— Publié le 22 mai 2017

La chaîne olympique, un pari risqué mais gagnant

Institutions Focus

Neuf mois. La chaîne olympique, la plateforme numérique du CIO, a fêté dimanche 21 mai son neuvième mois d’existence. Lancée au soir de la cérémonie de clôture des Jeux de Rio 2016, elle avance à fond de train vers la fin de sa première année de présence sur la Toile. Connaît-elle le succès escompté? Quelles sont ses perspectives? Son manager général, l’Américain Mark Parkman (photo ci-dessous), a répondu aux questions de FrancsJeux.

FrancsJeux: Commençons par les chiffres. Où en êtes-vous aujourd’hui en termes d’audience et de trafic ?

Mark Parkman: Nous sommes allés très vite. En janvier 2016, nous n’avions pas un seul contenu prêt à la diffusion. Mais nous avons lancé la chaîne olympique de façon globale et complète le 21 août, le soir de la cérémonie de clôture des Jeux de Rio 2016. Après 8 mois d’activité, en avril, nous affichions une audience de 6 millions de personnes sur les réseaux sociaux. Dans le même temps, presque 500 millions de vidéos ont été vues sur le site Internet, l’application ou les réseaux sociaux. Nous avons diffusés l’an passé en streaming environ 200 événements internationaux. Et nous en diffuserons 500 au cours de cette année. Nous sommes satisfaits de ces débuts et de l’état où nous en sommes aujourd’hui. Nous avons toujours expliqué que la chaîne olympique était un concept appelé à évoluer. Elle va continuer à le faire vers des directions multiples.

Par exemple?

Les langues. Nous avons débuté en anglais, nous en sommes aujourd’hui à 8 versions linguistiques différentes. Et nous en ajouterons 3 nouvelles au mois de juin 2017. L’autre évolution sur laquelle nous travaillons consiste à proposer un contenu de plus en plus national. En Chine, il sera non seulement possible de regarder la chaîne olympique en mandarin, mais également de découvrir des contenus spécifiquement chinois. Cette évolution est déjà concrète aux Etats-Unis, où nous avons conclu un partenariat avec NBC et le comité national olympique, l’USOC, pour la création d’une chaîne câblée dédiée aux Jeux olympiques. Elle fonctionnera dès l’été prochain 7 jours sur 7, 24 heures sur 24.

Entre le CIO et NBC, laquelle des deux parties a été à l’origine de cet accord?

Les deux. Au moment où NBC a prolongé avec le CIO son contrat pour l’exclusivité aux Etats-Unis des droits des Jeux, il avait été évoqué le projet d’une chaîne olympique. Même chose avec Discovery, ou encore avec BeIN Sports. Les détenteurs de droit ont en commun avec le CIO la volonté de ne pas réduire les Jeux à seulement 17 jours de compétitions tous les deux 2 ans. Ils veulent entretenir la flamme entre deux éditions des JO.

Le CIO n’a jamais fait mystère de son ambition, avec la chaîne olympique, d’attirer un public plus jeune. Votre audience traduit-elle un rajeunissement du public?

Sans aucun doute. Sur Facebook, 94% des gens qui nous suivent ou nous regardent avouent moins de 34 ans. Sur le site et l’application, les moins de 34 ans représentent 52% de notre audience. Ces résultats constituent l’une de nos réussites majeures depuis le lancement de la chaîne. Les jeunes nous accompagnent sur le projet.

 

 

 

Géographiquement, où se situe le public de la chaîne?

Les Etats-Unis pointent en tête, avec 13% de l’audience, mais le dernier pays du top 10 représente seulement 3% de notre public. La chaîne est vue partout dans le monde, et elle deviendra de plus en plus universelle avec le développement des différentes versions linguistiques. Jusqu’à ces 2 ou 3 derniers mois, nous étions seulement accessibles en anglais. Nous le serons bientôt dans 11 langues.

Au moment du lancement, l’an passé à Rio, vous aviez annoncé vouloir couvrir l’actualité olympique. Comment le faites-vous concernant les candidatures aux Jeux?

Nous n’avons pas, jusqu’à maintenant, couvert de façon exhaustive la campagne pour les Jeux de 2024. Nous traitons le sujet à l’occasion, avec la volonté de nous montrer justes et neutres. Et nous serons présents sur place le jour de l’annonce. Mais nous discutions avec les villes candidates de la façon de produire du contenu spécifique sur leur projet et leur vision.

Comment travaillez-vous avec les Fédérations internationales?

Nous avons signé des accords de partenariat avec toutes les fédérations internationales, à l’exception de l’IAAF (athlétisme), de l’IBU (biathlon), de l’IHF (handball), et de la FIVB (volley-ball). Avec cette dernière, nous sommes sur le point de parvenir à un accord. Mais ces contrats avec les fédérations internationales n’influencent pas la façon dont nous traitons tel ou tel sport. Nous avons aujourd’hui sur la plateforme une page dédiée à l’athlétisme, très riche en contenus, une autre au volley, une au handball et une au biathlon. Les accords définissent surtout les règles de partage des contenus et des événements des fédérations internationales. Ils ne déterminent pas le traitement que nous accordons à tel ou tel sport sur la chaîne.

Vous annoncez le nombre de 500 événements diffusés cette année en streaming par la chaîne olympique. Jusqu’où irez-vous dans cette direction?

L’ambition de la chaîne olympique n’est pas de se substituer aux diffuseurs traditionnels. Au contraire. Nous proposons aux fédérations internationales une plateforme supplémentaire pour élargir encore l’exposition de leurs événements. Dans certains cas, cela revient à diffuser une compétition sur certains territoires où elle ne serait pas accessible à la télévision. Parfois, nous accompagnons une fédération dans sa volonté de promouvoir une discipline émergente. La FIBA, par exemple. Ses championnats du monde de basket sont diffusés mondialement, mais ce n’est pas le cas de ses épreuves de 3×3. Nous les avons proposées en streaming.