— Publié le 28 octobre 2016

Aux Jeux de Rio, le grand flou des tests antidopage

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L’initiative n’est pas inédite, mais ses résultats soulèvent leur lot de questions. L’Agence mondiale antidopage (AMA) a publié, jeudi 27 octobre, le rapport rédigé par son équipe d’observateurs indépendants aux Jeux de Rio 2016. Un document de plus de 50 pages, disponible en anglais, censé « contribuer à instaurer un climat de confiance parmi les sportifs et dans le public concernant la qualité, l’efficacité et la fiabilité du programme antidopage du CIO pour les Jeux ». A l’évidence, l’objectif n’est pas atteint.

Jonathan Taylor, le patron des observateurs indépendants à Rio 2016, explique en préambule: « Le programme antidopage mis en œuvre et supervisé par le CIO a permis d’atteindre plusieurs résultats positifs, malgré les circonstances très difficiles à Rio. » Une formule derrière laquelle se cache une réalité inquiétante.

Selon le document, le programme antidopage mis en place aux Jeux a souffert de plusieurs « manquements graves ». Il relève notamment que plusieurs athlètes qui devaient être contrôlés n’ont tout simplement « pas pu être localisés ». Ils étaient pourtant présents à Rio de Janeiro. Une faille dans le système qui en dit long sur la fiabilité des tests effectués de façon inopinée tout au long de l’année.

Le rapport écrit en toutes lettres: « Au final, beaucoup d’athlètes ciblés pour des contrôles au village olympique n’ont tout simplement pas pu être localisés et la mission a dû être interrompue. Certains jours, le taux de contrôles prévus qui ont été abandonnés est monté jusqu’à 50%. » Edifiant. En vertu de la procédure en cours dans les grandes compétitions, les athlètes aux abonnés absents étaient convoqués pour un autre jour, ou dans certains cas ciblés pour un test en compétition. Mais le rapport reconnait que, « souvent, ces contrôles n’ont pas été effectués non plus» ».

Autre manquement relevé par le rapport de l’AMA: « Peu voire aucun contrôle sanguin dans plusieurs sports à haut risque ». En tête de liste, l’haltérophilie, une discipline où les médaillés des Jeux de Pékin 2008 et Londres 2012 disparaissent pourtant actuellement presque tous des palmarès.

En cause, une organisation minée par le manque de moyens et l’absence de compétences. Confrontés à des coupes budgétaires sévères, les Brésiliens ont taillé à coups de serpe dans toutes les dépenses, y compris celles dédiées à la lutte antidopage. Selon l’AMA, beaucoup des failles sont dues à un manque d’expérience des personnels dédiés, aux ressources limitées et à d’autres difficultés de logistique. Il semblerait également que le comité d’organisation des Jeux de Rio 2016 ait peu, voire pas du tout, partagé ses informations avec les précédents organisateurs des Jeux olympiques.