Candidatures

Casey Wasserman, un tweet qui en dit long…

— Publié le 24 mars 2017

Le CIO le sait. Il n’est pas le seul. Les Jeux olympiques sont entrés dans l’ère du digital. Ils n’en sortiront plus. La tendance est vraie pour l’événement lui-même, mais elle tend aussi à le devenir pour les campagnes de candidature. Elles se jouent toujours en coulisses, comme dans le passé, mais sans se priver de s’inviter sur les réseaux sociaux.

Casey Wasserman se révèle peu actif sur Twitter, où il compte pourtant plus de 30.000 suiveurs. Le président de Los Angeles 2024 s’y exprime peu, rarement plus d’un fois par jour. Un goût pour l’économie qui donne un certain poids à ses tweets, surtout lorsque le Californien s’aventure sur le terrain du sujet le plus débattu du moment dans le mouvement olympique, l’option d’un double vote 2024-2028 lors de la prochaine session du CIO, le 13 septembre à Lima.

Officiellement, la position des équipes de candidature de Los Angeles et Paris est claire, ferme et sans nuance: elles veulent les Jeux en 2024, seulement en 2024. Eric Garcetti, le maire de Los Angeles, l’a encore répété en début de semaine. Tony Estanguet, le co-président de Paris 2024, l’a martelé le lendemain depuis Londres: « Nous ne pouvons pas accepter 2028. Ce n’est tout simplement pas possible. » Pigé. Compris.

Casey Wasserman ne dit pas le contraire. Mais le Californien se montre nettement moins catégorique. « A ce moment critique, la stratégie 24/28 du CIO est intelligente si la ville de 2024 apporte des nouvelles idées, de la stabilité et le moins de risques possible pour les 7 prochaines années », a-t-il twitté jeudi 23 mars en fin de journée. En précisant: « C’est LA 2024 ».

 

 

Le patron de la candidature californienne serait-il en train d’ouvrir la porte à ce double vote tellement discuté, débattu et contesté depuis ces derniers mois? Pas si vite. Casey Wasserman ne se prononce pas en faveur de l’option brandie par le CIO, loin de là. Il fait campagne, rien de plus. Il profite de la circonstance pour mettre une nouvelle fois en avant les atouts suggérés par le dossier américain, innovation, solidité économique, risque zéro. Il n’empêche, sa position se révèle moins catégorique, plus nuancée, que les voix entendues ces derniers jours dans son propre camp ou dans celui de Paris.

Hasard ou pas, allez savoir, mais le tweet de Casey Wasserman a été posté moins de deux jours après la publication sur le site du Los Angeles Times d’un article consacré à ce double vote 2024-2028. Le journaliste américain en charge du dossier olympique, David Wharton, y interroge un expert des candidatures, Jules Boykoff, professeur à la Pacific University dans l’état voisin de l’Oregon. L’universitaire suggère que, derrière le refus de façade des équipes de Los Angeles et Paris d’une option 2024-2028 en septembre à Lima, se cachent peut-être en coulisses des discussions d’une autre nature, moins tranchées et plus ouvertes.

Surtout, Jules Boykoff se montre sceptique sur les arguments avancés par les deux camps, à savoir qu’il serait « impossible » de se voir accorder lors de la session de Lima l’organisation des Jeux d’été en 2028. « L’argument avancé par les deux camps selon lequel 2028 serait impossible ne me semble pas convaincant, explique le professeur américain. Au contraire, avoir plus de temps devant soi peut se révéler très positif. » Pas faux.

A moins de six mois du vote, la campagne est en train de prendre une tournure très inattendue, mais ô combien passionnante. Contre toute attente, Los Angeles et Paris se retrouvent avec un seul adversaire, contraintes à une stratégie de duel. Mais il leur faut, dans le même temps, composer avec un CIO à la volonté difficilement imaginable en début de course de faire deux vainqueurs et pas un seul perdant. Une partie de billard à trois bandes à l’extrême complexité.