 septembre à Lima, le jour du vote.

Face à l’assistance, pas moins de 10 intervenants se sont succédé pendant les 45 minutes de la présentation. Un mélange d’habitués de l’exercice et de visages nouveaux. Dans le premier camp, les trois membres américains du CIO (Anita DeFrantz, Angela Ruggiero et Larry Probst), le maire Eric Garcetti, le président de LA 2024 Casey Wasserman, le directeur général Gene Sykes, la vice-présidente Janet Evans, plus Allyson Felix, déjà invitée au micro en novembre dernier à Doha lors de l’assemblée générale de l’ACNO. En prime, deux nouveaux visages: la vice-présidente du comité de candidature, Candace Cable, et le directeur des sports, Doug Arnot.

Anita DeFrantz s’est exprimée la première. Eric Garcetti a bouclé l’exercice. Dans l’intervalle, une mise en scène très huilée, à l’américaine, où chacun a tenu son rôle, déroulant la bobine d’une thématique sans s’écarter du chemin. Sur le fond, peu de surprise. Des Jeux nouveaux pour une ère nouvelle. Et ces mots d’Eric Garcetti: « Los Angeles illuminerait l’avenir des mouvements olympique et paralympique. »

Les Français, ensuite. Même format, bien sûr, mais un panel d’intervenants plus réduit. Ils ont été 7 à se succéder devant l’assistance: les deux membres français du CIO (Guy Drut et Tony Estanguet), la ministre des Sports Laura Flessel, la maire de Paris Anne Hidalgo, la championne olympique de boxe Sarah Ourahmoune, le Bangladais prix Nobel de la paix Muhamad Yunus, le chef de l’Etat Emmanuel Macron. Sarah Ourahmoune a été la seule à s’exprimer exclusivement en français. Tony Estanguet a joué le maître de cérémonie, prenant la parole à trois reprises.

Guy Drut a débuté la présentation, en français puis en anglais. Tony Estanguet a fermé le ban. Là aussi, un déroulé solide et maîtrisé, « enlevé et inspiré », au cours duquel l’équipe parisienne a évoqué la passion française pour l’olympisme, la place des athlètes, l’héritage, le soutien populaire et le développement durable. Sens et histoire. Pas de surprise. Tous les piliers d’un dossier sans réelle faiblesse.

Pas de surprise non plus en conférence de presse. Au centre, en vedette, Emmanuel Macron. Le président de la République a fait le boulot, concentrant la majorité des questions. A un journaliste l’interrogeant sur l’inévitable sujet de la sécurité, il a avoué que la question n’avait pas été posée par les membres du CIO pendant la présentation. « Mais je l’ai abordée hier avec Thomas Bach », a-t-il confié.