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— Publié le 19 mai 2017

Sur le dossier russe, l’AMA distribue les bons points

Institutions Focus

Impressionnant. En une seule journée, jeudi 18 mai à Montréal, le Conseil de la Fondation de l’Agence mondiale antidopage (AMA) a avalé sans s’étouffer un ordre du jour qui semblait pourtant très indigeste. Il balayé tous les sujets inscrits à son agenda. Et, de son propre aveu, pris des « décisions décisives » qui pourraient, qui sait, bouleverser l’avenir de la lutte antidopage.

Premier sujet, le plus médiatique: la Russie. Rob Koehler, le directeur du comité d’examen de la conformité de l’AMA, a présenté un rapport dans lequel, ô surprise, il est écrit noir sur blanc que le pays avance sur la bonne voie. Craig Reedie, le président de l’AMA, l’a expliqué: « Il y a eu un énorme travail de fait. L’AMA va décider, à partir des conditions posées, si la Rusada est en mesure de reprendre son programme de tests. »

La porte est entrouverte, mais il faudra à l’agence russe se montrer très bonne élève pour retrouver sa place. Elle doit s’assurer que ses dirigeants antidopage sont indépendants de toute pression externe, éliminer « toutes les préoccupations relatives aux conflits d’intérêts », et enfin permettre aux techniciens qui effectuent les tests antidopage d’avoir accès à toutes les villes jusqu’ici interdites aux visiteurs. Pas simple mais jouable.

Selon Craig Reedie, l’agence russe antidopage pourrait, « si tout va bien », reprendre ses activités au début du mois de juin. Mais elle devra avant cela, condition présentée comme obligatoire, changer de gouvernance. Nommée à sa tête en décembre dernier par le comité olympique russe, Yelena Isinbayeva devra rendre les clefs de son bureau présidentiel. Logique.

Selon plusieurs sources internes, l’élection du nouveau président de Rusada devrait intervenir dans un délai très court, 7 à 10 jours. Mais Vitaly Smirnov, le patron de la commission antidopage indépendante mise en place à la demande de Vladimir Poutine, assure déjà que Yelena Isinbayeva ne disparaîtra pas du paysage. Elle devrait conserver une place au Conseil de surveillance.

Autre décision, au moins aussi attendue: la création d’une Autorité des tests antidopage (ITA). Le CIO l’a maintes fois réclamée. Jeudi 18 mai, l’AMA a donné son feu vert à se mise en place dans un délai rapide. On parle de neuf mois, soit en début d’année prochaine, à temps pour entrer en service aux Jeux de PyeongChang 2018. Indépendante des fédérations internationales, elle est censée rassurer les athlètes quant à la transparence des contrôles et surtout leur indépendance.

Mais, problème, les fédérations internationales ne seront pas obligées de la rejoindre. Leur adhésion se fera sur la base du volontariat. Commentaire de Valérie Fourneyron, l’ancienne ministre française des Sports, qui a présidé le groupe de travail sur la création de l’ITA: « Il est impossible juridiquement de les obliger à adhérer. Cette nouvelle entité peut constituer une pièce du puzzle, mais elle ne sera pas la seule solution à tous les problèmes. »

Cette autorité indépendante sera pilotée par un conseil d’administration de cinq membres, issus du CIO, des fédérations internationales et des associations d’athlètes. Un expert des questions de dopage en fera également partie. Précision quasi inutile: son président devra être « une personnalité indépendante ». Reste à trouver l’oiseau rare. Bon courage.

Autre décision, elle aussi présumée décisive: l’AMA pourrait désormais prononcer des suspensions non plus seulement pour les athlètes, mais également pour « les responsables de fédérations ou d’organismes qui contreviennent au code antidopage ». Elle pourrait leur infliger des sanctions financières.

Enfin, plus anecdotique: il a été décidé que la ville polonaise de Katowice accueillerait en 2019 la cinquième édition de la Conférence mondiale sur le dopage dans le sport.